Afrique australe: les inégalités économiques alimentent la violence basée sur le genre

Afrique australe: les inégalités économiques alimentent la violence basée sur le genre


Date: November 26, 2014
  • SHARE:

Johannesburg, 26 novembre: Chaque année alors que nous commémorons les 16 jours d’activisme contre la violence basée sur le genre, la question la plus récurrente est : « Comment freiner la violence contre les femmes ? ». Bien entendu, il n’y a pas une seule solution pour cette pandémie mais une des principales solutions est l’indépendance économique. Lorsque les femmes sont sous éduquées ou illettrées, elles sont moins capables de fuir l’abus et de négocier tous les aspects de leur vie.

L’absence d’égalité économique pour les femmes est le premier facteur de perpétuation des inégalités du genre et de la violence basée sur le genre. La discrimination économique prend plusieurs formes, par exemple, le travail connu comme le travail des femmes est grandement sous-évalué et non rétribué. Les femmes sont presque virtuellement absentes des instances de décisions économiques et ont tendance Á  exercer les emplois les moins qualifiés et rétribués. Dans les pays en développement, les femmes représentent de façon persistante la majorité des travailleurs pauvres. Cette impuissance économique est davantage exacerbée par des disparités éducatives entre les filles et les garçons.

De plus, et plus dérangeant encore, c’est qu’en 2014, le faible nombre de femmes qui ont accès Á  l’économie n’obtiennent pas un salaire égal pour un travail égal aux hommes. Ceci n’est pas un phénomène lié Á  une économie en développement, c’est une tendance mondiale. Aux Etats-Unis, il est estimé que les femmes gagnent 78% de ce que perçoivent les hommes, en Grande Bretagne, c’est 15% moins que les hommes et en Afrique du Sud, c’est 35% moins que les hommes. En d’autres termes, les hommes gagnent en huit mois ce que les femmes gagnent en 12 mois. Quelque soit la perspective dans laquelle on l’envisage – constitutionnelle, légale et éthique – cette situation est absurde et intrinsèquement injuste et constitue une infraction flagrante aux droits humains.

Les femmes sont aussi impuissantes dans le secteur informel, un secteur dans lequel elles sont plus nombreuses que les hommes dans pratiquement tous les pays car elles sont mises sur la touche de l’économie formelle. Des normes sexistes persistantes les privent de l’accès aux ressources productives de base telles que les terres et le crédit, ce qui les contraint Á  dépendre sur le micro crédit qui n’offre que de petits emprunts, c’est-Á -dire pas de quoi faire grandir de petites entreprises.

Alors que le micro crédit a joué un rôle important dans la vie des femmes, les gouvernements doivent s’assurer que les législations garantissent aux femmes un accès égal aux ressources productives et au crédit et fassent la promotion de modèles alternatifs de financement afin de répondre aux besoins des femmes d’affaires et ce, Á  tous les niveaux. De plus, les banques doivent développer des mécanismes d’emprunts sensibles au genre puisque les femmes ne possèdent pas souvent des collatéraux en raison de ‘normes’ traditionnelles, culturelles et sociales qui entravent la succession et la propriété par elles.

Le manque d’accès Á  l’économie et aux finances appropriées renforce les inégalités du genre et aide Á  alimenter la violence basée sur le genre. Lorsque les femmes dépendent des hommes pour leur bien-être économique et leur survie, il est moins probable qu’elles quitteront des relations abusives et cela perpétue non seulement l’abus mais aussi un cycle plus large de violence. Selon l’étude de Gender Links sur les indicateurs de violence, l’abus sur les enfants et les enfants témoins d’actes de violence est le principal vecteur de la violence basée sur le genre. La plupart des auteurs de violence interviewés dans le cadre de cette étude ont admis avoir été des témoins d’actes violents ou d’avoir subi la violence durant leur enfance.

L’abus économique est aussi une forme de violence basée sur le genre utilisée par les auteurs comme arme de contrôle et qui leur donne encore plus de pouvoir pour abuser physiquement, mentalement et émotionnellement. Les formes d’abus économique peuvent inclure des restrictions de la liberté de mouvement, le déni d’accès Á  l’argent ; le refus d’autoriser une personne Á  gagner sa vie ; la restriction d’argent pour les dépenses et l’entretien du foyer, comme l’alimentation et les vêtements.

C’est en raison de ce lien entre la dépendance économique et la vulnérabilité Á  la violence basée sur le genre que Gender Links a développé un programme d’entreprenariat destiné aux survivantes de violence. Ce programme délivre des compétences de base et une formation en business afin d’aider les femmes Á  devenir autonomes et libres de négocier le genre de vie qu’elles veulent mener. A ce jour et depuis 2013, GL a formé 1200 femmes dans dix pays de la SADC et continuera Á  les soutenir Á  travers des accords de partenariats avec les secteurs aussi bien public que privé.

Ce type d’autonomisation doit être central Á  tous les plans d’actions nationaux contre la violence basée sur le genre et toutes les stratégies de redressement des inégalités du genre. L’autonomie donnera aux femmes la liberté de choisir et la capacité d’être présentes dans toutes les sphères de la vie publique et privée. Nous avons non seulement besoin de 365 jours d’engagement politique et social pour éradiquer la violence basée sur le genre mais aussi 365 jours d’autonomisation !

Ann Hilton est Entrepreneurship Manager au quartier général de GL. Elle a Å“uvré dans le développement de l’entreprenariat pendant les 15 dernières années. Cet article fait partie de la série spéciale axée sur les 16 jours d’activisme contre la VBG, offrant des perspectives nouvelles Á  l’actualité quotidienne.

 


Comment on Afrique australe: les inégalités économiques alimentent la violence basée sur le genre

Your email address will not be published. Required fields are marked *