Michelle Obama…icône d’espérance pour la diaspora africaine


Date: January 1, 1970
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Le 2 avril dernier, Michelle Obama a raconté son histoire durant sa visite à l’Elizabeth Garrett Anderson Language School de Londres en Grande Bretagne. «Rien dans ma vie ne laissait présager que je serais un jour là, moi une Afro-américaine, première dame des Etats-Unis. Ma famille n’avait pas la richesse, ni les ressources. Je suis issue de la classe ouvrière du sud de Chigaco. Ma famille m’a élevée avec l’amour, le sens des valeurs et une bonne éducation et c’est ce qui m’a permis de faire tout ce que je ne pouvais faire jusque-là», a-t-elle déclaré. Puis elle a salué chaleureusement Brenda Mensah, Afro-britannique, pour son interprétation d’une chanson.
 
Ce qui différencie la première dame américaine des autres premières dames, c’est que Michelle Obama est consciente du modèle qu’elle représente pour les jeunes filles du monde entier, en particulier celles d’origine africaine. Un des ses modèles fut Rose Parks. Souvenez-vous, le 1er décembre 1955, à Montgomery en Alabama. Une certaine Rosa Parks a refusé de céder sa place à un passager blanc dans un autobus ségrégé. Arrêtée par la police, cette dernière s’est vu infliger une amende de 10 dollars, plus quatre dollars de frais de justice. Le 5 décembre, elle a fait appel contre ce jugement. Un jeune pasteur noir inconnu de 26 ans nommé Martin Luther King, aidé du pasteur Ralph Abernathy, a alors lancé une campagne de protestation et de boycott des autobus de Montgomery. Mouvement qui a duré plus d’un an. Le 13 novembre 1956, la Cour suprême a cassé les lois ségrégationnistes dans les autobus, les décrétant anticonstitutionnelles. Ce jour-là, Rosa Parks a gagné une importante victoire, celle de la reconnaissance de la femme noire. C’est un héritage que perpétue aujourd’hui Michelle Obama.
Le courage de Rosa Parks a permis à plusieurs Afro-américains de s’affirmer. « Si je suis ici, c’est uniquement grâce à elle», affirme  Kwame Kilpatrick, maire noir de Détroit, lors d’un hommage qu’il a rendu à Parks le 25 octobre 2005. Tandis que le Révérend Jesse Jackson, candidat aux élections présidentielles américaines à trois reprises sous la bannière du Parti démocrate et premier noir à remporter une primaire de ce parti, rappelait que «Rosa Parks est restée assise pour que nous puissions nous lever. (…) Paradoxalement, son emprisonnement a ouvert les portes de notre longue marche vers la liberté. »
Cet évènement rejoint la manifestation des enfants de Soweto (South West Township) sous le régime de l’apartheid. C’est une banlieue noire située à 24 kms au sud-ouest de Johannesburg, autrefois dans la province du Transvaal mais aujourd’hui dans celle de Gauteng. Cette manifestation d’adolescents noirs qui se voulait pacifique a eu lieu le 16 juin 1976. Ces adolescents protestaient contre l’imposition de l’enseignement exclusif en langue afrikaans. La manifestation a dégénéré lorsque la police a ouvert le feu. Des émeutes ont eu lieu. Le bilan officiel de ces troubles est 23 morts et 220 blessés, mais le bilan réel n’est pas vraiment connu. On parle de plusieurs centaines de morts et on avance parfois le nombre de 575 morts dont 570 noirs[]. Mais bon nombre de morts furent touchés de balles dans le dos. L’un des premiers à tomber sous les balles fut Hector Pietersen, 12 ans, qui devint le symbole de la répression aveugle du régime. Des émeutes se propagèrent dans tous les townships du pays et leurs répercussions sur l’opinion internationale furent telle qu’elles obligèrent l’ONU à décréter un embargo sur les ventes d’armes à destination de l’Afrique du Sud en 1977.
Se battre encore et toujours pour améliorer les conditions de vie des Noirs, c’est sans doute cela qui a donné le courage à la jeune Tysheoma Bethea d’écrire au Congrès et d’être l’invitée du président des Etats-Unis, Barack Obama et de la première dame, Michelle Obama. Cette jeune fille noire, originaire de Caroline du Sud, qui s’est retrouvée assise aux côtés de Michelle Obama, a été applaudie par le Congrès, et présentée par le président lui-même, le 24 février dernier. La jeune fille a en effet été citée par le président américain quand il a évoqué une lettre envoyée par elle au Congrès. La jeune Tysheoma a demandé au Congrès de l’aide pour son lycée dont la situation était catastrophique: peinture écaillée, plafond fissuré et fuites qui sont le lot quotidien des élèves, en sus de l’interruption à plusieurs reprises des cours lorsque les trains passent à proximité! 
 
