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Emplois traditionnellement masculins: les femmes gagnent du terrain
Date: January 1, 1970
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Lors de leur présentation officielle au Musée de la Poste à Port-Louis, le ministre des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC), Asraf Dulull, a souligné que les femmes ont un rôle important à jouer dans la société mauricienne. «Les femmes sont majoritaires à Maurice et il leur faut prendre conscience de cela. Nous voulons une gender neutral country où hommes et femmes reçoivent un même traitement. Vous devez continuer à apprendre dans votre métier et non pas dormir sur vos lauriers. Tous les jours, il faut vous demander comment vous pouvez améliorer la distribution du courrier», leur a-t-il recommandé.
Le président du conseil d’administration de la Poste, Arnaud Godère, explique qu’il a fait de l’intégration des femmes dans le circuit postal un combat personnel. «Quand j’ai été nommé, j’ai trouvé assez étrange que la distribution des lettres soit toujours effectuée par des hommes. Je me suis dit qu’il fallait que la situation change. Et je suis ravi qu’aujourd’hui, il y ait des factrices dans nos rangs».
Giandev Motea, le Chief Executive Officer de la Mauritius Post jubile aussi: "C’est une grande première au niveau de la poste. Les femmes occupent de plus en plus de postes clés et font le travail aussi bien que les hommes. Vu la bonne response qu’on a reçue par rapport à la distribution de courrier par les factrices, on a décidé d’aller de l’avant avec ce projet."
Pour l’instant, cinq femmes ont bénéficié d’une solide formation pour agir comme factrices. Dans un premier temps, elles sillonneront les villes à bicyclette et même à mobylette. Ce qui leur facilitera la tâche. Leurs journées commenceront à 8 heures pour s’achever à 16 heures.
Ne soyez donc nullement surpris de voir des factrices frapper à votre porte pour vous livrer le courrier. Soobita, l’une des cinq nouvelles recrues de la Poste, affirme que «ce travail n’est pas dur. C’est très encourageant pour les autres femmes». Pour Parweza, avec cette décision, la Mauritius Post est venue s’aligner sur le service postal des autres pays. «Les factrices opèrent déjà dans plusieurs autres pays. On a essayé la formule à Maurice et ça a marché». Pour Cindy, l’intégration des femmes dans le service postal est quelque chose de normal. «Les femmes font des percées dans tous les domaines. Pourquoi pas dans le secteur de la Poste?». Yasmine appréhende son nouveau métier comme «un travail noble et un service qu’elle rend à la population».
L’entrée des femmes dans le secteur postal ne peut que réjouir le syndicaliste Toolsiraj Benydhin. A la tribune de la conférence annuelle de l’Organisation Internationale du Travail (OIT), le 10 juin dernier, il a rappelé que «l’égalité entre les hommes et les femmes et la responsabilisation des femmes sont des impératifs urgents si nous voulons renforcer les piliers du développement économique et social. Nous approuvons le plan d’action de l’OIT sur l’égalité entre hommes et femmes, plan qui préconise l’élimination de la discrimination à des fins d’un travail décent, ainsi que l’égalité des chances pour les femmes et les hommes en termes de rémunération, de recrutement, de promotion et de perspectives de carrière. L’accès à la formation, aux questions de politiques, doit être facilité pour que la participation des femmes soit plus forte dans tous les domaines d’activités».
L’introduction des factrices dans le service postal s’inscrit dans la lignée d’une transformation dans le paysage mauricien. Les femmes gagnent du terrain. Même si elles ne sont pas nombreuses, quelques unes ont intégré le secteur de la construction. Une autre conduit des tracteurs sur une sucrerie. Dans plusieurs stations essence, il y a des femmes pompistes. L’hippodrome du Champ de Mars a accueilli sa première femme palefrenière. Certaines compagnies d’autobus comme la Corporation Nationale de Transport ou la Rose-Hill Transport ont embauché des femmes comme receveuses.
La Triolet Bus Service a fait un pas de plus en direction de la parité en permettant à une femme de devenir chauffeur d’autobus. Il s’agit de Vimla Vasoodaven, qui est ravie de l’aubaine. «Après avoir décroché mon permis de conduire, j’ai décidé d’apprendre à conduire un autobus. C’était un de mes rêves d’enfant. J’ai commencé par prendre des cours de conduite. Mes parents ont eu un choc quand ils ont su que c’était un autobus que je voulais conduire. Mais face à ma détermination, ils m’ont encouragée à aller de l’avant. D’ailleurs, ils ont même sabré le champagne le jour où j’ai décroché mon permis pour conduire des autobus». Comme quoi, il y a un début à tout.
Jimmy Jean-Louis est journaliste à Maurice. Cet article fait partie du service d’opinions et de commentaires de Gender Links qui apporte des perspectives nouvelles à l’actualité quotidienne.
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