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En République Démocratique du Congo (RDC), les droits de femmes ne sont pas totalement respectés. Elles continuent Á subir des violences en tous genres, surtout dans les provinces de l’Est, minées par des guerres interminables. Ces violations de leurs droits humains étouffent leurs capacités d’épanouissement et leur contribution au développement du pays.
Et ce n’est pas la ministre du Genre, de la Famille et de l’Enfant, Geneviève Inagosi qui va le contredire, car elle l’a reconnu dans son discours au Senat lors de la présentation du projet de loi portant sur les modalités d’application des droits des femmes et de la parité homme-femme. «Les inégalités des droits, des chances et de sexe qui persistent entre les hommes et les femmes dans notre pays font perdre Á la République l’indispensable contribution des femmes Á la réalisation de ses objectifs pour un développement humain durable. Et cette persistance des disparités entre les hommes et femmes est constatée dans presque tous les domaines de la vie nationale… ».
Cependant, en parallèle Á ce tableau sombre quant Á la situation de la Congolaise, il faut aussi reconnaitre que le gouvernement déploie des efforts considérables pour améliorer les conditions des femmes au fort potentiel de développement.
La RDC, qui a notamment ratifié le Protocole de la SADC sur le Genre et le Développement dont l’objectif d’application est fixé Á 2015, tient Á être en conformité avec les engagements pris sur les plans national, régional et international. Et dans ce domaine, un pas vient d’être franchi. Il s’agit d’un défi que la ministre du Genre, de la Famille et de l’Enfant est en train de relever, c’est-Á -dire la défense du projet de loi portant sur les modalités d’application des droits des femmes et de la parité actuellement sous examen par la commission politique, administrative et juridique du Senat.
Il y a fort Á parier qu’elle réussira son pari malgré que le contexte congolais soit celui d’une société où les hommes ne sont pas encore prêts Á être Á pied d’égalité avec la femme dans tous les domaines de la vie nationale.
Pour la présentation de ce projet de loi, les femmes se sont départies de leur coloration politique et ont fait bloc pour soutenir cette action du gouvernement congolais par l’entremise de la ministre de Genre, de la Famille et de l’Enfant. On les a vues toutes mobilisées aux côtés de représentants des agences des Nations Unies comme l’ONUFEMME, l’UNFPA, le MONUSCO, le PNUD pour accompagner Geneviève Inagosi au Senat. «Il s’agit d’une cause commune car la parité n’a pas de coloration politique. Femmes de la majorité présidentielle, de l’opposition ou de la société civile, nous devons nous soutenir pour défendre nos droits, » explique cette femme, activiste des droits de femmes.
Ce projet de loi comporte certaines options majeures sur les questions d’équité des sexes ainsi que de la parité homme-femme. Dans le domaine politique et administratif, il est fait mention que tous les mandats publics sont dévolus de façon paritaire aux hommes et aux femmes ; que l’Etat veille Á l’équité dans la participation des femmes et des hommes en ce qui concerne le processus électoral et la reforme de l’administration publique ; que les partis politiques sont tenus au respect de la représentation paritaire homme-femme tant dans la création, l’organisation, le fonctionnement, ainsi que dans l’établissement des listes électorales; que le candidat et son suppléant sur la liste électorale ne peuvent être du même sexe.
Dans le domaine économique, il est proposé notamment Á l’Etat de favoriser sans discrimination basée sur le sexe, l’accès Á l’épargne, aux crédits, aux diverses opportunités et aux nouvelles technologies. S’agissant de l’éducation, le gouvernement est appelé Á mettre en place des programmes spécifiques pour encourager la parité des filles et des garçons en matière scolaire. En matière de santé, l’homme n’a plus de suprématie sur la femme. Les deux sont des partenaires égaux dans la santé de la reproduction, ils choisissent d’un commun accord une méthode de planification familiale qui tienne compte de la santé de la femme et de l’homme. En matière de famille, le projet de loi préconise que sans préjudice des dispositions du Code de la Famille, qui est d’ailleurs en voie de révision, l’homme et la femme aient, dans leurs rapports familiaux et conjugaux les mêmes droits et obligations. Les autres domaines de la vie nationale tels que la culture, la justice, la sécurité ne sont pas omis dans ce projet de loi.
Si ce projet de loi sur la parité, actuellement sous examen, est voté par le Senat, il ne restera que sa promulgation par le Chef de l’Etat. Cela sera donc une grande victoire pour la RDC qui est tenue Á respecter les engagements qu’elle a pris en ratifiant librement le Protocole de la SADC sur le Genre et le Développement, dont l’échéance est dans trois ans.
Blandine Lusimana est journaliste freelance en RDC. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.
📝Read the emotional article by @nokwe_mnomiya, with a personal plea: 🇿🇦Breaking the cycle of violence!https://t.co/6kPcu2Whwm pic.twitter.com/d60tsBqJwx
— Gender Links (@GenderLinks) December 17, 2024
Comment on En République Démocratique du Congo: la loi sur la parité examinée par le Senat