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Maurice: L’étude « War@Home » de Gender Links (GL) menée dans plusieurs pays de la Communauté de Développement de l’Afrique australe (SADC) a révélé des niveaux très élevés de violence envers les femmes dans toute la région. Même Á Maurice où une femme sur quatre a avoué avoir vécu la violence au moins une fois dans sa vie et où près d’un homme sur quatre a reconnu avoir agressé sa partenaire au moins une fois au cours de son existence. Mais plus choquants encore ont été les résultats du questionnaire d’attitudes et de perceptions quant aux rôles de la Mauricienne et du Mauricien dans leur vie de couple. Ce même questionnaire administré auprès des étudiants de l’Université de Maurice (UOM) dans le cadre du Sommet national de GL, tenu les 22 et 23 avril Á l’hôtel Gold Crest, Quatre-Bornes, indique fort heureusement que l’espoir est permis avec la jeunesse.
C’est triste Á dire mais la violence est universelle. Et l’Afrique australe n’a rien Á envier en la matière aux pays occidentaux. GL a mené l’étude « War@home » dans plusieurs pays de la région, Á commencer par quatre provinces en Afrique du Sud. Dans trois d’entre elles, en l’occurrence au Limpopo, au Western Cape et dans le KwaZulu Natal, 77%, 45% et 36% des femmes respectivement interrogées ont dit avoir subi la violence au moins une fois au cours de leur existence. Et 78% des hommes interrogés dans la province du KwaZulu Natal, 48% de ceux sondés au Limpopo et 35% des hommes du Western Cape ont reconnu avoir été violents envers leur partenaire au moins une fois dans leur existence.
Les Mauriciens qui pensaient que les résultats de l’étude mauricienne, menée conjointement avec le Mauritius Research Council, étaient exagérés, ont été confrontés Á la dure réalité au début de 2014. En effet, plusieurs faits divers sanglants sont venus mettre un visage sur les statistiques et donner du poids Á la lutte des activistes du genre réclamant l’application du Protocole de la SADC sur le Genre et le Développement, notamment la disposition demandant aux Etats membres de réduire de moitié les niveaux de violence envers la femme d’ici 2015. Car entre janvier et mars dernier, au moins six Mauriciennes ont été assassinées dans des conditions atroces, le crime le plus crapuleux étant celui d’une quinquagénaire démembrée et dont les restes ont ont été retrouvés dans une digue située Á quelques kilomètres de son domicile.
Cette violence brutale et gratuite envers les femmes peut s’expliquer notamment par la perpétuation du modèle sociétal patriarcal faisant de l’homme le maître incontesté de tout et de la femme sa subordonnée en tout et pour tout. Cette attitude dominatrice est visible dans les résultats du questionnaire d’attitudes et de perceptions administré dans les pays où l’étude War@home a été menée. Parmi les questions figurant dans le questionnaire, il y a notamment celles disant que la femme doit obéir Á son mari, qu’elle doit lui verser son salaire, qu’elle n’a pas le droit de refuser d’avoir des rapports sexuels avec lui, qu’un homme a le droit de punir sa femme si elle défie son autorité ou encore qu’une femme ne peut rien dire si son mari entretient des relations extraconjugales. Les interrogés doivent dire s’ils partagent totalement ces avis, un peu ou pas du tout.
Dans les pays où l’étude a été menée, il a été noté qu’un grand nombre de femmes acceptent de se soumettre aux diktats des hommes. Ce questionnaire a été administré Á un groupe d’étudiants de l’Université de Maurice. Si la majorité des 15 interrogés, garçons et filles confondus, ont rejeté ces comportements, il est Á noter que 20% d’entre eux acceptent sans broncher que la femme doit obéir Á son mari. Et 30% sont d’avis que la femme doit demander l’autorisation Á son mari avant d’accepter un emploi. Kishan Kurmudharry, 23 ans, est de ceux-lÁ . Il avance le plus sérieusement du monde que les femmes sont et seront toujours «inférieures » aux hommes. Tout comme il trouve anormal que les hommes en couple participent aux tâches ménagères. De plus, selon lui, une femme ne peut rien faire et ne doit pas dissuader son mari si celui-ci veut avoir des aventures extraconjugales.
La majorité des interrogés toutefois ne partagent heureusement pas cet avis. Haseeta Parboo, 19 ans, est outrée par les résultats de ce questionnaire d’attitudes et de perceptions. A ses yeux, il est impensable que les femmes soient traitées différemment des hommes. Elle est pour l’égalité en tout. Avishek Bhunjun, 23 ans, va même plus loin. L’égalité ne suffit pas. « La femme mérite d’être traitée avec le plus grand respect ».
De son côté, Yeshna Dindoyal, 19 ans, estime que la femme mérite les éloges pour les multiples rôles qu’elle cumule. L’énoncé le plus choquant du questionnaire d’attitudes et de perceptions selon elle est « Men should have the final say in all family matters. » « Pourquoi doit-il en être ainsi ? D’autant plus que les hommes ne sont pas toujours rationnels. La femme doit être entièrement libre de ses décisions ».
Même si chacun a ses propres normes, la violence et les inégalités ne doivent en aucun cas être tolérés. C’est une question d’égalité du genre et de respect des droits humains.
Aurélie Lodoiska fait partie des quatre étudiants de l’Université de Maurice ayant été sélectionnés pour participer Á la newsletter axée sur le Sommet national de GL portant sur le Protocole de la SADC@l’Å“uvre.
Comment on Attitudes et perceptions par rapport aux femmes: l’espoir est permis avec les jeunes