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Crise financière Á Maurice: les femmes les premières Á être licenciées
Date: January 1, 1970
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Ce qui était le dernier recours il y a quelques semaines, est devenu une réalité qu’il est difficile d’ignorer. Les effets de la crise financière sur l’emploi ont déjà commencé à se faire sentir à Maurice, notamment au niveau du tourisme et du textile. Et, les femmes, étant très présentes dans ces deux secteurs, sont les plus vulnérables dans cette conjoncture économique difficile.
Interrogé quant à l’impact de la crise financière sur l’emploi, l’économiste Pierre Dinan fait ressortir que «les secteurs dont la locomotive est l’exportation» sont ceux qui sont les plus menacés. Les entreprises de la zone franche, ainsi que les hôtels sont les victimes les plus probables de la crise économique mondiale.
Il y a une semaine, le groupe hôtelier mauricien, Apavou, remerciait des employés de son établissement, La Plantation Resort & Spa. Ensuite, c’est une partie des employés de l’hôtel Ambre, du même groupe, qui ont reçu leur feuille de route. Cent vingt cinq employés sont menacés d’un licenciement imminent. Parmi eux, Roshni, 39 ans. Comme de nombreuses femmes, elle est employée comme femme de chambre. «Mon mari et moi travaillons tous les deux à l’hôtel. Qu’est-ce qui va se passer pour nous et notre famille si nous perdons notre emploi ?» s’interroge-t-elle.
Dans l’hôtellerie cependant, les langues restent liées. Le mot « licenciement » est tabou. Résolu à rester optimiste, et semble-t-il à ne pas générer un vent de panique, l’Association des Hôteliers et Restaurateurs de l’Ile Maurice (AHRIM) espère une relance éventuelle du tourisme. «Nous sommes optimistes pour le futur car tous les indicateurs sont unanimes: la croissance dans le tourisme repartira après la crise. Il s’agit donc d’avoir les moyens de résister, de faire face à cette crise et de pouvoir rebondir après», estime Patrice Legris, qui est cependant «pessimiste pour les court et moyen termes».
Marie, 29 ans, est employée dans un établissement cinq étoiles du Nord de l’île. Aujourd’hui, elle craint pour son emploi. «Cela fait six ans que je travaille dans les relations publiques. Pour l’instant, on ne nous a rien dit mais on a laissé entendre aux employés qui ont moins d’une année de service que si la situation persiste, ils seront les premiers à partir».
Le tourisme mauricien emploie des milliers de personnes. Selon les estimations de l’AHRIM, le nombre total d’emplois directs et indirects dans l’hôtellerie tournerait autour de 40 000. Mais le tourisme ne compte pas que des entreprises hôtelières. Comme le fait ressortir Pierre Dinan, le tourisme est «un secteur avec beaucoup de services annexes». Les femmes ne sont pas seulement très présentes dans l’hôtellerie, mais aussi chez les réceptifs en tant que guides ou dans l’administration, dans les restaurants, ou encore dans les magasins incluant ceux à vocation touristique. La menace de l’effet domino dans la crise économique mondiale qui est déjà enclenchée, pèse donc tout particulièrement sur elles.
Le textile est l’autre secteur majeur de l’économie mauricienne qui montre ses premiers signes de faiblesses. Les usines ont traditionnellement employé des femmes. Et cette tendance a perduré. Selon les dernières compilations du Bureau Central des Statistiques de Maurice, le textile employait à la fin de l’année 2007, 38 200 femmes et 27 400 hommes. «Des milliers de femmes sont employées dans le textile, surtout en tant que machinistes», fait ressortir Jane Raggoo, porte-parole du syndicat «Federation of Progressive Unions».
En août dernier, une des plus anciennes usines du textile mauricien, Socota, fermait ses portes. La direction de l’usine a alors assuré que cette fermeture était due à des facteurs autres que ceux liés à la crise financière. Les employés du secteur ont alors commencé à craindre les répercussions de la crise financière. En début d’année, ces craintes se sont confirmées. L’usine Hong Kong Textile a licencié 155 employés (dont une large majorité de femmes) – une initiative que certains observateurs ont estimé être le prix à payer pour pouvoir sauver la majorité des employés de cette compagnie.
En décembre 2008, le Premier ministre Navin Ramgoolam et le ministre des Finances Rama Sithanen, présentaient le «Additional Stimulus Package» – un plan économique pour venir renforcer la «résilience de l’économie mauricienne», qui aurait été garantie, à en croire le ministre de Finances, grâce aux reformes économiques initiées par lui au cours des derniers exercices budgétaires. Suite à cette présentation, 11 sous-comités ont été mis sur pied pour la relance de divers secteurs économiques du pays. La formation figure parmi les mesures annoncées, ainsi que dans le programme de lutte contre le chômage et contre la pauvreté.
Or, la question se pose aujourd’hui quant à l’utilité de la formation qui sera proposée par l’Etat à ceux et celles qui auront perdu leur emploi. Jusqu’ici les femmes ont été majoritairement cantonnées à des activités classiquement féminines. Au sein de l’hôtellerie, elles s’occupent du nettoyage ou encore du service et des soins corporels. Elles sont baby-sitters ou surveillent les enfants au mini-club. Dans le textile, elles sont machinistes ou chargées du contrôle de qualité. Si elles bénéficient de cours qui les orienteront à nouveau vers des activités pour femmes, ces formations ne serviront pas à les armer pour l’avenir.
Les projets pour regrouper les femmes licenciées en coopératives reviennent toujours comme l’alternative. Leur apprendre à préparer des petits pots de confits, des pâtes de fruits ou de piment, à cultiver les légumes – c’est du déjà-vu et du surfait. Pourquoi faudrait-il sous-estimer les femmes? Pourquoi encore les cantonner dans des métiers stéréotypés?
Il faudrait au contraire, que la formation ne soit pas qu’un instrument qui servira à les réorienter vers les mêmes activités économiques qui leur étaient déjà conseillées dans les années 70. Malgré la moyenne relativement basse de leur niveau éducatif, il n’empêche que ces femmes pourraient être propulsées vers de nouveaux créneaux. La construction, l’empaquetage ou encore la menuiserie, par exemple, sont des activités dans lesquelles les femmes pourraient se lancer et où les variables déterminantes seront essentiellement la capacité à apporter de la valeur ajoutée et un bon rapport qualité prix.
Sharon Sooknah est journaliste à Maurice. Cet article fait partie du service d’opinions et de commentaires de Gender Links qui apporte des perspectives nouvelles à l’actualité quotidienne.
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