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Qu’adviendra-t-il si les institutions éducatives ne parviennent pas Á éduquer la prochaine génération sur l’importance de la santé, de la sexualité et des droits humains? Les femmes mourront.
Ce fut un des sujets discutés au cours de la conférence de la Commission sur le Statut de la Femme cette année Á New York sous le thème de la promotion de l’accès des femmes et des filles Á l’éducation, la formation, la science et la technologie.
Thème conforme au Protocole de la SADC sur le Genre et le Développement et dont les dispositions cherchent Á défier les stéréotypes dans l’éducation et Á éradiquer la violence basée sur le genre dans les institutions éducatives.
Mais lorsque nous parlons d’éducation, nous avons tendance Á oublier que l’éducation va au-delÁ des sujets universitaires étudiés menant Á l’obtention de certificats et de diplômes. Si nous voulons réduire de moitié la violence basée sur le genre d’ici 2015, disposition qui figure aussi dans le Protocole de la SADC, les gouvernements doivent offrir Á l’école une plus grande variété de sujets permettant de traiter la stigmatisation, la discrimination et les stéréotypes.
J’ai écouté l’intervention de quatre conférencières Á propos de questions d’éducation sexuelle et reproductive et des droits de la femme Á une interruption volontaire de grossesse médicalisée et d’égalité de traitement en tant que minorité sexuelle.
Tous ont été d’accord sur le fait qu’il faut davantage d’éducation autour de ces questions sensibles.
«L’éducation, la santé et les droits humains n’ont pas trouvé leur place Á l’école, » a argué Gill Greer, directrice générale de la Fédération Internationale de la Parenté Planifiée, notant que de tous les Objectifs du Millénaire pour le Développement, les progrès les plus insignifiants ont été réalisés par rapport au cinquième objectif qui concerne la santé maternelle. «Les femmes sont en train de mourir non pas parce que nous ne savons pas comment les soigner mais parce que la société est incapable de prendre une décision. »
Greer estime que l’impact de l’avortement illégal est celui de la pauvreté car 90% de ces avortements ont lieu dans les pays en voie de développement où 40% des mortalités maternelles peuvent être prévenues. «Les femmes n’ont pas le pouvoir de dire non au sexe non-protégé et 21.6 millions de femmes dans les pays en voie de développement ont besoin d’être soignées pour complications post-abortives. C’est un champ de mines en Afrique. C’est pour nous un impératif moral d’aborder cette question. »
Jacqueline Nolley de Catholics for Choice a raconté une anecdote dérangeante Á propos d’une femme emprisonnée durant 30 ans Á El Salvador. «Accusée d’avortement clandestin et subséquemment d’homicide, elle a été poursuivie et condamnée Á 30 ans de réclusion. En fait, elle avait fait une perte naturelle et la police a dit qu’il s’agissait d’un avortement clandestin. L’avortement est un crime Á El Salvador et de ce fait, cette femme a été condamnée Á 30 ans de prison. »
Il y a tellement d’histoires humaines non racontées qui méritent de l’être afin qu’un changement s’opère et que les gens arrivent Á être éduqués. Pourquoi ne pas raconter ces histoires en salles de classe où l’on étudie aussi l’algèbre, l’histoire de l’humanité et l’alphabet?
Au cours de cette conférence, il a aussi été question de l’inquiétude grandissante Á propos de la question de viols «correctifs » de lesbiennes en Afrique australe, question intimement liée Á l’avortement et aux droits reproductifs.
Carrie Shelver de 1 in 9 Campaign a souligné que la Constitution sud-africaine est un modèle par rapport Á la condamnation de la discrimination basée sur le sexe ou l’orientation sexuelle. L’Afrique du Sud est l’unique pays d’Afrique australe qui ait légalisé le mariage gay.
«Et pourtant, les homosexuels et les lesbiennes subissent une violence extrême, » a précisé Carrie Shelver. «L’Afrique du Sud est connue pour être la capitale du viol. Les droits sexuels des lesbiennes doivent être examinés d’urgence. »
Son association se nomme 1 in 9 car il est estimé qu’un sur neuf survivants de viol rapporte son viol Á la police. «Ils ne croient pas dans la viabilité du système de justice car les violences secondaires ont souvent lieu sur les lesbiennes et les travailleuses du sexe une fois que les cas sont rapportés, » dit Shelver.
Gro Lindstad, la modératrice de la session, directrice de FOKUS, Forum pour les Femmes et le Développement, a déclaré aux participants que Ban Ki-Moon, secrétaire général des Nations Unies, est très préoccupé par ces questions, notant que la dépénalisation de l’avortement doit être prioritaire.
Il a tous les droits de se sentir concerné.
Les droits humains signifient aussi que les femmes aient droit Á des soins post-abortifs. Les femmes ne devraient pas mourir Á cause d’un avortement. Les lesbiennes ne doivent pas craindre de rapporter leur viol Á la police. Plus d’éducation est ce dont on a besoin maintenant.
«Vingt-deux millions de femmes n’ont pas d’autre choix que de voir quel avorteur clandestin est moins cher, au péril de leur vie », a dit Greer. «L’éducation sexuelle est un must et ceux qui pensent que cela aura pour effet d’inciter les jeunes filles Á avoir une activité sexuelle précoce ne font que blâmer le parapluie par temps de pluie. »
Loga Virahsawmy est directrice du bureau francophone de Gender Links. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.
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