Des chapiteaux neufs pour les sans abris malgaches

Les centaines de sans abris de la capitale n’auront plus Á  dormir Á  la belle étoile. La commune urbaine vient de rénover une partie de leurs lieux d’habitation. Ainsi, les 155 cahutes sales et délabrées ont cédé la place Á  des chapiteaux flambant neuf. Ceux-ci, d’une superficie de deux mètres par un mètre cinquante, ont été installés et peuvent abriter 168 familles de squatteurs.

Avec ces nouvelles installations, la commune urbaine fait le grand nettoyage d’un endroit qui était délabré et infesté de bêtes. «Cet effort fait partie de l’amélioration des conditions de vie de la population tananarivienne, notamment la population vulnérable. Dorénavant, la commune va essayer de répondre aux besoins de ce groupe », explique Dr Haja Raharindrasana, directeur de la protection sociale et de la santé publique.

Par ce geste, la commune d’Antananarivo vient Á  la rescousse de près de 530 personnes dont 227 enfants en leur offrant une vie plus décente. Nivo Randrianirina est aux anges après ce don communal. Cette mère de famille, qui exerce comme lavandière, peut enfin dormir tranquille le soir sans se soucier du temps qu’il fera et surtout des pluies. «Malgré le toit en cellophane que nous avions bricolé sur nos têtes, ma famille et moi étions malgré tout trempés quand il pleuvait. C’était mauvais pour notre santé. Nous redoutions la période des pluies », se remémore-t-elle.

Comme elle, les autres femmes vivant dans cette zone peuvent subvenir Á  leurs besoins quotidiens sans être obligées de marcher des kilomètres pour trouver de quoi nourrir leurs enfants. La commune les a également dotées de paillasses pouvant servir d’étals au cas où elles opteraient pour une petite activité commerciale.

Mais en sus de ces aides matérielles, la commune urbaine leur a promis aussi une aide nutritionnelle pendant un mois. «Chaque famille ayant des enfants en bas âge aura droit Á  un gobelet de purée et de crème de riz trois fois dans la journée », précise Dr Haja Raharinandrasana. Cela peut paraître peu mais pour ces sans abris, c’est une manne.

Ce geste de la commune satisfait plus d’un, notamment les riverains de la capitale qui passent tous les jours par cet axe. «Au moins, le quartier est devenu plus humain avec ces nouvelles installations. Mais les occupants de la place devront maintenir l’hygiène des lieux et vivre plus sereinement », avance Henri Randrianiaina, habitant du quartier d’Ampefiloha, près du centre-ville d’Antananarivo où les anciens bidonvilles étouffent la population.

Cette initiative n’est qu’une partie des efforts que la commune urbaine doit fournir car la capitale tananarivienne compte de plus en plus de sans abris, surtout après la crise sociopolitique suite au coup d’Etat perpétré Á  l’encontre de l’ancien régime dirigé par Marc Ravalomanana.

Cette crise a eu beaucoup d’impact sur le quotidien des Malgaches. Beaucoup se sont retrouvés au chômage suite Á  la fermeture des entreprises franches. D’où le nombre de pauvres en hausse en un temps record. Ceux-lÁ  survivent avec moins de deux dollars par jour. Ces sans abris envahissent aujourd’hui les quartiers luxueux de la capitale, semant la terreur et gênant les habitants des quartiers Á  cause du tapage nocturne. «Donner une nouvelle option de vie aux pauvres n’est pas qu’un acte charitable. Nous voulons que ces gens comprennent qu’on pense Á  eux et on espère que de leur côté, cela les incitera Á  changer leur vie et Á  se remettre sur les rails pour se prendre en main », conclut Faniloniaina Hantarisoa, sociologue.

Fanja Razafimahatratra est journaliste en free lance. Cet article fait partie du service d’opinions et de commentaires de Gender Links.