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Aurore Lacloche, 48 ans, ancienne volleyeuse de l’équipe nationale de volley-ball a fait du chemin depuis qu’elle a abandonné les terrains de volley. Elle croule d’ailleurs sous les responsabilités. Elle est membre de l’Académie Olympique de Maurice, du Comité Olympique de Maurice, du Trust Fund for Excellence in Sports, du Comité Pierre de Coubertin, directrice de cours en administration sportive pour le compte de la Solidarité Olympique (CIO), joueuse et entraîneur de volley-ball et «Acting Physical Education Organiser » au ministère de l’Education depuis janvier dernier. Le moins que l’on puisse dire est qu’Aurore Lacloche a une expérience approfondie de la chose sportive.
Mais elle a une tête bien pleine aussi. Après ses études secondaires, elle s’oriente vers la compatibilité et complète le «London Chamber of Commerce Accounting (Higher Level) ». Cinq ans plus tard, elle décroche un «Teacher’s Diploma » en éducation physique, domaine où elle approfondit ses connaissances et dans lequel elle obtient un «Bachelor of Education (Hons) Physical Education ».
Elle a toujours été touche-Á -tout comme en témoignent les ateliers de formation et les stages auxquels elle a pris part: cours de First Aid, d’informatique, d’auto-défense, suivi le programme « FIFA for Health » et des cours de recyclage en éducation physique, athlétisme, handball, gymnastique, badminton, volley-ball et d’autres cours sportifs organisés par les ministères de l’Education et de la Jeunesse et des Sports.
Aurore Lacloche a aussi joué au football. Mais c’est surtout en volley-ball tant au niveau national qu’international. Elle y a laissé son empreinte et en conserve plusieurs médailles d’argent, de bronze et une participation Á la Coupe du Monde en Espagne en 1990. Elle a brillé dans plusieurs clubs de volley qui ont remporté le championnat Á chaque fois qu’elle évoluait en leur sein.
Aurore Lacloche a choisi de passer de l’autre côté de la barrière en embrassant une carrière d’entraîneur. Elle possède quelques cordes supplémentaires Á son arc puisqu’elle est entraîneur de volley-ball de niveau 2 de la Fédération internationale de volley-ball et directrice de cours en administration sportive pour le compte du Comité International Olympique.
Elle a fait partie de nombre de comités d’organisation de 2000 Á ce jour et a enseigné dans plusieurs institutions du secondaire. Observatrice avertie de la chose sportive, elle explique le succès seychellois aux 8es Jeux des îles de l’océan Indien (5-14 aoÁ»t 2011) par un investissement financier réussi et la présence de ses meilleurs éléments dans des dynamiques sportives Á l’étranger.
Pour elle, volume et qualité de l’entraînement sont des facteurs non négligeables : « Je crois que tous les techniciens sportifs seront d’accord avec moi: la qualité de l’entraînement est un élément de taille. Mais il y a, bien sÁ»r, d’autres implications, comme la détection du potentiel Á un jeune âge, un encadrement spécialisé, le soutien des parents, l’alimentation appropriée et l’accès aux infrastructures sportives. »
Cela a pu se vérifier en natation avec l’apport des Mauriciennes vivant aux Etats-Unis, Heather Arseth et Stéphanie Ah-Quah. «L’arrivée de ces deux jeunes filles a apporté deux éléments majeurs Á notre équipe de natation: de la nouveauté dans le groupe et une source certaine de motivation – de rivalité même – entre les nageuses, qui, Á mon avis, a été très positive; et de réelles chances de médailles qui n’existaient pas, si on compare les performances », soutient-elle.
Rien ne remplace, en effet, les frottements internationaux et les progrès qui sont réalisés ainsi. «Si une organisation n’a pas une structure et un programme de fonctionnement en béton, les parrains se bousculeront-ils devant sa porte ? On a besoin de gros moyens financiers pour le frottement international, et pour en obtenir il faut attirer l’attention. Il faut projeter une image qui reflète la bonne santé et le sérieux de l’organisation. Une organisation sportive doit dégager une dynamique de groupe perpétuelle afin d’atteindre des objectifs d’excellence. Les conflits d’intérêt ou de personnes n’ont pas leur place au sein du sport si chacun s’adjuge une part de responsabilité pour promouvoir et développer son sport », assure Aurore Lacloche.
Le succès d’une organisation sportive découle aussi de la confiance qu’elle inspire. D’où la nécessité d’une politique sportive bien définie. « J’ai lu dans la presse que d’autres observateurs ont décrié l’absence d’une vraie politique sportive Á Maurice. Il faudrait d’abord définir ce terme. Est-ce le fait d’avoir des personnes qui s’occupent du sport ? Ou avoir un programme bien établi pour le sport, comprenant la planification, l’implémentation et l’évaluation? »
Il fut un temps où l’élite sportive mauricienne pouvait prétendre intégrer des dynamiques étrangères et y monter en grade. Aurore Lacloche estime que nous devons analyser le contexte de l’époque et en tirer des leçons. « On a eu des cas où des recruteurs étrangers s’intéressaient Á nos jeunes espoirs, allons identifier l’époque, et les résultats de cette même époque. Quelles étaient les structures d’entraînement alors ? Je crois pouvoir dire que c’était la période 1985-1995 avec des athlètes qui s’entraînaient avec passion matin et soir, uniquement pour récolter des médailles. D’accord en ces temps modernes l’aspect financier a plus d’intérêt, mais on aurait dÁ» avoir progressé de façon spectaculaire ! Que voyons-nous aujourd’hui: certains athlètes s’absentent régulièrement de leurs séances d’entrainement pour des raisons parfois banales. Pourquoi nos jeunes ne se passionnent plus pour la pratique du sport de compétition, » s’interroge-t-elle.
Aurore Lacloche regrette l’absence des anciens athlètes de haut niveau du système sportif. « Je n’en vois plus beaucoup dans notre paysage sportif ; leurs connaissances et expériences sont vitales pour le développement du sport local », déclare-t-elle. L’avenir, selon elle, c’est le sport-études et le soutien nécessaire aux athlètes de haut niveau afin qu’ils puissent embrasser « une carrière professionnelle dans le monde du sport ». « Le haut niveau se conjugue avec études et professionnalisation », martèle notre interlocutrice.
Un début de solution serait un programme national de détection de jeune sportifs et des structures d’entraînement dans toutes les régions de l’île avec un encadrement technique et administratif spécialisé dans le domaine sportif.
Elle lance un appel aux parents. «Le sport n’est pas synonyme d’échec scolaire », avance-t-elle. Elle souhaite aussi que les «membres des organisations sportives prévoient des activités pour tous les groupes d’âge ».
La finalité n’est pas qu’une question de médailles d’or. Augmenter le nombre de sportifs pratiquants, c’est permettre au gouvernement de réduire le budget que consacre le ministère de la Santé aux maladies non-transmissibles telles que le diabète, l’hypertension et les problèmes cardio-vasculaires.
Robert D’Argent est journaliste Á Maurice. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.
Comment on Aurore Lacloche : «le sport n’est pas synonyme d’échec scolaire »