Afrique du Sud et Afrique australe: absence remarquée des femmes au sein des structures dirigeantes syndicales


Date: May 7, 2013
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La recrudescence des grèves en Afrique du Sud durant les derniers mois – des mines aux fermes – que certains ont qualifié de «saison des grèves », est monnaie courante dans ce pays de l’Afrique australe. Très peu de femmes pourtant sont en première ligne de ces manifestations et les syndicats en comportent très peu.

Or, elles sont souvent aperçues en grand nombre lorsqu’un service proposé est déficient. Cela montre qu’elles sont encore sous-représentées dans l’économie principale, lÁ  où les salaires sont négociés entre employeurs et employés Á  travers la négociation collective entre employeurs et syndicalistes.

Durant cette fameuse «saison des grèves », je n’ai pu m’empêcher de remarquer l’absence flagrante des femmes dans des postes de décisions au sein des syndicats et leur sous représentation au sein de la main d’Å“uvre.

Lors des grèves au Western Cape, un nombre significatif de femmes ont manifesté. Cependant, le secteur agricole est connu pour ses pratiques malhonnêtes d’employer des femmes en tant que travailleuses saisonnières et leur payer des broutilles.

En dépit des politiques apparaissant comme progressistes telles que le projet du genre pour les syndicats d’Afrique du Sud (Gepatu), initié par le Bureau International du Travail et l’Organisation de l’unité des syndicats africains dans ses efforts et son engagement de renforcer les capacités des femmes au sein des syndicats, les inégalités persistent.

En Afrique du Sud, la représentation féminine syndicale demeure très faible. Bien que les syndicats les plus importants tels que le Congrès des syndicats sud-africains (COSATU), aient une politique du genre, celle-ci est encore figée sur le papier et pas traduite dans la réalité. La plupart des syndicats de ce pays ne mobilisent pas les travailleurs saisonniers. La plupart des employeurs, en particulier ceux dans le secteur agricole, capitalisent dessus et emploient des laboureurs saisonniers, qui sont en majorité des femmes. Cela explique la prédominance masculine au sein des syndicats.

La recherche financée par le syndicat national de métallurgie d’Afrique du Sud montre que les femmes occupant des postes insignifiants au sein des six principaux syndicats. Le poste de trésorier leur revient souvent car les hommes pensent probablement que l’on peut faire confiance aux femmes avec les finances. Cependant, dans de tels postes, elles doivent toujours suivre les instructions du président ou du secrétaire général.

Un rapport sur le genre et les syndicats, rédigé par le Global Labour University, indique qu’au Zimbabwe, seules 21.9% de femmes sont syndiquées. En Namibie, elles constituent 60% du syndicat national des travailleurs. Mais elles sont quasi-inexistantes dans les structures dirigeantes.

Ce qu’il faut, c’est élargir la portée des syndicats au-delÁ  de la représentation quantitative pour qu’ils reflètent les écarts du genre actuels qui s’agrandissent en raison des rôles traditionnels occupés par les femmes. Le travail de syndicaliste requiert des déplacements loin du domicile et cela est en conflit avec le rôle de la femme Á  la maison. Les réunions ont souvent lieu la nuit, excluant de facto les femmes car Á  la nuit tombée, elles doivent être rentrées et doivent s’occuper du mari et des enfants. La criminalité élevée empêche les femmes de se déplacer la nuit.

De plus, les hommes ont toujours une perception négative des femmes et doutent de leurs capacités de leadership. Il est donc important que les syndicats s’organisent autour des rôles multiples des femmes Á  la maison comme au travail afin qu’elles puissent participer pleinement dans les activités syndicales.

Sehlapi Dawu Sibanda est une journaliste freelance en Afrique du Sud. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.


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