Briser les préjugés pour assurer la promotion des femmes dans les médias


Date: June 6, 2013
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Depuis une dizaine d’années, la femme congolaise a fait une percée fulgurante dans le monde des médias. Il suffit de faire un tour dans les différentes rédactions pour le réaliser.
Selon une étude récente, l’Institut Facultaire des Sciences de l’Information (IFASIC), le principal pourvoyeur des professionnels des médias en République Démocratique du Congo (RDC), 70% des places dans les auditoriums sont occupées par les filles, contrairement Á  autrefois.

Les garçons y font figure d’étrangers. En peu de temps et selon des statistiques datant de 2008, la configuration dans les médias en RDC est la suivante : 22% de femmes contre 78% d’hommes. Une étude menée par Gender Links (GL) en collaboration par l’Union Congolaise des Femmes des Médias (UCOFEM) et intitulée « Les plafonds de verre: hommes et femmes dans les médias de l’Afrique australe », il est dit que « la représentation des femmes dans les entreprises de presse de la RDC est faible Á  trois niveaux de hiérarchie. » Il s’agit des postes de direction où les femmes ne sont que 8% contre 92% d’hommes, de l’équipe de gestion où elles sont 18% contre 82% d’hommes et du conseil d’administration où lÁ  encore, elles ne sont que 18% contre 82% d’hommes.

Dans la pratique professionnelle, les femmes des médias bénéficient des mêmes droits et sont soumises aux mêmes devoirs que leurs confrères avec qui elles réalisent des reportages Á  pied d’égalité. Cependant, malgré l’intérêt qu’elles montrent, il se dégage un constat inquiétant, Á  savoir que « les femmes des médias éprouvent des difficultés Á  accéder aux hautes fonctions décisionnelles au sein de leur rédaction », comme le souligne l’étude conjointe GL et UCOFEM.

Christine NYEMBO Feza, ancienne administratrice technique Á  l’Agence Congolaise de Presse (ACP) et présidente honoraire de l’Association des Journalistes de la Presse Féminine « AJPF », avance deux raisons pour expliquer ce constat: « Il y a d’abord les préjugés de la part des décideurs hommes et ensuite l’entrée tardive des femmes dans la profession ». Elle pense aussi que c’est « l’égoÁ¯sme des hommes et leur complexe de supériorité qui les poussent Á  ne pas vouloir accepter que la femme est arrivée aussi loin qu’eux ».

Pour preuve, a-t-elle soutenu, « les femmes réussissent certains reportages et dirigent des émissions lÁ  où leurs confrères éprouvent des difficultés ». On se souviendra des émissions « Deux sons de cloche » de Chantal Kanyimbo sur la RTNC, « Mpifo » de Solange Kwale sur Antenne A ou encore de « Po na Ekolo » de Sylvie Bongo sur Raga TV. Par rapport au retard des femmes au sein de l’entreprise de presse, tout en demandant Á  ses consÅ“urs de prendre leur mal en patience, elle les exhorte Á  travailler dur et Á  être compétitives car il s’agit lÁ  d’un processus naturel.

Toutefois, elle relativise la situation en faisant remarquer que l’on enregistre déjÁ  des avancées. Et de citer son propre cas quand elle a été nommée administratrice technique Á  l’ACP et celui de Nicole Dibambu, actuelle directrice générale Á  la RTNC et d’autres consÅ“urs occupant des postes de responsabilité dans leur rédaction. Elle cite aussi dans la foulée, Liliane Modju, directrice de l’information Á  la RTV Elikya, Marie Ange Mushobekwa, rédactrice en chef Á  AA et des chefs d’édition des journaux télévisés qui sont des femmes.

Lorsque l’UCOFEM avait rendu public les résultats de l’enquête ci-dessus menée conjointement avec Gender Links, la majorité des femmes interrogées avaient avancé comme raison principale d’obstacle « la confrérie des anciens qui sont des hommes » alors que les hommes eux disaient que « les femmes ne postulent pas ». Tout compte fait, les hommes et les femmes disent aujourd’hui par que la responsabilité incombe Á  « une absence de politiques pour l’avancement des femmes ».

De son côté, Augustine BANZI Bambela, rédactrice en chef du desk Genre Á  l’ACP confirme la situation, tout en dénonçant la propension des filles Á  se tourner vers l’audiovisuel au lieu de la presse écrite. A titre d’exemple, elle a indiqué que sur 117 journalistes Á  la rédaction de l’ACP, il n’y a que 17 femmes. « Sur les 50 directeurs que compte l’ACP, je n’ai que deux consÅ“urs avec moi. Les rédacteurs en chef(RC), leur adjoint et secrétaires de rédaction femmes se comptent sur les doigts de la main.

Elle se dit tout de même optimiste par rapport Á  l’avenir en espérant que l’application du Protocole de la SADC sur le genre et le développement adopté le 17 aoÁ»t 2008 qui veut « une représentation dans tous les secteurs et Á  tous les niveaux du travail des médias, ainsi que l’égalité des voix entre les femmes et les hommes Á  travers les médias d’ici 2015 » soit une réalité.

Arthur Kayumba est journaliste en RDC. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.

 


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