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Elodie Li Yuk Lo et Natacha Rigobert ont été exactes au rendez-vous des 10es Jeux d’Afrique Á Maputo en septembre dernier en remportant la médaille d’or en beach volley Á l’Arena Costa dol Sol. Elles ont battu en finale les deux volleyeuses de l’Afrique du Sud, deux sets Á zéro, 21-13, 21-12. Portrait croisé de deux passionnées de volley-ball.
Elodie Li Yuk Lo, 29 ans, est professeur de biologie et d’éducation physique et sportive dans un établissement d’enseignement secondaire Á Toronto. Les Jeux d’Afrique, confie-t-elle, ont été une expérience extraordinaire. «Ils nous ont offert l’opportunité extraordinaire de côtoyer d’autres équipes et d’augmenter notre temps de jeu en prévision du prochain tour de qualification olympique. C’était aussi l’occasion d’évaluer ce que nous pouvons faire en tant qu’équipe. Nos adversaires ont bataillé dur et nous savions que si nous restions concentrées sur notre jeu et jouions comme nous avions joué durant les entraînements, nous ferions bien. Notre médaille n’a pas été une surprise car comme je l’ai dit, si nous prenions soin de notre jeu et progressions étape par étape, nous étions en mesure de rivaliser avec les autres équipes », ajoute-t-elle.
Elodie Li Yuk Lo a immigré au Canada Á un très jeune âge. Dans son pays d’adoption, elle a rencontré de bons entraîneurs qui lui ont permis de progresser. «J’ai appris, très jeune, l’importance de bons fondamentaux et je crois que c’est ma force. Il y a un grand système de compétition au Canada dont le point départ est les très jeunes. Je me souviens que je jouais dans les tournois des collèges ou des clubs pratiquement tous les week-ends. Cela m’a aidée Á intégrer le système universitaire qui est le niveau suivant », observe-t-elle. Elodie a pris part Á des tournois locaux, provinciaux et nationaux.
Le beach volley est une de ses passions. «Ce sport m’a permis de vivre beaucoup d’expériences dans ma vie. J’ai joué au volley-ball passionnément et c’est une bénédiction pour moi que de pouvoir continuer Á jouer pendant si longtemps. J’ai consacré beaucoup de temps au beach volley mais j’ai d’autres passions et centres d’intérêts dans ma vie. J’essaie de maintenir un équilibre entre le mental, le corps et l’âme », déclare-t-elle.
Elodie découvre le beach volley Á l’université de Toronto. « Je pratiquais toujours le volley-ball en salle Á ce moment-lÁ mais mon entraîneur Á l’université, Kristine Drakich, nous a fait découvrir la plage qui faisait partie de notre entraînement durant la saison morte. Kristine Drakich faisait partie des équipes nationales canadiennes évoluant en salle et sur la plage, si bien que j’ai beaucoup appris d’elle, » raconte-t-elle.
Elodie a remporté plusieurs trophées sous les couleurs de l’université de Toronto de 2001 Á 2006. «L’expérience que j’ai vécue Á l’université de Toronto m’a aidée Á grandir énormément sur et hors des courts. C’est comme ça que j’ai été initiée au beach volley. Le programme de volley-ball Á l’université de Toronto est géré Á la perfection et dirigé par un entraîneur réputé. Les joueurs reçoivent un soutien extraordinaire de la part de plusieurs personnes qui sont impliquées dans ce programme et c’est ce qui facilite leur développement. Conséquemment, j’ai gagné en maturité et je suis devenue une joueuse durant les années passées lÁ -bas. Le succès que j’y ai récolté est le fruit d’un gros travail d’équipe auquel ont participé tous ceux qui avaient la charge de donner vie Á ce programme », assure-t-elle.
Elodie a toujours pu compter sur le soutien de la communauté mauricienne vivant Á Toronto. « Tous les week-ends, les Mauriciens se rassemblent sous la bannière du Club M, qui est un regroupement de tous les Mauriciens de Toronto. Ils se rencontrent et restent actifs week-end après week-end. Le sens de la communauté et du soutien a été d’une importance capitale dans cette aventure. C’est super de voir des Mauriciens soutenir leurs compatriotes, » ajoute-t-elle.
