Afrique du Sud: la collaboration est essentielle pour aborder la VBG et le handicap


Date: December 2, 2013
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Johannesburg, 3 décembre: En avril 2012, une vidéo filmée sur mobile et montrant le viol collectif d’une adolescente souffrant d’un retard intellectuel par des hommes et des garçons de Soweto, a été largement distribuée sur la toile. Cette fois les autorités n’ont eu d’autre choix que de prendre action par rapport Á  cette dure épreuve subie par cette enfant de 17 ans et de ce fait, les Sud Africains ont été obligés de prendre conscience de la violence qu’un grand nombre de femmes et de filles handicapées subissent sur une base quotidienne.

Ce n’est pas la première fois que des hommes abusaient de cette jeune fille. Elle a connu la violence en 2009 et en 2010 également mais les autorités n’ont pas réagi et n’ont arrêté personne. On ne peut que se demander si la police aurait réagi si son viol n’avait pas été filmé et si largement distribué sur le Net. Un an après, les huit présumés coupables attendent toujours d’être jugés alors que les accusations ont été abandonnées contre l’un des huit.

Bien que la violence basée sur le genre (VBG) en Afrique du Sud ait reçu beaucoup d’attention durant les dernières années, il est clair que notre société, les médias et les autorités ignorent souvent et négligent la violence subie par les femmes et les filles handicapées. Lorsqu’une société reconnaît les questions liées au handicap, elles sont ridiculisées, banalisées et stéréotypées de façon dérangeante.

La société continue Á  stigmatiser les individus avec un handicap et Á  les considérer comme infantiles et comme des poids Á  sa charge. Mais ce que la société ne réussit pas Á  comprendre c’est que les vrais handicaps ne résident pas dans une infirmité individuelle mais plutôt dans les barrières physiques et comportementales en son sein et qu’elle continue Á  exclure et Á  faire de la discrimination envers de nombreuses personnes, entravant leur accès aux droits humains de base.

Il est connu de tous que les femmes ayant un handicap sont plus vulnérables aux abus et Á  la violence sexuelle et qu’elles sont deux fois plus Á  risques d’être des survivantes de VBG que leurs homologues non-handicapées. De plus, les disparités économiques élevées et les cas de violence non-rapportés dans ce pays et en Afrique australe exacerbent davantage la vulnérabilité des femmes.

Les femmes et les enfants handicapés sont sujets Á  différentes formes d’abus dans leurs maisons, dans les crèches et les écoles – s’ils ont assez de chance pour pouvoir avoir accès Á  l’éducation. Les auteurs de ces violences sont souvent des membres de la famille, des conjoints ou pourvoyeurs de soins et dans la plupart des cas, ils sont connus des survivantes. En raison d’un manque d’accès aux soutiens sociaux, médicaux et légaux, la plupart des cas de violence ne sont jamais rapportés et donc inadéquatement traités.

Nous devons autonomiser, éduquer et soutenir les femmes et les enfants, en particulier ceux plus vulnérables Á  la violence et aux abus sexuels. Trop souvent, nous voyons les lacunes d’une approche individuelle. En réalité, il est important de lier les questions de VBG avec les droits des handicapés, les droits économiques, aux luttes contre le VIH et en particulier Á  l’éducation car une approche globale permet de créer des succès durables et Á  long terme. Il est particulièrement intéressant de noter qu’après la Journée Mondiale du SIDA, que la haute prévalence de VBG chez les femmes handicapées est directement liée Á  la hausse des taux d’infections au VIH parmi elles.

La célèbre phrase internationalement reconnue qui dit « Rien Á  notre propos, sans nous » est souvent évoquée dans les cercles des droits de personnes handicapés pour rappeler aux structures des biens portants de la société qu’elles doivent Å“uvrer pour l’inclusion des besoins de tous ses citoyens. Cependant, cette phrase ne voudra rien dire si autant de personnes handicapées occupant des positions de leadership ne s’activent pas de façon continue Á  démanteler le sexisme et Á  élaborer des stratégies pour la mise sur pied d’une structure qui fera des plaidoyers tangibles contre le viol et les abus Á  la base.

Des centres pour survivantes de viol, pour enfants victimes d’abus, les organisations des droits des femmes et les groupes de plaidoyers légaux doivent être vus non pas comme des organisations de charité mais comme des personnes qui vont au front et qui militent pour atténuer la pandémie de la VBG. Ils s’activent Á  soutenir les survivantes, Á  éduquer sur l’application des lois et Á  faire le suivi des procédures légales pour s’assurer que la justice soit appliquée. Mais cette tâche immense ne peut être entreprise sans que les organisations non-gouvernementales ne quittent leur secteur pour collaborer entre elles et avec les départements médicaux, légaux et gouvernementaux afin de trouver une solution inclusive, efficace et durable.

Les médias ont aussi un rôle crucial Á  jouer en rapportant et en éduquant la société Á  propos de la vulnérabilité accrue des femmes et des filles handicapées. Plus important, ils peuvent contribuer Á  démanteler le langage discriminatoire et les représentations qui perpétuent les stigmatisations et les stéréotypes autour du handicap et du genre. Toutes les campagnes éducatives et de sensibilisation ne doivent pas seulement être responsables et inclusives mais les voix et expériences des personnes handicapées doivent aussi dicter et déterminer les stratégies Á  être appliquées.

La tendance générale de faire un plaidoyer pour l’emploi des personnes handicapées sans une considération propre Á  l’autonomisation des enfants handicapés Á  travers l’éducation, n’apportera pas de solution durable permettant d’appliquer les droits de tous. Il faut un équilibre, un poids égal placé sur l’accès Á  l’éducation de qualité, aux services médicaux et professionnels et plus important la protection contre la violence et les abus. Il est crucial que les efforts destinés Á  traiter cette violence aillent dans la prévention et pas que la réaction. Notre approche envers les femmes et les enfants handicapés doit être globale.

Gaby Sanchez est une consultante spécialisée dans le handicap et les droits du genre et une activiste de l’éducation inclusive. Cet article du service d’information de Gender Links fait partie de la campagne des 16 jours contre la violence envers les femmes et les enfants.

 

 


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