CSW 59 : La mise Á  l’écart de la société civile préoccupe


Date: March 11, 2015
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New York, 11 mars: L’ouverture de la 59e conférence de la Commission sur la Condition de la Femme des Nations Unies a marqué les esprits de deux façons. Il y a d’abord eu le fait que le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki Moon, et la directrice d’ONU Femmes, Phumzile Mlambo Nqcuka, se sont joints Á  la marche organisée Á  la veille de l’ouverture et qui aura attiré plus de 2000 délégués Á  cette importante conférence. Ce geste a démontré l’accès accru des Nations Unies envers la société civile et les groupes de féministes. En contraste, cette même bienveillance a fait défaut durant la rédaction de la Déclaration politique signée par les représentants des gouvernements et qui devait être adoptée lors de la première journée de la conférence.

Les représentants des groupes de la société civile ont exprimé leur préoccupation face Á  l’espace réduit pour l’engagement direct Á  cette conférence. Situation qui ne ressemble guère au scénario de 1995 où les plaidoyers de la société civile n’étaient pas les bienvenus mais étaient tout de même encouragés.

« En tant que membres d’une organisation non gouvernementale de la CSW Á  Genève, nous sommes vraiment préoccupées par le rétrécissement de l’espace destiné Á  la société civile auprès des Nations Unies. C’est triste que 20 ans après Beijing, il n’y ait aucun document final et qu’aucune déclaration politique n’ait été adoptée le premier jour de cette rencontre », a déclaré la présidente, Nyaradzayi Gumbodzvanda.

Cette ONG de CSW-Genève a expédié une lettre Á  la direction des Nations Unies pour exprimer sa préoccupation et souhaiter pouvoir continuer Á  militer pour un espace civique de qualité et un engagement des Nations Unies et d’autres mécanismes multilatéraux.

La réaction des Nations Unies a été de réaffirmer son soutien et de reconnaître la contribution importante de la société civile et l’objectif de mettre en valeur la participation des ONG dans les travaux de la Commission.
Cependant, quelques jours avant l’ouverture de cette conférence annuelle, les organisations féministes Á  travers le monde ont été choquées d’apprendre que le langage des droits des femmes et de l’égalité risquait d’être biffé de la déclaration politique.

«La Russie, l’Indonésie, le groupe Africain et le Saint Siège ont constamment essayé de limiter les références aux droits humains des femmes et des filles. Ces mêmes pays demandent que l’on efface les références au rôle des groupes féministes dans l’avancement de l’égalité du genre et des droits humains des femmes…. Ensemble avec d’autres, ils ont Å“uvré pour édulcorer le langage et enlever les engagements significatifs s’y trouvant, de sorte que lors du 20e anniversaire de Beijing, les femmes se retrouvent avec une déclaration qui fasse peu état de l’ampleur des défis Á  relever en faveur de l’égalité du genre et la pleine réalisation des droits humains des femmes. C’est profondément décevant ».

Les discussions post-2015 basées sur la plateforme d’action de Beijing ont suscité des réactions mitigées. «Alors qu’il y a eu énormément d’avancées depuis la plateforme d’action de Beijing, nous attendons encore de voir l’avènement d’un leadership transformatif qui respecte la dignité des femmes et qui reconnaisse leur contribution au développement des nations », a déclaré Emma Kaliya, présidente de la SADC Gender Protocol Alliance qui comprend des représentants de 15 pays de l’Afrique australe.

Se référant au discours de Ban Ki Moon durant l’ouverture de la conférence le 9 mars, elle ajoute qu’il est triste de voir qu’il y a encore des Etats membres de la SADC qui n’ont ni parlementaires, ni ministres femmes. «J’appelle tous les pays membres Á  adopter de nouvelles stratégies pour améliorer la pathétique sous-représentation des femmes en politique ». Et comme l’a souligné Mlambo Nqcuka, lors de la semaine précédente, aucun pays n’a jusqu’ici atteint l’égalité du genre.

L’ébauche de déclaration réaffirme cependant la déclaration de Beijing et la plateforme d’action de Beijing et met en avant comment «les obligations sous la Convention sur l’Elimination de toutes les formes de discriminations Á  l’égard des femmes renforcent l’égalité du genre, l’autonomisation des femmes et des filles et la pleine réalisation de leurs droits humains… »

Mais la déclaration exprime aussi la préoccupation quant aux progrès inégaux et lents et les écarts importants restants qui se manifestent dans les obstacles structurels Á  l’application des 12 thématiques critiques de préoccupation figurant dans la plateforme d’action.

Encourageant mais sonnant presque creux est l’engagement pour assurer une pleine, effective et l’accélération de l’application de la Déclaration de Beijing et de sa plateforme d’action. La réaffirmation du rôle important de l’ONU Femmes dans la promotion de l’égalité du genre et de l’autonomisation des femmes y figure aussi. Il se peut que l’appel Á  la mise sur pied de l’entité destinée Á  assurer une intégration systématique du genre, la mobilisation de ressources pour donner des résultats et faire le monitorage des progrès soit le bienvenue.

En considérant qu’il y a un consensus général Á  l’effet que le défi n’est pas d’ébaucher des déclarations et d’autres instruments prometteurs mais de s’assurer des résultats Á  travers la mise en oeuvre, il sera intéressant de voir si cette tendance se poursuit.

Virginia Muwanigwa est présidente de la Coalition des Femmes du Zimbabwe et Loveness Jambaya est employée par la Norvegian Church Aid. Cet article fait partie de la série spéciale de Gender Links sur la 59e conférence de la Commission sur la Condition de la Femme.

 


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