Elodie avait confié Á une amie qu’elle recherchait une partenaire. Une amie l’a mise en contact avec Natacha Rigobert avec qui elle a échangé des courriels durant l’été 2008. « Nous avons fait des arrangements et nous nous sommes rencontrées pour la première fois durant cet été en France. Nous nous sommes entraînées pendant deux ou trois semaines avant de nous rendre Á notre premier tournoi FIVB Á Kristiansand en Norvège », se souvient-elle.
Leur paire est constituée en 2008. « Comme on avait le même objectif, on a voulu prendre tous les risques dans cette aventure. Au départ, ce n’était pas évident du tout. J’avais besoin de quelqu’une qui ait, comme moi, la capacité de se donner Á fond dans le projet et de prendre des risques », fait ressortir Elodie. Elle découvre en Natacha Rigobert « une solide attaquante » et une « présence imposante au bloc ». « C’est très bien car je joue davantage en défense. Natacha m’encourage tout le temps sur le court, ce qui est une bonne chose pour moi », ajoute-t-elle.
Natacha Rigobert, 30 ans, compte seize années de pratique du volley-ball qu’elle découvre alors qu’elle est encore élève au collège d’Etat Renganaden Seeneevasen. « J’ai été captivée par le jeu. La première fois cependant, je ratais le ballon. Mais j’apprenais rapidement et en quelques mois de pratique au Centre national de formation de volley-ball (CNFVB), j’ai commencé Á bien jouer. Depuis, j’ai attrapé le virus du volley-ball », se souvient-elle.
Après les Jeux d’Afrique, Elodie Li Yuk Lo s’est rendue Á Cannes de façon Á pouvoir s’entraîner Á plein temps en compagnie de Natacha Rigobert. « Nous avons aussi eu la chance de faire partie de l’Aloha Beach Club qui nous a soutenues durant les deux dernières années et nous avons pu nous entraîner sous la direction de notre entraîneur François Winograd. Le temps Á Cannes est idéal et nous permet de nous entraîner toute l’année », remarque-t-elle.
C’est Á Cannes que les deux joueuses ont préparé la phase 2 de la Coupe Continentale qui s’est disputée le 26 octobre au Nigeria. Cannes leur a permis aussi de s’entraîner avec le soutien de nombreuses personnes et de sparring-partners. Thierry Long, le mari de Natacha Rigobert, les a bien aidées également.
Natacha Rigobert et elle se sont qualifiées pour la phase finale de la Coupe Continentale qui se déroulera l’année prochaine et qui déterminera le représentant du continent africain aux Jeux Olympiques de Londres. Pour l’heure, on ne connaît pas encore la date ni le lieu de la prochaine compétition africaine.
Le beach volley n’est pas aussi populaire que le volley-ball en salle. Elles pensent que les belles plages de Maurice peuvent rendre ce sport accessible Á tous les Mauriciens.
Elodie Li Yuk Lo et Natacha Rigobert n’entendent pas s’arrêter lÁ et leur inclusion sur la liste des boursières de la High Level Sports Unit devrait y contribuer. Elles ont des projets et des objectifs pleins la tête : disputer des tournois pour être encore plus performantes au moment voulu, rester au top, se qualifier pour les JO de Londres en 2012, continuer Á évoluer sportivement, répondre aux attentes des gens qui les soutiennent et qui comptent sur elles, aider Maurice Á briller sur le plan international. Elles espèrent que le beach volley prendra de l’ampleur Á Maurice et que leur exploit aux Jeux d’Afrique permette de mieux positionner Maurice sur la scène internationale.
Robert D’Argent est journaliste Á Maurice. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.
Comment on Elodie Li Yuk Lo et Natacha Rigobert : une paire en or sur le sable doré mauricien