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Mon enfant a eu trois ans en aoÁ»t dernier. Quand je pense au jour de sa naissance il y a trois ans, quand je pense Á ce petit être pesant 2.9 kgs et mesurant 49 centimètres, je m’émerveille des défis, des joies et des craintes qui ont caractérisé ma vie dans ce nouveau rôle qu’est la paternité. Ce jour-lÁ , j’ai arrêté d’être seulement un homme. Je suis devenu un père.
Avec le temps et une dépendance sur les ressources humaines et écrites, je me suis amélioré dans tous mes rôles et responsabilités de père. Je peux seulement imaginer Á quel point le défi de la paternité peut être plus dur pour un père adolescent. La recherche intitulée «Teenage Tata, Voices of Young Fathers in South Africa » et menée par le Human Sciences Research Council de 2009, indique que les pères adolescents n’ont pas souvent de soutien car les familles, les communautés et les organisations se concentrent surtout sur les besoins des mères adolescentes.
Ma partenaire et moi avons eu notre fils alors que nous nous approchions de la trentaine. Nous étions plutôt financièrement stables et avions autour de nous un réseau de parents et d’amis solidaires. Bien que nous fussions prêts pour la parenté, j’ai ressenti des émotions qui jouaient aux montagnes russes en moi et je sentais le poids des nouvelles attentes par rapport Á ce bébé Á naître. Et tandis que ma partenaire gérait ses fluctuations hormonales, j’essayais de contrôler mes propres frayeurs et les défis qui m’attendaient. Bien qu’aussi importantes que celles de ma partenaire, mes frayeurs étaient différentes. Mais ma partenaire a reçu énormément de soutien de sa mère, de ses sÅ“urs, d’amis, d’autres femmes ayant des enfants et de fournisseurs de soins payés pour écouter et aider. «Le show de la grossesse » tourne autour de la mère. Les pères sont laissés sur la touche et il est attendu d’eux qu’ils soutiennent en simultané leurs partenaires, tout en gérant leurs propres sentiments, même quand ils ne savent pas comment y parvenir.
Durant la grossesse, je me suis mis en «mode approvisionnement » et mon principal souci était d’être capable ou pas de subvenir aux besoins de mon enfant. Après que les vêtements du bébé, les meubles et ses couches aient été achetés, j’ai commencé Á m’inquiéter Á propos de pouvoir avoir les moyens pour le mettre dans «une bonne école ». Les futurs pères peuvent se sentir laissés pour compte par rapport Á la grossesse car ils ne portent pas l’enfant physiquement, ne vivent pas des fluctuations hormonales et ne peuvent pas faire grand chose pour atténuer les brÁ»lures d’estomac et les nausées matinales. «L’approvisionnement » semble être le seul rôle qui aille Á ravir aux futurs pères. Mais un père adolescent au chômage, sans source de revenus et avec peu de soutien familial part désavantagé.
Le Baromètre de la SADC sur le Genre et le Développement note que plusieurs des campagnes et interventions dans les pays de l’Afrique australe qui encouragent l’implication des hommes dans les droits sexuels et reproductifs sont davantage centrées sur la prévention contre le VIH/SIDA et les infections sexuellement transmissibles. L’hypothèse est que l’utilisation du contraceptif et des moyens de prévention de grossesse relève essentiellement du rôle de la femme, enlevant ainsi la responsabilité d’une grossesse non-désirée de l’homme. Par conséquent, la grossesse, l’accouchement et les soins Á l’enfant deviennent aussi par extension une responsabilité féminine uniquement.
Selon l’étude susmentionnée, plusieurs pères adolescents sont conscients de l’ampleur des responsabilités de la parenté. Ils auraient voulu jouer un rôle dans l’éducation de leur enfant. Toujours dans le cadre de cette étude, les pères âgés entre 14 et 20 ans ont expliqué que tout comme les jeunes mères, ils ont besoin de deux choses: le soutien pour améliorer leur vécu économique et éducatif afin qu’ils puissent remplir leur rôle de pourvoyeurs de soins et de source d’approvisionnement. Ils ont également besoin de soutien parental et d’informations sur comment être de bons parents pour pouvoir mieux soutenir leurs partenaires et leurs enfants.
J’ai beaucoup grandi émotionnellement depuis la naissance de mon fils. J’ai ressenti un tas d’émotions : parmi elles, de l’anticipation, de la frayeur, de la fierté, de la frustration et de la confusion. Ma capacité ou incapacité Á remplir les attentes sociétales et culturelles de la paternité a déterminé ces émotions.
Personne ne m’a appris Á être un bon parent. J’ai dÁ» appliquer mes propres règles en cours de route et rechercher du soutien et de l’information où je pouvais les trouver. Ma partenaire m’a fourni un peu d’informations dont j’avais besoin, de même que des amis ayant des enfants et qui ont eu le même parcours. Une autre bonne partie des informations est venue de l’Internet.
Tout ce que je sais, c’est que je veux d’une bonne vie pour mon fils et que je prendrai conseil lÁ où j’en trouve. Il y a de plus en plus de ressources sur la paternité pour les hommes. Ces informations sont destinées Á encourager les jeunes hommes Á remettre en question quelques unes des croyances patriarcales qui découragent les soins et l’implication. Mais il faut plus d’efforts pour que ces informations atteignent les jeunes pères vivant dans les régions rurales et avec peu de revenus.
Tafadzwa Sekeso est un consultant zimbabwéen en communications et gestion, basé en Afrique du Sud. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links qui apporte des perspectives nouvelles dans les informations quotidiennes.
Comment on Afrique australe: les pères adolescents ont besoin de soutien