SHARE:
Abidjan, 30 novembre: Les Ivoiriennes sont sous représentées dans les métiers liés au secteur des technologies de l’information et de la communication (TIC), lÁ où les Ivoiriens sont pourtant en grand nombre. Et ceci pour des raisons les plus diverses. La tendance commence toutefois Á s’inverser, même si elle est lente. En effet, de plus en plus des groupes de femmes émergent dans le secteur des TIC et sont en train de relever le défi dans ce pays d’Afrique de l’ouest en sensibilisant et encourageant les autres femmes et filles Á leur emboîter le pas.
Les stéréotypes liés au genre ont encore tendance Á faire des métiers du secteur des TIC «des métiers d’hommes » dans de nombreux pays d’Afrique, y compris en Côte d’Ivoire. Alors que tous les métiers sont en principe ouverts aux hommes comme aux femmes, certains sont aujourd’hui encore considérés comme typiquement «masculins » ou «féminins ». Ces préjugés ont tendance Á orienter les choix de carrière des garçons et des filles. Par conséquent, les filles ou les femmes sont sous-représentées dans l’ingénierie et l’informatique. Ces stéréotypes plombent souvent la volonté des jeunes filles Á choisir leur filière d’études supérieures et leur profession en fonction de leurs intérêts personnels et de leurs talents.
Selon les estimations de l’Union Internationale des Télécommunications (UIT), plus de deux millions d’emplois dans le domaine des TIC ne pourront être pourvus dans les années qui viennent faute de compétences locales. Cela leur prendra un peu plus de temps mais les jeunes filles et les jeunes femmes qui étudient actuellement la programmation, le développement d’applications et l’informatique seront ainsi en bonne position pour entamer une carrière dans le secteur des TIC et cela leur permettra d’acquérir leur indépendance économique. « Donner aux jeunes filles et aux jeunes femmes les moyens d’exploiter pleinement leur potentiel en utilisant les TIC sera bénéfique, non seulement pour elles mais aussi pour toutes les sociétés et toutes les économies », déclare Brahima Sanou, directeur du Bureau de développement des télécommunications de l’UIT.
La Côte d’Ivoire est déterminée Á réduire la fracture numérique entre les hommes et les femmes. Et ceci par des actions conjuguées des pouvoirs publics et des organisations engagées dans le secteur des TIC. L’Etat ivoirien s’est résolument inscrit dans cette mouvance en particulier lors de la Journée mondiale des jeunes filles dans le secteur des TIC, le 26 avril. Cette journée découle de l’adoption de la résolution 70 lors de la conférence des plénipotentiaires de l’Union Internationale des Télécommunications (UIT), tenue en 2010 Á Guadalajara au Mexique, et au terme de laquelle, il a été décidé d’intégrer le principe de la parité hommes/femmes dans l’application de tous les programmes et plans de l’UIT.
Il a aussi été décidé et de créer un nouveau réseau mondial des femmes décideurs dans les TIC. A travers la célébration de cette journée, l’objectif de la communauté internationale est de permettre la création d’un environnement favorable Á l’autonomisation des jeunes filles, et susceptible de les inciter Á envisager une carrière dans le secteur des TIC, qui est en essor. C’est avec la conscience des enjeux politiques, économiques et sociaux que présente une telle problématique qu’un salon des Journées nationales des Technologies de l’Information et de la Communication (JNTIC) a été organisé.
Ce salon constitue une plateforme de prédilection où sont débattus tous les problèmes du secteur et c’est aussi l’occasion de prendre des décisions qui permettront d’atteindre l’objectif de créer en Côte d’Ivoire les fondements d’une vraie économie numérique qui garantisse un accès équitable Á la connaissance pour tous.
Au niveau des organisations engagées dans le secteur des TIC, les activités ne manquent pas. En juger par les initiatives prises et les nombreux projets en cours. Il y a notamment les actions menées par « Femmes et TIC » qui se veut une force de propositions dans la prise en compte du genre et des TIC auprès des gouvernants et d’autres corps parapublics. Selon Christelle Assirou, présidente de cette organisation, l’objectif recherché est de promouvoir l’usage des TIC auprès des femmes, de leur dispenser des connaissances et de renforcer leurs capacités. Il est question de changer les attitudes et d’élargir les horizons des jeunes filles pour leur faire découvrir tout le potentiel qu’offre le secteur des TIC. « Nous ambitionnons d’apporter une pierre édificatrice Á tous ces efforts déjÁ entrepris. C’est une première en Côte d’Ivoire et nous comptons rayonner ici, sur toute la sous-région et sur l’Afrique entière! Les technologies de l’information pour toutes et pour tous, c’est notre devise », affirme-t-elle.
Une autre femme passionnée des TIC, Mireille Houndji, ingénieure en conception de systèmes d’information, consultante en gouvernance de l’Internet et point focal pour la Côte d’Ivoire au niveau du Forum Ouest africain sur la Gouvernance de l’Internet, pense que les femmes doivent prendre la place qui leur revient dans le domaine des TIC. D’où la conception de programmes de formation destinés aux filles et aux femmes Á travers l’organisation de séminaires, de rencontres, de partage d’expériences entre femmes passionnées des TIC, exerçant dans le domaine et des filles et des femmes qui s’intéressent au secteur mais sans savoir où aller.
L’action d’une communauté de femmes de Côte d’Ivoire, basée Á Abidjan, fait aussi école. Une communauté de passionnées des TIC a vu le jour depuis 2012 et se nomme «Les Amazoon du web”, en souvenir de ces guerrières de la mythologie grecque qui vivaient sans hommes et qui s’en sortaient très bien. Une révolution s’opère avec l’avènement de ces ”Amazoon du Web”. Ce groupe de jeunes femmes, qui rivalisent de compétences avec les hommes, met progressivement fin Á la primauté des hommes dans le secteur des TIC. Elles sont convaincues que les femmes sont faites pour les métiers des TIC et que ce secteur porteur contribuera Á leur autonomisation économique. Elles ont aidé beaucoup de filles et de femmes Á asseoir des microprojets dans le domaine du e-business. Plusieurs d’entre elles font actuellement de la vente en ligne et de très bonnes affaires.
«Je pense que les filles doivent souvent faire des efforts supplémentaires dans un univers d’hommes où l’on attend toujours plus d’une femme. Cela peut être perçu comme une difficulté mais aussi comme un challenge. Pour émerger et réussir dans les TIC, il ne faut jamais se décourager. Il faut avoir une ambition fixe et précise et se donner les moyens d’y arriver. Il faut aimer la recherche et se mettre Á jour au quotidien. Mon message aux filles et aux femmes d’Afrique sont que les TIC sont ouverts Á tous. C’est un métier d’avenir, n’hésitez pas Á vous lancer dans le domaine et Á vous faire valoir », exhorte Sika Houessouvi, développeur-intégrateur Web.
Avec une telle bénédiction du gouvernement et des organisations non-gouvernementales prêtes Á offrir les formations nécessaires pour que les Ivoriennes développent leurs compétences dans ce secteur, ces dernières ne doivent plus hésiter et foncer. Leur avenir est aussi dans cette voie.
Augustin Tapé est journaliste en Côte d’Ivoire. Cet article fait partie du service d’information de Gender Links qui apporte des perspectives nouvelles Á l’actualité quotidienne.
Comment on Cote d’Ivoire : Les femmes veulent prendre la place qui leur revient sur la toile