50/50, oui, nous le devons!


Date: August 12, 2011
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Le groupe Gouvernance au sein de la Southern African Gender Protocol Alliance a appelé les gouvernements des pays de la Communauté de Développement de l’Afrique australe (SADC) Á  redoubler d’efforts pour atteindre la parité dans toutes les instances et domaines de décisions d’ici 2015.

Dans un communiqué relançant la campagne des 50/50 Á  la suite d’une réunion Á  Harare au Zimbabwe, les représentants des ONG de neuf pays de la SADC ont pris note du fait que la région soit Á  mi-chemin de l’objectif de la parité d’ici 2015 car la moyenne régionale de la représentation féminine au parlement est de 25% et qu’il ne reste qu’une élection Á  être organisée dans plusieurs de ces pays.

L’unité de soutien aux femmes en politique (WIPSU), le leader du groupe Gouvernance et Gender Links, ONG qui coordonne l’Alliance et qui a mené campagne pour l’adoption du Protocole de la SADC sur le Genre et le Développement, ont tenu cette réunion une dizaine de jours avant le Sommet des Chefs d’Etats de la SADC qui se tiendra au Luanda le 17 aoÁ»t prochain.

Les délégués ont noté avec préoccupation que bien que la moyenne régionale de la représentation féminine dans les Parlements des pays de la SADC est de 25%, pourcentage supérieur Á  la moyenne mondiale, cette représentation varie considérablement de pays Á  pays, soulignant un manque de volonté politique.

Avec 18% de femmes au Parlement et des élections générales programmées l’an prochain, le Zimbabwe est un de ces pays-lÁ . D’autres pays ayant des élections pointant le bout de leur nez Á  l’horizon sont la Zambie (15% de représentation féminine au Parlement) en septembre et la RDC (avec 12% de représentation féminine au Parlement) en novembre. A la fin de l’année, des élections des collectivités locales sont prévues Á  Maurice (7% de conseillères) et au Lesotho (58% de conseillères). Le Malawi qui aurait dÁ» organiser des élections pour ses collectivités locales cette année, les a renvoyées aux calendes grecques.

Les affaires urgentes soulevées par les délégués et qui sont en rapport avec les élections Á  venir sont :

Au Zimbabwe, les récentes tentatives entre partis politiques de mettre la campagne des 50/50 Á  l’agenda sont louables mais il est urgent de saisir cette opportunité historique pour incorporer dans la nouvelle Constitution des mesures spéciales sur la représentation égale entre femmes et hommes. Le fait que le pays a une femme vice-présidente et une autre, vice-Premier ministre, constitue un socle important sur lequel il faut bâtir et élargir.
En Zambie, le fait que le parti au pouvoir, le Movement for Multiparty Democracy (MMD) ait aligné seulement 19 femmes sur 140 candidats pour les élections qui viennent, donne un mauvais exemple Á  la veille des seules élections qui doivent avoir lieu jusqu’Á  2015. Il est souhaitable que les autres partis qui doivent aligner leurs candidats durant les prochains jours pour ces élections de septembre, fassent mieux que le MMD.
En RDC, une disposition constitutionnelle progressive de 50% de représentation féminine est sapée par un manque d’application et des failles dans les législations. Il est demandé urgemment Á  ce pays de saisir cette opportunité historique pour honorer ses obligations.
L’Ile Maurice est félicitée pour son remarquable quota neutre au niveau du genre dans son ébauche de législation pour les élections des collectivités locales prévues pour cette année. Ce quota prévoit l’alignement d’un minimum de 30% de femmes ou d’hommes candidats pour ces élections. Mais jusqu’ici, seulement 442 femmes se sont présentées comme candidates alors qu’il en faut plus de 2000 pour que cette disposition prenne effet. Le moment est arrivé pour les mouvements de femmes de s’unir et de galvaniser leurs semblables au niveau des collectivités locales pour saisir Á  deux mains cette opportunité historique.

Faisant un commentaire en marge du lancement du Baromètre 2011 qui sera le porte-drapeau de l’Alliance lors du Sommet des Chefs d’Etat des Pays de la SADC, le groupe Gouvernance a déclaré que le moment est arrivé de dénoncer les gouvernements qui n’appliquent pas leurs engagements. Le Baromètre présente l’Indice de la SADC sur le Genre et le Développement (SGDI) qui, parmi d’autres, a un score combiné pour la participation des femmes dans les Parlements, aux conseils des ministres et au sein des administrations régionales. Cet indice catégorise les pays de la région dans un ordre ascendant Á  descendant par rapport au genre et Á  la gouvernance: L’Afrique du Sud (1), Le Lesotho (2), l’Angola (3), Le Mozambique (4), la Tanzanie (5), la Namibie (6) les Seychelles (7), le Malawi (8), le Swaziland (9), le Zimbabwe (10), le Botswana (11), Maurice (12), la Zambie (13), Madagascar (14) et la RDC (15).

