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New York, 12 mars: L’année 2015 est une année charnière pour l’égalité entre les sexes dans la mesure où elle sonne l’échéance des huit Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) datant de l’an 2000, de même que celle des 28 dispositions du Protocole de la SADC sur le Genre et le Développement (PSG) de 2008, inspirées de ces OMD mais couvrant des domaines jusque-lÁ non traités. Et 2015 est aussi l’Année de la Femme que les femmes de l’Afrique australe veulent plutôt entrevoir comme l’Année de la Femme africaine. Comme en 2014, les Nations Unies ont mis sur pied des comités pour revoir les OMD qui sont passés désormais Á 17 et qui ont été rebaptisés Objectifs pour le Développement Durable (ODD), la Southern Africa Gender Protocol Alliance qui est Á la base de la signature et de la ratification du PSG par les chefs d’Etats de 13 des 15 pays de la SADC, veut saisir la balle au bond et Á son tour renforcer le PSG post 2015 dont l’échéance sera pour 2030.
LAlliance, présidée par Emma Kaliya du Malawi, est un réseau d’organisations de plusieurs pays de l’Afrique australe, constituée en 2005 sous l’impulsion de Colleen Lowe Morna, directrice exécutive de Gender Links, organisation non gouvernementale de l’Afrique australe, et d’autres activistes du genre. Pour obtenir un PSG encore plus fort, la Southern Africa Gender Protocole Alliance a multiplié les sessions de travail lors de la 59e conférence de la Commission sur la Condition de la Femme, animant mardi une session comparative entre les OMD, ODD et les objectifs du PSG, se réunissant mercredi Á la haute commission du Malawi pour revoir ledit PSG et le renforcer Á la lumière des ODD, tout en y incorporant les thèmes laissés de côté comme les moyens de mesurer la violence basée sur le genre et les médias et les technologies de l’information et de la communication.
Concrètement, en quoi le PSG post 2015 sera-t-il différent de celui de 2008? L’ébauche du document qui sera finalisé vendredi, toujours Á la haute commission du Malawi, est beaucoup plus précise dans la forme, c’est-Á -dire son langage, comme dans le fond. Ainsi, en matière de droits constitutionnels et légaux, il est non seulement énoncé que les Etats membres feront la promotion de l’égalité du genre dans leurs Constitutions respectives mais que celles-ci ne soient pas en contradiction avec des lois coutumières et des pratiques traditionnelles et religieuses, qu’ils s’assurent Á ce que leurs Constitutions accorde le droit aux femmes et aux hommes de retenir leur nationalité ou prendre celle de leur conjoint et qu’ils assurent aussi l’égalité de droits et de protection aux veufs et veuves. L’accent est aussi mis sur la nécessité pour ces Etats de prendre la température des citoyens sur l’action gouvernementale Á travers l’administration de Cartes de Scores des Citoyens.
En matière d’abolition de législations discriminatoires, il est demandé aux Etats membres de dépénaliser le travail sexuel, d’abroger des lois pénalisant différentes orientations sexuelles, de reconnaître le viol marital et de légaliser l’interruption volontaire de grossesse. En matière de loi de la famille, l’ébauche du PSG renforcé prévoit notamment un traitement égal entre partenaires dans le mariage, des droits égaux aux partenaires sur des biens acquis durant le mariage et l’obligation pour les parents qui divorcent de s’occuper de leurs enfants et de verser une pension alimentaire Á leur intention.
La perception publique a toute son importance dans l’ébauche car il sera requis des Etats membres que toute mesure législative s’accompagne de campagnes de sensibilisation destinées Á montrer le lien vital entre la participation égale des femmes et des hommes dans les instances décisionnelles, la démocratie, la bonne gouvernance et la participation citoyenne. Par rapport Á l’éducation par exemple, il sera requis des Etats membres qu’ils promulguent des lois pour retenir les filles comme les garçons dans les cycles primaire, secondaire et universitaire, de s’assurer qu’il y ait la parité dans les cours d’alphabétisation adulte et qu’ils adoptent des politiques et programmes qui traitent des stéréotypes du genre, de même que la violence basée sur le genre.
Au chapitre des ressources productives, il est par exemple demandé aux Etats membres d’offrir aux hommes et aux femmes un accès égal aux facilités de financement et que les femmes des groupes autochtones puissent bénéficier équitablement des ressources extractives.
Les idées novatrices par rapport Á la violence basée sur le genre sont le lancement de campagnes concertées de 365 jours d’activisme au niveau national et local et la mesure Á environ 80% des changements d’attitudes envers l’égalité du genre en tenant compte des résultats du Score des Progrès du Genre parmi les pays de la SADC.
L’éducation sexuelle intégrée pour les adolescents figure en bonne place au chapitre des droits sexuels et reproductifs alors qu’en matière de santé, il est requis des Etats membres qu’ils fassent la promotion de styles de vie plus sains et de fournir des facilités pour le dépistage précoce des cancers, du diabète et de l’hypertension. Le rôle important des organisations confessionnelles est reconnu dans la mesure où elles sont appelées selon le PSG post-2015 Á promouvoir des changements de comportements alors qu’il est demandé que les connaissances sur le VIH/SIDA soient intégrées dans tout programme d’études. La contribution des pourvoyeurs de soins aux personnes vivant avec le Sida est reconnue, la violence sexuelle comme crime de guerre a une section qui lui est dédiée, de même que l’émigration forcée.
La transparence, le partage des meilleures pratiques, tous les aspects du changement climatique et le genre dans le contenu médiatique mais aussi au niveau de la direction ou de l’actionnariat des journaux n’ont pas été oubliés dans ce PSG Post 2015 qui sera examiné au cours du prochain sommet des Chefs d’Etats de la SADC qui se tiendra au Botswana en aoÁ»t prochain.
Bien que
Marie-Annick Savripène est le Francophone Editor de Gender Links. Cet article fait partie de la série spéciale consacrée Á la couverture de la 59e conférence de la commission sur la condition de la femme des Nation Unies, et apporte une perspective nouvelle Á l’actualité quotidienne.
📝Read the emotional article by @nokwe_mnomiya, with a personal plea: 🇿🇦Breaking the cycle of violence!https://t.co/6kPcu2Whwm pic.twitter.com/d60tsBqJwx
— Gender Links (@GenderLinks) December 17, 2024
Comment on CSW 59 : La Southern Africa Gender Protocol Alliance travaille sur le renforcement du PSG post 2015