Les footballeurs africains se mobilisent pour lutter contre les fléaux


Date: January 1, 1970
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Depuis quelques années, il y a une fierté à être Africain et à jouer pour son équipe nationale. Ce qui a rehaussé le niveau de certaines compétitions, dont la Coupe d’Afrique des Nations (CAN). Ces fils du continent noir ne vivent cependant pas dans leurs bulles individuelles. Bien au contraire, ils sont de dignes ambassadeurs de leurs pays respectifs et tentent d’éradiquer certains fléaux qui font très mal à l’Afrique. Mieux encore, certains n’hésitent pas à embarquer leurs épouses ou leurs mères dans ce combat. Quelques autres bénéficient du soutien d’autres joueurs d’origine africaine. 
 
Le 4 avril dernier, l’association Cœur d’Ivoire, qui est présidée par Clotilde Drogba et par son fils Didier, le footballeur vedette de Chelsea, organise un dîner de gala dans un hôtel chic de la Plaine St-Denis, quartier situé en Seine St Denis non loin de Paris en France. L’évènement se déroule sous le haut patronage du footballeur français Claude Makélélé, en présence du footballeur vedette du FC Barcelone,  Samuel Eto, mais aussi d’autres personnalités comme Rama Yade, secrétaire d’Etat français aux affaires étrangères et aux Droits de l’Homme, ou encore Simone Veil, politique et académicienne française.
 
Toutefois, le parrain de l’évènement, Claude Makélélé, retenu par son club, le Paris St Germain, n’a pu faire le déplacement et a donc été remplacé au pied levé par ses parents. Clothilde Drogba a invité: «toute personne se sentant concernée par les pandémies, d’honorer de leur présence cette soirée placée sous le signe de la solidarité et la mobilisation contre le VIH/SIDA, le paludisme, la tuberculose et l’ulcère de Buruli, ces fléaux qui déciment de plus en plus de personnes sur le continent africain.»
 
