Coupe du Monde de football : Les médias audiovisuels congolais ont aligné des femmes

Coupe du Monde de football : Les médias audiovisuels congolais ont aligné des femmes


Date: September 16, 2014
  • SHARE:

Kinshasa, 15 juillet: Le sport et plus particulièrement le football, a pris une place de choix dans la programmation des chaînes de télévision et des stations de radio de la République Démocratique du Congo et ce, depuis le début de la Coupe du Monde au Brésil. Avec un nombre total de matches Á  retransmettre en direct ou en différé, il fallait bien s’y attendre. Dans cette programmation spéciale, il était intéressant pour moi, en tant qu’activiste du genre, de voir comment les médias congolais se comportaient vis-Á -vis de la parité. Sans avoir été rivée devant mon petit écran pour suivre tous les matchs, j’ai effectué un mini monitorage en suivant la programmation des trois grandes chaines comme la RTNC, Digital Congo et Antenne A. Lors du décompte final, tout indiquait que dans l’alignement des animateurs de ces tranches sportives, le genre a bel et bien été considéré.

La télévision nationale vient en tête avec un service de sport riche de six femmes chroniqueuses sportives et une monteuse. Les chroniqueuses sont Laetitia Dembo, Alida Mbonsey, Chantal Lukwasa, Huguette Mbulapasi, Mimiche Omatuku, Mireille Kisema. Leur travail est apprécié Á  sa juste valeur Á  l’intérieur de la maison, par les téléspectateurs comme par leurs consÅ“urs. «J’ai déjÁ  eu Á  travailler avec certaines d’entre elles et j’ai du respect pour le travail qu’elles font. Je sais que cela n’est pas toujours facile pour elle du fait que le milieu sportif soit très macho. Mais elles se battent pour faire leur place et ce, par un travail de qualité », confie Catherine Lisongo, journaliste Á  la radio nationale.

Parmi les téléspectateurs qui les écoutent, il y a Anselme Mampuya qui partage son avis : « Je suis régulièrement les commentaires des matches diffusés par la RTNC et j’apprécie particulièrement la chroniqueuse Laetitia Dembo. Elle est vraiment Á  la hauteur. On sent qu’elle connait son travail: l’historique de la Coupe du Monde, les spécificités des équipes etc. Ses analyses sont pertinentes. Je la suis depuis quelques temps et elle s’est défend bien. »

Une autre chaine qui fait le bonheur des sportifs est sans nul doute Digital Congo. Son service de sport composé de sept chroniqueurs dont trois jeunes femmes, essaie toujours de faire la différence dans le traitement et la présentation de l’information footballistique. Et c’est souvent un binôme femme-homme qui anime les tranches sportives avec toute l’énergie que l’on connait des sportifs. Bijou Idi, responsable de la rédaction chez Digital Congo, reconnait les compétences de trois dames de ce service. « Dans cette équipe de sept, nous avons trois chroniqueuses extraordinaires en les personnes de Natalie Yoko, Mamy Lungambo et Olga Masangu ». En termes de pourcentages, cela fait 42,8% pour les femmes contre 57,2% pour les hommes.

De son côté, la station Antenne A veut aussi maintenir le cap. Ses émissions sportives sont parmi les plus suivies et depuis plus de dix ans, une femme fait la différence. Il s’agit de Marceline Mukulumania qui a marqué le public par sa passion pour le sport. Même si elle n’est pas alignée Á  plein temps dans la programmation pour la Coupe du Monde en raison de ses obligations familiales, sa présence Á  l’écran reste évidente. Nathalie Bonongo, qui suit ses traces, ne démérite pas non plus. Elles sont donc Á  deux chroniqueuses contre trois chroniqueurs, soit 40% de représentation féminine. John Ngombua, directeur de la rédaction d’Antenne A, se réjouit de ce progrès: « Nous sommes un Centre d’Excellence des Médias de Gender Links et comme nous nous sommes engagées Á  améliorer la place de la femme dans les médias, c’est ce que nous faisons. »

Dans le lot, on peut également citer Radio Okapi qui appartient Á  la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en RDC (MONUSCO). C’est la seule station qui a dépêché un envoyé spécial au Brésil. Et c’est Nana Mbala qui a fait le déplacement pour cette station de radio et qui envoie Á  sa rédaction des reportages sur cet événement planétaire qui prend fin dimanche. Nana Mbala est aussi comptée parmi les meilleures chroniqueuses sportives. Elle a plus d’une fois animé les matchs en direct.

L’arrivée de chroniqueuses sportives dans les médias congolais remonte Á  la fin des années 1990. En ce temps lÁ , deux noms étaient cités: d’abord celui de Belly Mujinga Á  la RTNC et presqu’une année après, celui de Marceline Mukulumanya Á  Antenne A. Elles ont apporté un plus dans ce milieu longtemps dominé par les hommes. Marceline Mukulumanya était même au top dans sa chaine. Elles se sont inspirées des hommes qui ont fait leur nom dans le domaine tel que Lucien Tshipumpu, Kabulo Muana Kabulo, Basunga Nzinga et quelques autres encore.

Aujourd’hui, ces pionnières ont des raisons d’être fières parce qu’elles ont fait naître des ambitions qui se sont affirmées par la suite. Laetitia Dembo est de cette trempe. « Elle inspire déjÁ  d’autres filles. J’ai suivi un de ses reportages de match en direct qu’elle animait avec un autre journaliste et je ne peux que la saluer tant c’était fait avec professionnalisme. On aimerait vraiment voir ce genre de couverture médiatique d’un évènement sportif se multiplier », déclare Anselme Mampuya.

Une telle situation démontre que les médias congolais sont en train d’appliquer les articles 29 Á  31 du Protocole de la SADC sur le Genre et le Développement ayant trait aux médias, Á  l’information et Á  la communication. Articles qui réclament notamment une « participation égale des femmes dans tous les domaines et tous les niveaux du travail médiatique ».

Mais la ville-capitale de Kinshasa a plus de 100 stations de télévisions et chaînes de radios et toutes ne font pas montre de parité et de diversité. Beaucoup de chaînes ne sont pas encore accessibles aux femmes journalistes et ne leur proposent pas des opportunités de faire une percée dans les domaines encore dominés par les hommes comme par exemple le sport. Mon rêve serait de voir non seulement beaucoup de chroniqueuses sportives dans les services de ces médias audiovisuels mais également que d’autres médias s’engagent dans le même sens.

Anna Mayimona Ngemba est la directrice de l’Union Congolaise des Femmes des Médias (UCOFEM). Cet article qui fait partie du service d’information de Gender Links apporte des perspectives nouvelles Á  l’actualité quotidienne.

 


Comment on Coupe du Monde de football : Les médias audiovisuels congolais ont aligné des femmes

Your email address will not be published. Required fields are marked *