La FEC: Transformer en entrepreneurs prospères une cinquantaine des Congolaises


Date: January 1, 1970
  • SHARE:

Elles sont  aujourd’hui présentes dans tous les domaines. Maillons importants de la chaîne économique congolaise, elles tiennent mordicus à apporter leur contribution à la relance de cette économie qui porte encore les stigmates des pillages de 1991 et de 1993.
 
Bien qu’elles fassent preuve de dynamisme, de créativité et d’endurance dans le monde des affaires, les femmes entrepreneurs congolaises qui réussissent se comptent sur les doigts de la main. C’est qui est déplorable.
 
Soumises à plusieurs tracasseries administratives, policières et militaires, surtout dans les provinces en guerre, ces femmes peinent à faire décoller leurs business. A cause des conflits armés qui se répètent dans les provinces du nord et du sud Kivu, plusieurs femmes entrepreneurs ont été non seulement victimes de pillages mais aussi de violences sexuelles.
 
«Les femmes entrepreneurs de la RDC font face à d’énormes difficultés telles que les violences sexuelles utilisées comme arme de guerre par les belligérants. Elles doivent se débrouiller, malgré l’absence d’une ligne de crédit et d‘un cadre d’échanges. De plus, plusieurs d’entre elles auraient besoin de formation, surtout en matière de renforcement des capacités managériales», indique Elise Kiriza, déléguée provinciale de la Fédération des Entreprises du Congo (FEC) au Sud Kivu.
 
Contrairement aux femmes entrepreneurs d’autres pays africains qui bénéficient de l’appui de leur gouvernement, les Congolaises ne disposent d’aucune assistance de la part des autorités compétentes. Autant dire qu’elles sont livrées à elles-mêmes, pour ne pas dire à leur triste sort. Ce qui a une incidence directe sur leur vie familiale car il est prouvé aujourd’hui que les femmes contribuent aussi à la survie de leurs familles grâce à leurs activités génératrices des revenus.
 
La présidente de la Commission Nationale des Femmes Entrepreneurs, Pauline Mona, a reconnu ces manquements en ces termes. «La femme entrepreneur au Congo ne se sent pas aidée de manière concrète par le gouvernement, contrairement à nos consœurs  d’autres pays africains tels que l’Afrique du Sud et la Tunisie qui bénéficient de programmes de formation et de crédits de leurs gouvernements respectifs.  Leurs dossiers sont traités en priorité et à tous les niveaux. Ce qui n’est pas le cas chez nous».
 
C’est justement pour combler ce manque d’encadrement des femmes entrepreneurs congolaises que la FEC a créé en son sein la Commission Nationale des Femmes Entrepreneurs. Cette commission a pour mission la promotion des activités économiques des femmes en vue de les aider à mieux s’organiser.
 
Plusieurs raisons ont motivé la création de cette structure. «Il s’agit notamment d’aider les femmes car il a été établi aujourd’hui que la femme est la pièce maîtresse de la lutte contre la pauvreté et il est important qu’elle soit présente dans tous les secteurs d’activités»,  déclare Albert Yuma, président de la FEC.
 
Albert Yuma entend insuffler un vent nouveau à la FEC en vue de propulser la femme entrepreneur congolaise. Il s’est mis en tête de relever un défi majeur: celui de transformer une cinquantaine de Congolaises en entrepreneurs prospères et ce, d’ici 2011. «Certes, le défi est grand et c’est placer la barre très haut», dit-il.  «Mais la FEC ne se dérobera pas face à ses responsabilités d’accompagner les femmes pour qu’elles relèvent ce défi. Notre souci sera de permettre à nos membres, en particulier aux femmes, de créer des richesses et de prospérer pendant que la FEC s’occupe de leurs affaires. Je défendrai toujours  les intérêts des femmes entrepreneurs pour que le pays compte un plus grand nombre de femmes dans le monde des affaires», assure-t-il.
 
Il poursuit en disant que la femme entrepreneur congolaise n’a rien à envier à son collègue homme. Elle doit faire preuve de rigueur, d’ingéniosité et d’honnêteté dans la gestion des affaires. Elle doit se considérer comme actrice du développement, au même titre que l’homme, en cherchant à jouer un rôle de premier plan.
 
Toutefois, reconnaît Albert Yuma, «les femmes entrepreneurs sont victimes de violences en tous genres. La FEC dénonce les actes de monnayage davantage à l’endroit des femmes, de même que le harcèlement sexuel».  Pour lui, les auteurs de ces actes de violations des droits des femmes ne doivent pas rester impunis.
 
A l‘heure de la reconstruction de son économie, la RDC a besoin de canaliser toutes les énergies de ses fils et filles. Pour ce faire, la prise des mesures qui encourageraient l’entrepreneuriat féminin serait un véritable atout pour le pays.
 
Cela  permettra aux femmes de jouer pleinement leur rôle d’agent de développement, tel que le stipule la Convention sur l’Elimination de toutes les Formes de Discrimination à l’égard des Femmes dans son article 3 et dont la RDC est signataire, «Les Etats parties prennent dans tous les domaines, notamment dans les domaines politique, social, économique et culturel, toutes les mesures appropriées, y compris des dispositions législatives, pour assurer le plein développement  et le progrès des femmes en vue de leur garantir l’exercice et la jouissance des droits  de l’Homme et des libertés  fondamentales sur la base de l’égalité avec des hommes».
 
 
Blandine Lusimana est journaliste en République Démocratique du Congo. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links qui apporte des perspectives nouvelles à l’actualité quotidienne.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 


Comment on La FEC: Transformer en entrepreneurs prospères une cinquantaine des Congolaises

Your email address will not be published. Required fields are marked *