Doris Chellen: Une manager d’équipe féminine d’athlétisme venue au sport sur le tard


Date: June 28, 2011
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Doris Chellen est le manager de l’équipe féminine d’athlétisme qui participera aux 8e Jeux des Iles de l’Océan Indien (JIOI) qui se tiendront du 5 au 12 aoÁ»t 2011 aux Seychelles. Cette mordue du sport a commencé le sport de compétition sur le tard, soit Á  40 ans. Depuis, elle a montré qu’il n’y a pas d’âge pour les braves.

Toute petite déjÁ , Doris Chellen était, inconsciemment peut-être, attirée « par le côté sportif de la vie ». Elle était toujours en train de jouer au foot, quand elle ne s’amusait pas Á  vélo avec les enfants du quartier. «D’ailleurs, jusqu’Á  présent, je suis toujours en train de courir Á  droite et Á  gauche. Je suis toujours on the move. Je suis faite comme ça, que voulez vous », confie-t-elle.

Il n’y a pas d’âge pour commencer le sport de compétition. C’est Á  40 ans que cette habitante de Curepipe effectue ses grands débuts. Doris Chellen faisait jusque-lÁ  du footing pour garder la forme et elle est encouragée par Philippe Armand, celui qui sera son premier moniteur, Á  franchir un palier.

Elle prend alors part au cross régional et lÁ  surprise, elle l’emporte. Cette victoire est suivie de bien d’autres qui vont l’inciter Á  continuer. «Courir au niveau régional, c’était comme un « boost » et depuis, mon seul mot d’ordre a été de courir encore plus, d’où mon désir de courir un marathon », se souvient-elle. Encouragée par l’entraîneur national de demi-fond Jacques Lebon et l’actuel président de l’Association Mauricienne d’Athlétisme, Anand Sukhraj, Doris Chellen s’attaque Á  la mythique distance de 42,195 kms. Elle viendra Á  bout de onze marathons.

Elle dispute son dernier marathon en 2007 Á  Hongkong. Elle y réalise son meilleur temps, 3h42.43, ce qui lui vaut une troisième place sur le podium. « J’ai dÁ» mettre fin Á  ma carrière de marathonienne avec beaucoup de regrets en raison d’un problème au genou mais mon cÅ“ur reste attaché au sport, d’où le choix de partager mon expérience avec d’autres coureurs de fond. J’ai complété des cours offerts par la fédération internationale et j’ai aussi passé mon Brevet d’Etat de cadre sportif (BECS) sous l’égide du ministère de la Jeunesse et des Sports. Je suis maintenant entraîneur », ajoute-t-elle.

Doris Chellen est employée chez Promotion et Développement Ltée. Mère de deux enfants, Anne-Sophie et Sandrine, elle a pu compter sur le soutien des membres de sa famille qui ont toujours été présents et l’ont soutenue dans son parcours sportif. A chaque fois qu’elle était engagée dans un marathon, le jour de la course, tout le monde était debout Á  3 h du matin pour tout préparer. C’était une excitation au sein de la famille. C’est cette solidarité qui a fait sa force, dit-elle, et qu’elle partage aujourd’hui avec les athlètes en sa qualité de «Team Manager » de l’équipe féminine qui participera aux 8es JIOI.

« Peu de femmes sont attirées par l’athlétisme aujourd’hui, fait attristant. Beaucoup de nos athlètes arrêtent après leurs années scolaires et ne reviennent plus. Parfois, c’est par rapport au travail ou Á  la vie conjugale ou alors elles ne veulent plus se priver car être athlète demande beaucoup de volonté et de sacrifices. Pratiquer l’athlétisme est un mode de vie, d’où le rôle très important des encadrants qui consiste Á  leur faire ressentir cet engouement pour le sport dès leur jeune âge et les inciter Á  le conserver leur vie durant. On essaie d’encadrer au maximum ce petit groupe de filles qu’il nous reste », souligne-t-elle.

La maigre population de pratiquantes dans les grandes catégories est un sujet d’inquiétude. « Les pratiquantes des grandes catégories sont souvent des femmes déjÁ  très actives dans leur vie quotidienne. Et continuer Á  pratiquer l’athlétisme demande beaucoup de sacrifices et de temps, d’où le peu de femmes athlètes. Professionnaliser le sport ne serait-il pas une solution ? C’est encourageant de voir qu’on a encore parmi les sélectionnées deux mères de famille qui participent aux Jeux en tant qu’athlètes, Á  savoir Bernadette Ravina dont ce sera les cinquièmes Jeux, et Mirella Pullut. Elles ont réalisé les minimas comme toutes les autres athlètes qui doivent se rendre aux Jeux mais il est triste de voir que la relève tarde Á  émerger », ajoute-t-elle.

La société est en pleine mutation. « La femme n’est plus réduite Á  la préparation du repas et Á  s’occuper de son mari et de ses enfants. Il y a comme une découverte de la pratique du sport chez les femmes. La Mauricienne prend conscience du bien-être que procure le sport dans sa vie physique et morale et elle l’assume. Le slogan ‘Le sport, c’est la santé’ est une culture qui devrait être transmise dès le plus jeune âge de génération en génération », affirme Doris Chellen.

Comment communiquer justement l’envie de faire du sport ? En allant au cÅ“ur même des entreprises, assure-t-elle. « Aujourd’hui, la majorité des femmes travaillent et une stratégie possible serait d’aller vers elles, d’amener la touche sportive dans leur milieu professionnel afin de pouvoir introduire cet esprit sportif au travail et cela en organisant des journées sportives régulières, des tournois inter-compagnies ou inter-usines ou d’autres activités sportives qui seraient sans aucun doute bénéfiques Á  l’employée et Á  l’entreprise », explique-t-elle.

Les Jeux des Iles de l’océan Indien, considérés comme les mini-Jeux olympiques de la région, ont toujours joué le rôle de catalyseur. Tant sur le plan de la promotion et du développement du sport qu’Á  celui de l’édification de la nation mauricienne. Les 8es Jeux, qu’elle va vivre cette fois de l’autre côté de la barrière, promettent Á  nouveau un cocktail d’émotions.

Robert D’Argent est journaliste Á  Maurice. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.


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