Côte d’Ivoire : La féminisation des forces de défense et de sécurité est en marche

Côte d’Ivoire : La féminisation des forces de défense et de sécurité est en marche


Date: February 16, 2015
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Abidjan, 21 janvier: Les forces de défense et de sécurité ivoiriennes sont Á  l’image de la société où persiste encore une discrimination Á  l’égard des femmes. De ce fait, les femmes y sont faiblement représentées. Le gouvernement ivoirien tente, tant bien que mal, d’attirer les femmes dans ce secteur pour atteindre la parité hommes-femmes et ce, par le biais d’importantes réformes pour la promotion de la femme au sein de l’armée.

Le secteur de la sécurité et de la défense emploie plus d’hommes que de femmes. D’ailleurs, le pourcentage de femmes dans ce secteur est très faible. Dans l’armée, elles ont certes fait une timide entrée mais elles sont encore en nombre insuffisant et ne figurent pas Á  des postes décisionnels dans la hiérarchie car l’armée ne compte qu’une seule femme générale nommée en 2014. Elles ne représentent que 1% des effectifs des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI militaires) et 2% des agents des Eaux et Forêts.

C’est pire Á  la gendarmerie où il n’y a aucune femme dans son sein. Une situation qui a été longtemps décriée par plusieurs leaders féminins. S’il y a une corporation qui tire son épingle du jeu, c’est celle de la police nationale qui a intégré pour la première fois des femmes dans ses rangs en 1987. En effet, la police compte Á  ce jour 2070 femmes, tous grades confondus. Il est vrai que la police a donné le ton de la féminisation où plusieurs femmes sous-officiers, officiers et commissaires de police travaillent aux côtés des hommes mais ce taux est encore jugé faible car selon les statistiques officielles, les femmes ne représentent que 12 % des effectifs.

Les organisations féminines ivoiriennes qui mènent le combat de l’égalité hommes-femmes montent régulièrement au créneau afin de réclamer de meilleures chances de promotion pour les policières. Même la ministre de la Solidarité, de la famille, de la femme et de l’enfant, Anne Désirée Ouloto et sa collègue de la Santé, Raymonde Goudou Coffie, ont déploré, sur certaines tribunes en 2013, “l’attitude réfractaire” de la gendarmerie Á  ouvrir ses portes aux femmes. Fait qu’elles jugent comme une entrave Á  l’évolution du genre.

Si Á  la gendarmerie, on est encore Á  la traine, la police est considérée plus ou moins comme une réussite dans la prise en compte du genre. En 2014, lors d’une session de formation sur le genre organisée par le Programme des Nations Unies pour le Développement, Bredou M’Bia, directeur général de la police nationale, a réaffirmé l’engagement de la police Á  davantage se pencher sur la question du genre dans les commissariats et Á  «consolider la présence des femmes dans ce corps de l’armée ».

Une direction centrale du genre (DCG) a d’ailleurs été mise en place par les autorités policières. La politique du genre de la police nationale prend progressivement forme et désormais, les problèmes des femmes du secteur seront pris en charge par cette direction.

Les autorités ivoiriennes qui ont pris la pleine mesure de ces déséquilibres au sein des forces de sécurité et d’armée, ont mis le cap sur la féminisation avec des encouragements Á  intégrer les femmes au sein des différentes unités. Ainsi, en 2014, d’importantes réformes ont été entreprises par le gouvernement qui a autorisé pour la première fois les femmes Á  faire leur entrée dans la gendarmerie. Une décision motivée par des critiques de plus en plus acerbes des mouvements féministes.

Il a ainsi été décidé que «Á  partir de la rentrée scolaire 2015-2016, la gendarmerie nationale enregistrera l’arrivée des premières filles. Dans un premier temps, 10% du quota du nombre de personnes Á  recruter aussi bien pour les officiers que pour les sous-officiers seront réservés aux dames. La Côte d’Ivoire se met ainsi aux “normes internationales en la matière », a souligné le porte-parole du gouvernement, Bruno Nabagné Koné.

L’autre avancée, c’est l’arrivée de la première promotion de 20 jeunes filles Á  l’Ecole Militaire Préparatoire Technique (EMPT) de Bingerville. En effet, sur 119 candidats admis, 37 jeunes filles l’ont été eu regard Á  leurs performances. Ce n’est peut être pas beaucoup mais c’est déjÁ  un début.

Il y a également quatre jeunes femmes, sous-lieutenants, issues de l’Ecole des Forces Armées de Zambakro, qui se trouve au centre du pays, viennent d’intégrer l’Ecole de Gendarmerie d’Abidjan, en vue d’assurer l’encadrement des femmes qui seront recrutées prochainement.

Le défi de la féminisation du secteur des forces de défense et de sécurité est en train d’être progressivement relevé par le gouvernement ivoirien. Cependant, il importe d’encourager davantage de leadership féminin Á  la police, dans l’armée et au sein de la gendarmerie. Les femmes ne devraient pas restés confinées Á  des tâches subalternes. Elles méritent tout autant que les hommes d’occuper des postes de décision dans ces différentes unités. C’est Á  partir de lÁ  que l’intégration du genre prendra tout son sens.

L’élaboration d’une politique de procédures sectorielles et d’intégration du genre dans l’armée et la gendarmerie, la vulgarisation des textes internationaux, l’harmonisation des textes règlementaires qui régissent l’armée sont autant d’actions Á  mener par l’Etat ivoirien en vue de réussir le pari de la féminisation et de la valorisation des compétences féminines dans le secteur des forces de défense et de sécurité du pays.

Augustin Tapé est journaliste radio et web, spécialisé en genre et coordonateur de site d’information www.newsivoire.com. Cet article fait partie du service d’information de Gender Links qui apporte des perspectives nouvelles Á  l’actualité quotidienne.

 


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