SHARE:
Les conflits récurrents en RDC puisent leurs causes dans le contrôle de ces ressources par les différentes forces en présence. Ces dernières se livrent plus Á une exploitation illégale, avec pour conséquences l’injustice, l’insécurité, les violations massives des droits humains, dont les violences sexuelles.
D’après une étude sur les implications socioéconomiques de l’exploitation artisanale des ressources naturelles pour les femmes et les filles au Nord Kivu, la mission des Nations Unies en RDC dénonce les mauvaises conditions pour des milliers d’entre elles. Cette étude n’est pas la seule Á tirer la sonnette d’alarme. On se rappelle encore du rapport du groupe des experts des Nations Unies sur le pillage des ressources naturelles. Au début de février 2011, l’Eglise catholique a réuni toutes les parties concernées pour informer le public et identifier les priorités de la société civile.
Florence Furaha a participé Á cette rencontre en sa qualité de membre de l’Observatoire des ressources naturelles dans la province ecclésiastique de Bukavu, Á l’est de la RDC. Elle confirme la situation difficile des femmes et des enfants dans les zones d’exploitation et fait notamment état d’un problème d’insécurité. «Autrefois, les gens ne pouvaient pas comprendre ce qui se passait dans les zones d’exploitation étant donné que les conditions vécues par des hommes mais surtout par des femmes et des enfants étaient cachées. Mais de plus en plus, l’information passe et les différents intervenants cherchent Á faire quelque chose pour parvenir Á une amélioration », dit-elle.
En 2010, le président congolais, Joseph Kabila a suspendu les activités minières dans les deux Kivu et le Maniema, toujours Á l’Est du pays. Cette décision, qui visait l’instauration du contrôle et une exploitation légale, a fait des mécontents au sein de la population. Habituées Á vivre des activités de vente de minerais, la population s’est retrouvée du jour au lendemain sans activités et sans revenus. Selon un rapport de la société civile locale, beaucoup de services tels que les soins médicaux ou la scolarisation des enfants étaient payés en nature. Le troc s’était donc développé avec comme monnaie d’échange les minerais trouvés dans les milieux concernés.
Au Katanga, dans le sud est du pays, la situation n’est pas différente. Les femmes parfois accompagnées de leurs filles, se livrent au commerce et Á la prostitution dans les zones d’exploitation des mines. On compte aussi un nombre important de cas de viols des filles. Par ailleurs, on ne trouve pas de femmes chefs d’entreprises dans les carrés miniers, ni même dans l’exploitation artisanale, explique Thierry Zeng, membre de l’Observatoire des ressources naturelles dans la province ecclésiastique de Lubumbashi.
Dans tous les cas de figure, les femmes sont et restent exploitées. Le rapport de la mission des Nations Unies au Congo a soutenu que cette exploitation a un impact négatif sur le développement des femmes.
La société civile congolaise s’organise déjÁ pour définir ses axes d’intervention en la matière. Dans la foulée de ces initiatives, il y a le cadre de concertation de la société civile sur les ressources naturelles en Ituri, Á l’extrême nord du pays. Créé depuis 2007, ce cadre joue un rôle d’interface entre les populations et les multinationales.
A côté de cette initiative, il existe aussi la coalition «Publiez ce que vous payez ». Léonie Kiangu en est membre et son association « Femmes et Justice Economique » (Feje) sillonne le pays pour sensibiliser aussi bien les femmes leaders politiques que celles Á la base pour une prise de conscience collective. Elle touche également les autorités pour plus de transparence dans l’exploitation des différentes ressources naturelles.
La RDC doit respecter ses engagements pris et qui figurent dans les Objectifs du Millénaire pour le Développement et dans le Protocole de la SADC sur le Genre et le Développement en révisant toutes les politiques et les lois qui déterminent l’accès, le contrôle et le profit des ressources naturelles aux femmes et aux hommes. Car 2015 approche Á grands pas pour tous les états concernés, y compris le Congo.
Anna Mayimona Ngemba est journaliste freelance en RDC. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.
Comment on Exploitation des ressources naturelles en RDC: faire de la place pour la femme