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Les activistes du genre sont souvent blâmés quand ils ne prennent pas position dans un cas de harcèlement sexuel ou quand une femme perd son emploi.
Est-ce parce que la personne concernée est une femme que nous devons tirer hâtivement des conclusions et blâmer l’employeur ou l’agresseur allégué qui est un homme?
Il est temps que le concept du genre soit clair dans la tête de tout un chacun. Lorsque nous parlons du genre, il ne s’agit pas d’une affaire de femmes mais des rôles et des rôles changeants aussi bien pour les femmes que les hommes au sein de la société.
Désormais les femmes défient les stéréotypes et occupent des emplois qui étaient jusque-lÁ la chasse gardée des hommes. Est-ce Á dire qu’elles doivent se comporter comme eux?
Les femmes sont encouragées Á dénoncer aux autorités lorsqu’elles sont harcelées ou victimes de discrimination. On encourage également les hommes Á aller porter plainte contre le harcèlement sexuel. Il est vrai qu’il y a moins de cas d’hommes victimes de harcèlement sexuel et les quelques rares hommes qui en font l’objet ont honte d’aller rapporter le cas aux instances appropriées.
Est-ce que nous femmes, nous devons toujours sauter dans le train, organiser des marches pacifiques, écrire des articles et interpeller les autorités quand nous entendons parler de cas de harcèlement sexuel ou de discrimination Á l’égard des femmes? Très souvent, ces cas vont en Cour ou devant des syndicats, des comités disciplinaires ou devant les instances concernées.
Le cas de Valérie Kallee contre Jacques Maunick est un bon exemple illustrant pourquoi les femmes ne doivent pas agir avec brusquerie. En février 2004, Valérie Kallee a accusé son supérieur hiérarchique de harcèlement sexuel continu et a rapporté le cas Á la police. Celle-ci a mené l’enquête et a référé l’affaire en Cour de Curepipe. Après un procès qui a traîné en longueur, Jacques Maunick a été trouvé innocent.
On m’a accusé de ne pas avoir pris position pour Valérie Kallee mais aussi pour ne pas avoir fait de même en faveur de Jacques Maunick. Je me souviens que cette affaire a été portée devant la justice peu de temps après que Colleen Lowe Morna, la directrice exécutive de Gender Links et moi avions eu une session de travail avec Jacques Maunick, qui était Á l’époque directeur de la radio nationale. Nous avions discuté de la voix des femmes dans les médias qui n’était qu’Á 17% selon les résultats de l’étude de base sur le genre et les médias de 2004, menée par Gender Links. Jacques Maunick était d’accord que la voix des femmes devrait être davantage entendue sur les ondes et estimait que la Mauritius Broadcasting Corporation était bien placée pour briser les plafonds de verre qui font stagner les femmes. Il voulait faire la radio revivre avec des émissions innovantes.
Il n’est pas nécessaire de dire Á quel point j’ai été choquée en apprenant les accusations portées contre lui et tous les détails sordides dont on l’accusait Á l’époque dans la presse. Une description était pire que l’autre. Certains activistes du genre mettaient de l’huile sur le feu en blâmant davantage Jacques Maunick. C’est purement et simplement de la diffamation et cela prend du temps pour laver la personne accusée de tout blâme. Les gens ont la mémoire sélective et ne se souviennent que de ce qu’ils veulent bien.
Sans prétendre faire la leçon Á quiconque, je vais continuer Á dire que ce n’est pas parce que l’accusatrice est une femme que nous devons automatiquement prendre position et nous battre en sa faveur. Nous devons être juste aussi bien envers les femmes que les hommes. Lorsqu’une affaire est traitée par les instances appropriées, il faut laisser la justice suivre son cours.
Je suis heureuse que justice ait été rendue et que Jacques Maunick ait gagné son cas. Souffrir en silence pendant sept longues années peut briser une personne et cela est insupportable non seulement pour elle mais aussi pour ses proches.
J’espère seulement que l’affaire Kallee contre Maunick nous serve Á tous de leçon et qu’elle nous apprenne Á être prudents avant de prendre position. C’est malheureux mais parfois certaines femmes peuvent être une entrave Á notre combat contre la violence basée sur le genre.
Loga Virahsawmy est la directrice du bureau francophone de Gender Links Á Maurice et la présidente de la Media Watch Organisation. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.
0 thoughts on “Devons-nous toujours défendre les femmes?”
Bonjour
En cherchant des infos concernant quelques amis “perdus de vue” de longue date, je tombe sur votre article concernant Jacques Maunick. Je suis heureux que justice lui soit enfin rendue.
Cette info me touche particulièrement, car Jacques fut un de mes meilleurs camarades de fac ( Sorbonne 1966-68), et ma femme et moi avons gardé de lui un excellent souvenir.
Si nous en avions l’occasion, nous pourrions nous remémorer d’émouvantes et d’amusantes anecdotes vécues dans ce merveilleux Paris des années 60, et au cours d’un mémorable séjour dans les Cévennes, en compagnie des joyeux lurons du groupe de l’Institut de Phonétique de la Sorbonne.
Lorsque nous sommes partis en coopération en Tunisie, en 1969, nous ne l’avons revu qu’une fois àParis, àl’occasion de vacances en France, au début des années 70, mais nous l’avons définitivement perdu de vue ensuite. A notre grand regret.
Si vous aviez connaissance d’un lien qui me permette de lui envoyer un message, je vous serais reconnaissant de me le communiquer.
Et merci pour cet article, qu’il aura certainement apprécié.
Très cordialement
Daniel Brillant
Grenoble
dchbr1@yahoo.fr
Excellent billet que le vôtre, Mme Virahsawmy, qui recentre le nécessaire équilibre entre le droit des femmes au respect de leur entité physique et morale, celui des hommes àla présomption d’innocence – un concept de plus en plus abstrait aux plans policiers et judiciaires – et les urgentes responsabilisation et reddition de compte pour les accusatrices qui mentent délibérément.
J’avais consacré une chronique àl’affaire Maunick. Je vous la partage ici. Salutations.
http://olivierkaestle.blogspot.com/2011/02/affaire-maunick-la-balourdise-cest-du.html