En RDC: l’alimentation rapporte bien


Date: August 15, 2010
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Pour ne pas attendre que tout leur tombe du ciel, manne qui ne viendra probablement jamais, les Congolais sont obligés de faire preuve d’imagination pour joindre les deux bouts. Actuellement Á  Kinshasa, capitale de la RDC, les services traiteurs poussent comme des champignons. Il ya quelques années, seuls les nantis faisaient appel Á  ces services Á  l’occasion de diverses occasions importantes. Aujourd’hui, ces services pullulent. Pour se faire connaître, ces traiteurs installent des panneaux indicateurs aux coins des avenues, posent des banderoles et des affiches ça et lÁ  avec leurs coordonnées pour indiquer où les contacter en cas de besoin et certains vont jusqu’Á  payer des publicités télévisées et radiophoniques.

Ceux offrant ces services travaillent de manière individuelle ou collective. Marie-Jeanne Lemba a déjÁ  fait ses preuves dans ce domaine. Mariée et mère de deux enfants, cette trentenaire de teint clair et élancée, évolue seule dans ce domaine culinaire, bien que de temps en temps elle ait recours Á  ses sÅ“urs ou Á  ses amies lorsque le besoin se fait sentir.

Cela fait près de trois ans qu’elle s’est installée exerce comme traiteur. Elle a hérité ce travail de sa défunte mère qui cuisinait pour les prêtres lorsque ces derniers recevaient lors de grandes occasions. « J’ai appris Á  cuisiner grâce Á  ma mère. Je l’accompagnais Á  chaque fois qu’elle et ses amies allaient cuisiner pour les prêtres. C’est d’elle que j’ai appris les rouages de ce métier qui me permet de vivre bien aujourd’hui ».

Marie -Jeanne avoue qu’au fil des années, le cercle de ses clients s’est agrandi Á  cause de son sérieux dans le travail. «Aujourd’hui, j’ai beaucoup de clients ont recours Á  mes services car je suis soucieuse qu’ils en aient pour leur argent. Ce travail est mon gagne-pain et la qualité doit toujours être au rendez-vous », explique cette diplômée en sciences infirmières, qui a troqué la blouse blanche au profit de la toque blanche.

Presque tous les week-ends, cette femme a des engagements. Ses services sont sollicités pour diverses manifestations: mariage, anniversaire, fin de deuil, baptême et ses clients ne se plaignent jamais ni de la qualité, ni des prix pratiqués.

Mamie est une des clientes régulières de Marie-Jeanne. Cette jeune fille a fait appel Á  ce traiteur Á  l’occasion de sa fête de collation de grade académique. Et elle n’a pas été déçue. Cette fois, elle fait appel Á  elle pour préparer son repas d’anniversaire.

Les tarifs de Marie-Jeanne varient d’une manifestation Á  l’autre et bien entendu en fonction du nombre d’invités. Toutefois, explique-t-elle, ses prix sont toujours négociables. Une prestation pour une cinquantaine de personnes coÁ»te 500 dollars américains, Á  raison de dix dollars par tête. Mais, insiste-t-elle, en souriant, «je fais tout pour que le client et moi ayons une entente. »

Lorsque le marché est conclu, la facture doit être honorée Á  70% une semaine avant la manifestation pour lui permettre de faire ses achats. La différence doit être payée au plus tard 48 h après la manifestation.

En plus d’agir comme service traiteur, Marie-Jeanne loue des chaises et des tables en plastique, des couverts, des assiettes, des nappes, de même que le groupe électrogène.
Toute fière, elle assure que malgré une rude concurrence, «ce travail me permet de bien
vivre. Avec ce que gagne mon mari, nous nous organisons pour payer les études de nos enfants et assurer leur avenir ».

Mais le travail de Marie-Jeanne n’est pas toujours une partie de plaisir. Il a aussi ses difficultés. «C’est la loi de la nature. Certains clients n’honorent pas la totalité de la facture après la fête. Il faut alors courir derrière eux et parfois, c’est décourageant. De plus, les fluctuations de prix des produits sur le marché nous compliquent la vie, surtout quand la majoration intervient alors que le client a déjÁ  payé la plus grosse partie de sa facture. Je ne peux pas le facturer Á  nouveau et je suis par conséquent obligée de mettre la main Á  la poche pour combler la différence », explique-t-elle.

Le service traiteur n’est pas réservé qu’aux femmes. Les hommes aussi s’y mettent. Léon Kasha, la quarantaine, assure ce service depuis 15 ans. Diplômé en hôtellerie, il a travaillé comme maître cuisinier dans un hôtel-restaurant de luxe de Kinshasa.

Après des années au service de cet hôtel, Léon a démissionné pour créer sa propre entreprise sous forme d’organisation non-gouvernementale où il travaille avec une vingtaine de personnes. Il organise aussi des séances de formation en gastronomie. Contrairement Á  Marie-Jeanne, Léon dispose d’un service de protocole qu’il met Á  la disposition de ceux qui en ont besoin pour l’organisation de différentes cérémonies.

Ses tarifs sont onéreux. Il facture près de 3000 dollars américains pour l’organisation d’un mariage de rêve par exemple.

Bien que les traiteurs paient des taxes Á  l’Etat, ils ne bénéficient d’aucune aide ou de formations alors que les autorités ont signé plusieurs textes garantissant notamment l’autonomisation et le renfoncement économique des femmes telles que le Protocole de la Communauté de Développement de l’Afrique australe, qui, dans l’une de ses dispositions, demande que d’ici 2015, les gouvernements assurent que les femmes et les hommes aient un accès égal aux profits et possibilités tant dans le commerce que l’entreprenariat, et dans le processus d’appels d’offres publics.

Conformément au programme du gouvernement axé sur les cinq chantiers, les
Congolais devraient bénéficier de quelques avantages de la part de l’Etat parce qu’ils contribuent justement Á  l’emploi. L’appel est donc lancé au ministre du Commerce et des petites et moyennes entreprises, Bernard Biandode, pour qu’il voit dans quelles mesures les Congolais peuvent être soutenus dans leur tâche de contribution Á  la prospérité nationale, comme le souligne la Constitution du pays dans son article 36.

Blandine Lusimana est journaliste en République Démocratique du Congo. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.

 


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