Clotilde Drogba a rappelé que beaucoup de gens en Afrique sont meurtris et souffrent au quotidien de l’ulcère de Buruli et du VIH/SIDA. "C’est pour eux que l’association se mobilise et se bat tant dans le domaine de la prévention et la lutte contre les maladies que dans celui de l’insertion des jeunes à la formation et à l’emploi". Clotilde Droga a précisé qu’elle vient "d’un milieu marqué par les tragédies et par les drames de ces fléaux". De ce fait, la présidente en a été "le témoin impuissant", d’où la création en 2007 de l’association Cœur d’Ivoire.
En juin 2008, un autre gala de bienfaisance autour de l’ulcère de Buruli a lieu cette fois en Cote d’Ivoire, organisé toujours par l’association de Clothilde Drogba. Plusieurs footballeurs africains sont venus apporter leur caution à cette soirée : Didier Drogba, Kolo Touré, Yaya Gégnéri, Akalé Kanga, Tiéné Siaka, Touré Katinan, frère ainé de Kolo Touré, Zoro Marc, entres autres. Cissé Maférima, la compagne de Tiéné Siaka dit Chico, a demandé aux nombreux invités d’être attentifs à la cause qu’elle et ses soeurs défendent. Elle a demandé aux uns et aux autres de les rejoindre dans le combat contre l’ulcère de Buruli. Même appel lancé par la mère de Didier Drogba qui a demandé d’abord aux enfants de s’investir dans ce cadre humanitaire. Pour recueillir des fonds en vue d’aider les malades, trois maillots de footballeurs ont été mis en vente aux enchères.
El Hadji Diouf, l’attaquant sénégalais du club anglais Bolton, a lancé, en 2007,  sa fondation. Il a bénéficié du soutien de son compatriote, le rappeur Alioune Badara Thiam, plus connu comme Akon. Cette fondation s’appelle la ”Konfidence Foundation”.  Face à la presse, les deux vedettes, en présence des parents d’Akon, ont dit leur volonté, à travers cette fondation, d’aider les Sénégalais et les Africains par des actions humanitaires au bénéfice des démunis, des plus petits, en bâtissant des écoles. ”Nous sommes là pour poser les premiers jalons de cette fondation qui doit d’abord se doter de moyens subséquents avant de franchir d’autres pas, à savoir aider les populations nécessiteuses, parce que nous sommes, El Hadji Diouf et moi, issus de cette frange de la population”, a expliqué Akon.
El Hadji Diouf a ajouté que si la primeur du lancement de la fondation a été donnée à la presse, c’est qu’Akon et lui sont ”conscients” que sans la presse, ils ne pourront rien bâtir de concret et leur message ne sera pas perçu comme il devrait l’être.  ”Nous sommes au Sénégal pour poser des actes positifs, parce que nous n’avons que notre talent et que nous voulons servir de modèle à la génération future, qui est notre principale cible,” a poursuivi le capitaine de l’équipe nationale du Sénégal. ”Au lieu d’investir ailleurs, nous avons préféré venir en aide à nos parents africains et sénégalais en particulier,” a-t-il dit.  Akon et Diouf comptent également aider d’autres pays voisins comme le Mali, la Guinée ou la Côte d’Ivoire. D’ailleurs, le duo a eu le soutien de Didier Drogba pour les exercices de levée de fonds.
Le 20 avril dernier, Michael Essien, le solide milieu de terrain ghanéen du club anglais Chelsea,  et sa mère Aba Djanode, annonçaient officiellement leur soutien au combat contre la malaria. Pour cause, Michael Essien qui a coûté au club la bagatelle de 24.4 millions de livres sterling, soit environ 324 millions de rands,  a contracté cette terrible maladie à deux reprises durant son enfance. La première fois, c’était quand il avait dix mois et l’autre fois, à l’âge de sept ans. «Bien sûr que j’étais inquiète. Mais heureusement qu’il a eu le bon traitement à temps à chaque fois», explique la mère de la vedette. Aujourd’hui, ce dernier bénéficie du soutien de l’icône footballistique David Beckham. La malaria est la principale responsable de la mort des enfants de moins de cinq ans au Ghana. Or, pour réduire les chances d’être piqués par le moustique vecteur de ce mal, il faut une moustiquaire qui coûte environ 66 rands dans ce pays. 
En mars dernier, le joueur de football togolais Emmanuel Adebayor, qui évolue en Angleterre, a été nommé ambassadeur itinérant du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/SIDA, l’ONUSIDA. Ce joueur vedette du club Arsenal, élu «Footballeur Africain de l’Année», utilisera sa popularité en tant que sportif pour sensibiliser davantage le grand public à l’épidémie mondiale de VIH/SIDA, et notamment à la question de l’importance des mesures visant à éviter de nouvelles infections parmi les jeunes. L’intérêt d’Adebayor à œuvrer contre le VIH/SIDA est né des conséquences de l’épidémie qu’il a observées dans son pays natal, le Togo. «Les jeunes sont les plus affectés par l’épidémie et ce, dans le monde entier», a-t-il déclaré. «Parmi eux, beaucoup ne sont pas conscients du problème du VIH, ni des risques de contamination, et ne savent pas comment se protéger. J’espère pouvoir changer cela grâce à ma nouvelle fonction d’ambassadeur itinérant de l’ONUSIDA.»
Stephen Appiah, le milieu de terrain du Ghana et du club turc de Fenerbahçe, a lancé une ligne de vêtements qu’il a créée et dont les bénéfices sur les ventes seront versés à la fondation qu’il a crée et baptisée StepApp. La mission de cette fondation est de mettre en place un système de sécurité sociale et d’accès aux soins dans certains des endroits les plus reculés et sinistrés du continent noir.
Stephen Appiah appartient à une longue lignée de joueurs africains qui, même s’ils ont acquis la célébrité et les capitaux en Europe, n’ont jamais coupé le cordon avec leur pays d’origine. Les exemples foisonnent. Au Nigeria, la fondation de bienfaisance crée par le footballeur Joseph Yobo a déjà accordé plus de 300 bourses d’études à des jeunes en difficulté. Le défenseur central d’Everton a également investi dans un centre de formation construit sur le territoire du peuple Ogoni dans le sud-est du pays.
Son compatriote Kanu est quant à lui quasiment aussi connu pour sa fondation philanthropique que pour ses buts en première division anglaise. La Kanu Heart Foundation a déjà permis à plus de 1 000 enfants nigérians de se rendre à l’étranger pour y être opérés à cœur ouvert. L’attaquant de Portsmouth connaît bien son sujet, puisqu’il a lui-même flirté avec la mort en raison d’une anomalie cardiaque. "Je n’arrêterai jamais de travailler pour la fondation. Sauver une vie, c’est énorme. En sauver 250 en une année, ça vaut beaucoup plus que tous les trophées du monde", explique l’international nigérian, qui porte également la casquette d’ambassadeur itinérant de l’UNICEF.
 
Osons espérer que la presse internationale donnera plus de visibilité aux actions des footballeurs africains, à un moment où la Coupe du Monde va se tenir en Afrique du Sud en 2010.
 
Jimmy Jean-Louis est journaliste à Maurice. Cet article fait partie du service d’opinions et commentaires de Gender Links qui apporte des perspectives nouvelles à l’actualité quotidienne.
 
 


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