"Nous sommes juste des étudiants essayant de devenir avocats, docteurs, membres du Congrès comme vous-même et un jour président, pour que nous puissions faire changer les choses non seulement en Caroline du Sud, mais également dans le monde. Nous n’abandonnerons pas" a-t-elle écrit dans cette lettre lue publiquement par le président Obama. Ce qui lui a valu des applaudissements, ainsi qu’à sa mère, également présente à côté de Michelle Obama. La nouvelle a bien entendu été reprise par les plus importantes chaînes américaines.
 
Selon les présentateurs de l’émission "Good Morning America" qui l’interrogeait sur ce qu’elle voudrait faire plus tard, Tysheoma Bethea a répondu "première femme présidente des Etats-Unis". C’est dire tout l’espoir que suscitent les Obama, Barack comme Michelle, auprès de la communauté afro-américaine.
 
Bob Marley disait dans l’une de ses chansons : «Buffalo soldier, stolen from Africa brought to America ». Ce qui signifie : «Le soldat de buffle, volé d’Afrique et emmené  de force en Amérique ». Il fut un temps où l’Afrique a été dépouillée de ses jeunes filles, qui recherchaient des mariages avec des Blancs dans l’espoir qu’à travers cette filière, elles trouveraient un avenir meilleur. Mais aux Africaines qui pensent encore ainsi, Michelle Obama a apporté une autre réponse. La réussite par l’éducation et uniquement l’éducation.
 
Femme de caractère, issue d’une famille pauvre de South Side, un des quartiers les plus défavorisés de Chicago – son père était employé municipal -, Michelle est une autodidacte aussi méritante que son mari. Diplômée des universités de Princeton et de Harvard, elle a travaillé dans un des plus gros cabinets d’avocats de Chicago – c’est d’ailleurs là qu’elle a rencontré Barack, dont elle était la supérieure hiérarchique, avant de devenir son épouse. Après son mariage, elle a démissionné pour travailler dans un hôpital public, dont elle est rapidement devenue la vice-présidente. Celle dont Barack Obama dit qu’elle est “le roc de sa vie” n’a pas hésité à révéler à la presse que son époux ronfle la nuit et oublie régulièrement de mettre ses chaussettes dans le panier à linge sale.
 
En mai, elle fera la couverture du magazine Essence avec sa mère, Marian Robinson. Interrogée au sujet de ce que son défunt mari penserait de sa fille qui est à la Maison Blanche, cette dernière a répondu : "Il aurait été impossible de le faire taire. Il aurait parlé jusqu’à ce que tout le monde veuille qu’il s’arrête. Il était déjà fier de Michelle et de son frère Craig avant qu’ils aient fait quoique ce soit. Il les encourageait toujours, et quand il parlait de Craig et de Michelle, on pouvait voir un sourire sur son visage (…) il les adorait tous les deux".
 
Aujourd’hui, Michelle Obama est la coqueluche des medias. Ils sont subjugués par son charme et son aisance. Elle a fait une première sortie remarquée en Europe où elle a accompagné son époux au sommet du G20. Le 7 avril dernier, Michelle Obama a rejoint les étoiles hollywoodiennes, les sportifs et les politiciens immortalisés chez Mme Tussauds à Washington comme à Londres. Pendant encore longtemps, elle restera gravée dans le cœur des jeunes filles et jeunes femmes de la diaspora africaine du monde entier comme un modèle de réussite et de possible émulation.
 

Jimmy Jean-Louis est journaliste à Maurice. Cet article fait partie du service d’opinions et commentaires de Gender Links qui apporte des perspectives nouvelles à l’actualité quotidienne.


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