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New York, 16 mars: Cela faisait des années que la France n’avait pas paru aussi présente Á la conférence de la Commission des Nations Unies sur la condition de la femme Á New York (CSW) qu’au cours de cette 59e édition. Outre la participation de Pascale Boistard, sécrétaire d’Etat française chargée des droits des femmes que l’on a pu voir sur plusieurs fronts, les participants auront aussi entendu notamment les points de vue de Véronique Sehier, co-présidente du mouvement français du planning familial et membre du Haut conseil Á l’égalité entre les femmes et les hommes, qui a agi comme modératrice lors d’une session, ainsi que Serge Rabier, directeur exécutif de l’association Equilibres et Populations qui est lui aussi membre du Haut conseil Á l’égalité entre les femmes et les hommes.
Au cours des années précédentes, les pays francophones et en particulier ceux membres de l’Organisation Internationale de la Francophonie, tenaient Á assister aux CSW dans le but de mettre en évidence leurs combats en faveur de la parité mais aussi pour faire entendre leurs voix dans un contexte surtout anglophone. Grande a donc été la surprise des participants cette année de voir Pascale Boistard être Á l’agenda de plusieurs sessions.
La secrétaire d’Etat chargée des droits des femmes avait pourtant annoncé ses intentions le 11 février dernier Á l’Assemblée nationale française en rappelant que l’égalité entre les hommes et les femmes est un des principes de l’Union européenne, que la France a ratifié la Convention d’Istanbul, premier texte contraignant contre les violences envers les femmes et qu’elle et ses colistiers avaient saisi la commissaire européenne chargée de l’égalité du genre afin que cette convention soit ratifiée en Europe. Elle avait ajouté qu’un plan pour améliorer l’interruption volontaire de grossesse a été lancé, avant de préciser qu’elle irait « porter la voix de la France Á l’ONU pour défendre la nécessité de promouvoir les libertés des femmes. »
Et c’est exactement ce qu’elle a fait. En débat général, Pascale Boistard a réaffirmé le soutien de la France Á l’agenda transformatif et politique de la plateforme d’actions de Pékin. Au cours d’une autre session sur l’importance de l’éducation sexuelle intégrée dans les écoles et les lieux de vie des jeunes, elle a affirmé que le «pari de l’éducation Á la sexualité intégrée en milieu scolaire et dans les lieux de vie des jeunes, c’est leur donner des solutions sÁ»res et respecter un aspect essentiel de leur vie privée qui est la liberté de se marier ou non, d’avoir un enfant ou non ».
Et que si cette éducation ne se faisait pas dans toutes les écoles, c’était en raison d’une montée de groupes radicalisés qui ne souhaitent pas que les femmes maîtrisent leur corps car c’est un enjeu politique qui modifierait les rapports entre les sexes. «Notre volonté est de réaffirmer le choix de l’école publique. Il est hors de question que tout ordre moral et religieux prenne le pas sur la loi républicaine », a-t-elle déclaré. Une fermeté en écho Á celle de son président, François Hollande, Á l’issue de la fusillade mortelle au journal Charlie Hebdo en janvier dernier.
Au cours d’une session sur le changement climatique, la secrétaire d’Etat aux droits des femmes a souligné la volonté de la France d’assurer une participation égale des hommes et des femmes dans les négociations entourant cette question. On l’a aussi entendu au cours d’une session consacrée aux femmes et Á la torture. Tout au long de ses interventions, Pascale Boistard a bien fait comprendre que la France est engagée dans la défense des droits des femmes aussi bien au niveau national qu’Á l’international.
Que faut-il déduire de cette forte présence française? Que Pascale Boistard et avant elle, Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères, ont été mandatés pour mieux positionner la France sur la mappemonde vue que ce pays abritera en décembre la conférence des parties sur le changement climatique, soit la COP 21, connue aussi comme Paris 2015 ? Ou que le président François Hollande veut que la France joue un rôle plus prépondérant sur la scène internationale et que c’est sa façon de s’y prendre? C’est peut-être un peu de tout cela Á la fois…
Marie-Annick Savripène est journaliste et Francophone Editor pour Gender Links. Cet article fait partie d’une série spéciale consacrée Á la CSW59 Á New York.
Comment on CSW: La France très présente Á ce 59eme rendez-vous des Nations Unies