SHARE:
Anene Booysens, une adolescente de 17 ans de Bredasdorps au Western Cape a été victime d’un viol collectif et brutalement assassinée le 8 février dernier. Six jours plus tard, Oscar Pistorius a tiré Á bout portant et tué sa petite amie Reena Steenkamp Á Pretoria.
Ces deux affaires ont des points communs: une mauvaise gestion policière, une réaction inappropriée de la part d’un représentant du gouvernement, un manque d’actions décisives de l’Etat pour s’attaquer Á la violence et une couverture médiatique insensible au genre. Est-ce lÁ les actions morales et droites attendues des institutions publiques en Afrique du Sud ?
Hilton Botha, le responsable de l’enquête de l’affaire Pistorius, est lui-même accusé de tentative de meurtre. En tant que citoyenne lambda, j’étais furieuse lorsque j’ai entendu le témoignage de Botha lors de l’audition pour la remise en liberté sous caution de Pistorius. Le magistrat Desmond Nair a d’ailleurs fait référence au témoignage peu convaincant de Botha lors de cette audience.
Selon le Times Live, il y a des allégations de conduite imprudente et de tentative de faire échec Á la justice Á l’égard du lieutenant colonel Maree Louw, celle qui dirige le poste de police de Bredasdorp et qui chargé de l’affaire Booysens. Il est allégué qu’elle a falsifié un rapport de police après avoir frappé une personne.
Aucune femme ne devrait mourir comme Booysens, Steenkamp ou d’autres encore. La Cour de Bredasdorp a auditionné l’affaire de Booysens qui a eu lieu le 8 février dernier alors que le meurtre de Steenkamp s’est produit le 14 du même mois, jour de la fête de la St Valentin. Et pourtant, Pistorius a été remis en liberté sous caution d’un million de rands.
De quelle manière la justice a-t-elle tranché dans l’affaire Pistorius ? Etais-ce pour juger Pistorius ou l’assassinat de Steenkamp ? Pistorius a-t-il eu droit Á un procès accéléré parce qu’il est une célébrité blanche et riche ? Je n’ai pas de réponse Á cette question qui me harcèle.
La recherche menée par Gender Links montre qu’une femme sur 13 rapporte le viol dont elle est victime dans la province de Gauteng. Les affaires Booysens et Steenkamp soulignent comment la police a bâclé ces cas de violences basées sur le genre. Et pour couronner le tout, nos politiques dérapent et envoient des messages ambigus Á propos de la violence basée sur le genre.
Le 19 février dernier, Fikile Mbalula, ministre des Sports, a avancé qu’Oscar Pistorius s’élevait contre l’abus. Il a ajouté que « nous vivons dans un monde où les exemples sont nécessaires Á la société et Á la jeunesse. En ce sens lÁ , Oscar a été notre porte-drapeau et une icône internationale qui s’est élevée contre les abus de droits humains ».
Comment est-ce qu’un représentant du gouvernement peut faire une telle déclaration dans le sillage de l’audience pour la liberté sous caution de Pistorius ? Selon moi, le gouvernement devrait Á juste titre dire que la justice doit être faite au lieu de soutenir activement l’accusé présumé dans un cas de meurtre de femme. La recherche menée par le conseil de recherche médicale d’Afrique du Sud indique que 56% des meurtres de femmes relèvent de la violence domestique.
Jacob Zuma, le président de l’Afrique du Sud, fait souvent appel Á la régénération morale des citoyens sud-africains. Zuma est le leader de la cause. La question qui me hante après les meurtres de Booysens et de Steenkamp est la suivante: Á quelle régénération morale devons nous faire appel ?
Je n’étais pas au pays lorsque le président a fait son discours Á la nation le 14 février dernier. Je me trouvais en République Démocratique du Congo où j’attendais ce discours en étant sÁ»re que le président Zuma ferait une sortie en règle contre la violence basée sur le genre.
Il a fait certes référence au National Council on Gender Based Violence, au succès de la Cour pour les délits sexuels et a évoqué les crimes haineux contre les femmes et le fléau de la violence basée sur le genre. Mais Á aucun moment, il n’a déclaré l’état d’urgence contre cette violence ou ne l’a considérée comme elle devrait l’être : une pandémie.
Zuma s’est concentré sur les contestations populaires mais qu’en est-il des droits des femmes Á vivre en paix et en sécurité comme garantie par la Constitution du pays qui est une des meilleures au monde ? Je suis extrêmement déçue. Nous avons besoin de volonté politique Á tous les niveaux du gouvernement mais plus important encore, nous avons besoin d’un leadership fort Á la tête du pays. Booysens, Steenkamp et toutes les autres femmes qui vivent et meurent des suites de violence méritent mieux que cela.
Kubi Rama est la directrice adjointe de Gender Links. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de GL.
Comment on Afrique du Sud: de quelle régénération morale parlons-nous?