Afrique australe: il est temps d’agir pour mettre fin Á  la VBG!

Afrique australe: il est temps d’agir pour mettre fin Á  la VBG!


Date: November 25, 2013
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16 Days of Activism march in Nata, Botswana. Photo: Gender LinksJohannesburg, 25 novembre : J’ai récemment participé Á  une réunion sur la violence basée sur le genre (VBG) Á  l’invitation de la United Nations Economic Commission on Africa en Zambie au cours de laquelle j’ai présenté les résultats de l’étude de Gender Links (GL) sur la violence envers les femmes. J’ai écouté les commentaires de l’audience avec une inquiétude grandissante. Un participant n’arrêtait pas de faire des allusions Á  propos de la violence vécue par les hommes entre les mains de leurs femmes. Regardons les choses en face : cette question de violence basée sur le genre est avant tout une de proportion et de besoin. Le temps du politiquement correct et des discussions interminables sur la façon de traiter la VBG est révolu.

GL a mené une étude sur la violence envers les femmes dans six pays de l’Afrique australe. Dans quatre provinces de la Zambie, 89% des femmes interrogées, 86% au Lesotho, 68% au Zimbabwe, 67% au Botswana, 50% dans quatre provinces de l’Afrique du Sud et 24% Á  Maurice, ont avoué avoir été victimes de violence au moins une fois dans leur vie.

La forme de violence la plus courante est émotionnelle mais celle-ci figure très rarement dans les statistiques policières. Et pourtant sur une base quotidienne, la violence sape le développement et l’estime que les femmes ont d’elles, coÁ»tant des milliards de dollars aux pays alors que ces sommes auraient pu être redirigées vers le développement économique.

Dans la plupart des pays de l’Afrique australe, l’arsenal légal par rapport Á  la VBG a été renforcé. Des lois contre la violence domestique et les agressions sexuelles existent dans 12 pays de la SADC. Mais les progrès dans le vote et la promulgation des lois sur le trafic humain, les abus sexuels et le harcèlement sexuel ont ralenti durant les deux dernières années.

Il y a encore une résistance répandue Á  reconnaître le harcèlement sexuel comme délit. Seuls huit pays de la SADC ont une loi spécifique Á  ce sujet, avec des gouvernements traînant les pieds pour appliquer les dispositions de ces lois. Alors que 12 pays disposent de services spécialisés, accessibles et abordables pour les survivantes de violence, incluant l’aide légale, dans la pratique, ces fournisseurs de service restent dépourvus en ressources humaines et ont une capacité limitée Á  remplir leurs mandats.

Une des plus grandes inquiétudes dans la région est le manque d’abris et de maisons secondaires pour les survivantes de VBG. Les gouvernements se fient aux organisations de la société civile pour pourvoir ce service et ceci n’est pas une solution durable.

La fourniture du traitement prophylactique connu comme le Post exposure prophylaxis (PEP) Á  l’issue d’une agression sexuelle en vue d’éviter une infection au VIH/SIDA s’est améliorée durant ces dernières années, d’un pays le fournissant entre 2009 et 2012, en l’occurrence l’Afrique du Sud, Á  six pays faisant de même en 2013. La nécessité de fournir le PEP doit faire partie des efforts de lobbying et de plaidoyers dans les neufs autres pays de la SADC.

A travers la région, il est très difficile d’obtenir des données quantitatives fiables et détaillées sur la VBG. Les statistiques policières sont grandement contestées en raison du nombre important de cas non-rapportés et d’outils inadéquats de collecte de données.

Les six pays de la SADC qui ont complété leur étude de base sur la violence envers les femmes ont adopté un indice composite pour mesurer cette violence. Les résultats de ces études devraient guider l’élaboration de stratégies de prévention contre la VBG et permettre leur budgétisation. Cet indice sur la VBG permettra aussi de faire de constants exercices de monitorage et d’évaluation quant Á  l’efficacité de ces stratégies.

Cette étude de base de GL est aussi venue révéler qu’un des moteurs de la violence envers les femmes est une expérience d’abus durant l’enfance. En effet, un pourcentage très élevé d’hommes qui avaient été négligés, physiquement ou sexuellement abusés durant l’enfance, se sont transformés en bourreaux Á  l’âge adulte.

La prévention des abus sur les enfants devrait donc être un élément crucial dans les stratégies de prévention contre la violence envers les femmes. Les maternelles, les écoles et les familles devraient être directement impliquées dans la conception et l’application de ces stratégies.

Le score des progrès du genre (SPG) de GL mesure les attitudes du genre. Ce score représente les points de vue de plus de 40 000 femmes et hommes dans la région de la SADC et indique que le droit de propriété sur la femme et le droit sexuel après le mariage alimentent la violence envers la femme. Ces attitudes légitiment l’utilisation de la violence par les hommes comme moyen de contrôler leurs femmes. Alors que plusieurs des interrogés se sont dit d’accord sur le principe d’égalité de traitement pour les femmes et les hommes, il y a encore un grand nombre de femmes et d’hommes qui pensent que les femmes devraient obéir Á  leurs maris.

Les gouvernements des pays de la SADC devraient allouer des budgets conséquents Á  la lutte contre la violence envers les femmes, mettre la prévention au cÅ“ur de leur agenda et travailler de concert avec les administrations régionales pour changer les attitudes du genre par le biais de l’engagement communautaire. Défier les stéréotypes du genre nocifs devrait être au centre des campagnes de prévention contre la VBG.

Durant la campagne des 16 jours contre la VBG, commençons par agir afin de mettre fin Á  cette pandémie. Comme l’a dit Colleen Lowe Morna, la directrice exécutive de GL, « les droits des femmes sont des droits humains. Nous devons aller Á  la racine du mal de la violence – les normes patriarcales et les pratiques traditionnelles qui résultent en violations graves des droits humains et ce, en toute impunité ». Le temps est Á  l’action. MAINTENANT !

Kubi Rama est la directrice adjointe de GL. Cet article du service d’information de GL fait partie de la campagne des 16 jours d’activisme contre la violence envers les femmes et les enfants.

 


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