«Ce qui est évident », selon Fanny Chirisa, leader du groupe et directrice de la WIPSU, « c’est que lorsque la volonté politique est lÁ , les choses aboutissent. Des changements ont été rapides dans certains pays de la SADC. Certains d’entre eux sont sur le point d’aboutir Á  la parité. Cela démontre que cet objectif peut être atteint. » Par exemple, l’Afrique du Sud a 44% de femmes au Parlement et le Lesotho a 58% de femmes dans ses collectivités locales.

Les pays qui font le mieux invariablement (par exemple, l’Afrique du Sud, le Mozambique et l’Angola) ont une combinaison de système électoral comprenant une dose de représentation proportionnelle et un quota volontaire, légiféré dans le cas des élections des collectivités locales en Namibie. Le système de représentation proportionnelle incite davantage Á  la participation féminine parce que les partis votent pour le parti plutôt que pour les candidates et Á  condition que les partis répartissent les femmes également sur la liste sur laquelle elles seront sÁ»rement placées. Le Congrès National Africain en Afrique du Sud est le premier parti dans la région Á  avoir adopté un quota volontaire de 50/50 que ce soit pour ses élections générales que celles de ses collectivités locales. Cependant, lorsque l’ANC a perdu du terrain en mai 2011, la proportion de femmes a aussi décliné de 40% Á  38%. Ce qui a induit l’appel pour les quotas légiférés en Afrique du Sud, pas seulement au sein de l’ANC mais des autres partis politiques également.

Les pays ayant un mode de scrutin uninominal ont argué qu’il était impossible d’y introduire des quotas mais le Lesotho a brisé ce mythe Á  travers l’introduction d’un système de 30% de sièges réservés aux femmes au cours des élections de 2005. Un pourcentage additionnel de 28% de femmes a remporté des sièges parmi ceux ouverts et contestables, donnant Á  ce pays 58% d’élues au niveau de ses collectivités locales, faisant de lui l’unique pays de la SADC ayant un nombre d’élues excédant celui des élus. Mais des revendications d’injustice par les hommes ont amené le Lesotho Á  réviser son système. Plutôt que d’abandonner le quota, ce pays a emprunté Á  la Tanzanie son système uninominal dans lequel 30% de sièges additionnels sont alloués aux partis pour qu’ils alignent des femmes sur une base de représentation proportionnelle.

Ce système sera utilisé lors des élections des collectivités locales du Lesotho cette année. Les délégués ont acclamé ce système en tant qu’un autre exemple de solutions innovantes possibles. « Les pays ayant un système de circonscriptions électorales ne peuvent plus avancer qu’ils n’ont pas d’options pour les quotas », a ajouté Fanny Chirisa. «Tout se résume Á  de la volonté politique ».

Alors que les chefs d’Etats de la SADC se préparent Á  se rendre en Angola pour le Sommet, le groupe de Gouvernance de l’Alliance a appelé les pays qui n’ont pas encore ratifié le Protocole de la SADC sur le Genre et le Développement Á  le faire rapidement. L’Angola, le Lesotho, le Mozambique, la Namibie, les Seychelles, la République Unie de Tanzanie, le Zimbabwe ont ratifié le Protocole, Madagascar, le Malawi, l’Afrique du Sud, le Swaziland et la Zambie doivent encore le faire. Une autre ratification est nécessaire (deux tiers ou neuf sur 13 signataires) pour que le Protocole soit en vigueur. Cette question a été débattue au Parlement sud-africain. Les délégués ont appelé le gouvernement sud-africain Á  « utiliser le mois magique d’aoÁ»t qui est le mois des femmes en Afrique du Sud pour prendre un engagement réel en ratifiant le Protocole. »

Les délégués ont aussi insisté auprès de Maurice et du Bostwana, les deux seuls pays Á  n’avoir toujours pas signé le Protocole, Á  «mettre leur argent lÁ  où se trouve leur bouche » et de ratifier ce document vital pour l’égalité du genre. Maurice a expliqué qu’elle ne peut signer le Protocole en raison de sa clause de discrimination positive qui irait Á  l’encontre de sa Constitution où il est interdit de pratiquer de la discrimination. D’un autre côté, ce pays s’apprête Á  adopter une législation pour ses élections de collectivités locales qui équivalent Á  de la discrimination positive. «Cela montre que quand on le veut, on le peut », ont avancé les délégués. «Maurice et le Bostwana ne doivent pas être en marge de cette marche vers la liberté ».

L’Alliance qui comprend 15 réseaux pays et dix groupes Á  thèmes, grimpe progressivement les échelons menant Á  l’application du Protocole Á  travers des plans d’action au niveau national et des campagnes régionales qui ont une influence sur les efforts de terrain pour faire en sorte que les 28 dispositions du Protocole deviennent une réalité.

 

 

 

 

 


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