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Une histoire d’enfants qui se sont automutilés avec des lames de taille-crayon au sein d’une école mauricienne, est venue remettre en question le rôle et l’implication des parents dans la vie de leurs enfants.
Fait inhabituel dans une école primaire Á Quatre-Bornes, une des cinq villes de Maurice. Vingt quatre élèves d’une classe se préparant pour leur examen de fin de cycle se sont automutilés avec des lames qu’ils avaient préalablement enlevées de leurs taille-crayons. Serais-ce un phénomène de mode dans la mouvance du chanteur américain déjanté Marilyn Manson ou les symptômes d’un mal-être réel?
Le ministère de l’Education a été alerté par le directeur de la zone où se situe l’école primaire en question. Par la suite, un psychologue du ministère a été délégué sur les lieux pour faire un suivi de la situation auprès des enfants.
«Selon les informations obtenues du directeur de la zone, ce serait une des élèves qui aurait des problèmes psychologiques qui aurait entraîné ses camarades Á commettre de tels actes, » a avancé en guise d’explication Jayen Teeroovengadum, le chargé de communication au ministère de l’Education.
Reste maintenant Á savoir si ces enfants n’ont pas voulu faire comme les adolescents qui sont dans la mouvance du chanteur Marilyn Manson. Cette hypothèse a suscité une foule de réactions. Shirin Aumeeruddy Chziffra, l’Ombudperson pour les enfants, dit avoir constaté «qu’il y a beaucoup d’enfants Á problèmes et aussi de parents Á problèmes. Ces enfants ont dÁ» être en souffrance. Ils se sont exprimés de façon autodestructrice. L’automutilation est une forme de violence pour exprimer une déception de la vie en générale et cela peut aller loin, voire jusqu’au suicide ».
L’ancien ministre de la Sécurité sociale, Sam Lauthan, reconverti en travailleur social et qui lutte contre le phénomène Marylin Manson, s’est rendu au chevet des parents de ces élèves qui sont complètement déboussolés. Il a abordé de nombreux sujets liés Á ce phénomène d’automutilation et a qualifié de «positives » ses rencontres avec les parents. « Les parents sont confus et les enseignants sont complètement acculés. Il n’y a pas de comportement suicidaire. Ce comportement cache quelque chose », a-t-il fait ressortir.
L’affaire a tellement fait grand bruit qu’elle a même été soulevée au Parlement. Le ministre de l’Education, Vasant Bunwaree, a promis de rechercher l’aide du travailleur social pour venir Á bout du phénomène Marylin Manson Á Maurice.
Le syndicaliste du primaire Vinod Seegum et la psychologue Veronique Wan Hok Chee se sont tous deux prononcés en faveur de «la création d’une école de parents ». Même la première dame du pays est sortie de sa réserve. En effet, l’épouse du président de la République, Lady Jugnauth, a sévèrement critiqué les parents qui cherchent des faux prétextes pour se dédouaner de leurs responsabilités.
«Si la cellule familiale est disloquée, cela cause beaucoup de problèmes. Comment se fait-il qu’avec toutes les facilités que nous avons Á Maurice, il y ait autant de dérèglements dans notre société ? J’entends toujours dire qu’aujourd’hui, la femme travaille et qu’elle n’a pas le temps. Nous avons des mamans presse-boutons. Ce n’est pas qu’une question de temps, il faut savoir s’organiser », a-t-elle affirmé dans le cadre du lancement de la campagne 16 jours, 16 droits, organisée par l’Ombudsperson pour les enfants.
Lady Jugnauth a aussi déploré le laisser-aller au niveau de la cellule familiale. «L’enfant touche Á l’alcool et Á la drogue. C’est cela la misère? Où trouve-t-il de l’argent ? Il n’y a plus de direction au sein des familles. Il y a un laisser-aller. Je constate qu’on parle toujours aux gens qui comprennent. Mais quand va-t-on enfin toucher ceux qui créent des désordres », s’est-elle demandé.
L’assainissement de la société est loin d’être gagné avec une montée de l’indiscipline, de la violence et d’autres problèmes de mÅ“urs dans les écoles, y compris au niveau du cycle primaire. Un énorme chantier attend le ministère de l’Education.
Jimmy Jean-Louis est journaliste Á Maurice. Cet article fait partie du service d’opinions et de commentaires de Gender Links qui apporte des perspectives nouvelles Á l’actualité quotidienne.
Comment on 24 élèves d’une école primaire mauricienne se mutilent avec des lames de taille-crayon