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Depuis des années, c’est elle qui présente les journaux sportifs de la rédaction de Radio Plus, radio la plus écoutée Á Maurice selon les sondages et cela la rend fière. Hansa Nancoo nous explique pourquoi. «Qu’on le veuille ou non, le sport est encore une affaire d’hommes. Du football Á l’hippisme ou au golf, ce sont les hommes qui sont mes plus grands auditeurs mais je suis contente d’avoir réussi dans ce domaine. Mes collègues masculins me respectent. Enfin, disons que je me fais respecter. »
Hansa est la benjamine d’une famille de deux enfants. Son grand frère est très protecteur Á son égard et ses parents travaillent tous les deux dans le secteur de l’éducation. Hansa a effectué ses études secondaires dans les collèges de Lorette, considérés comme les meilleures écoles du pays.
Sa passion pour le sport remonte Á l’adolescence. «A l’école déjÁ , lors des journées sportives, je m’impliquais au maximum dans les compétitions… C’est ainsi que je me suis aussi tournée vers le volley, le badminton, le basket et le tennis de table ».
Rien n’indiquait qu’elle allait se joindre au journalisme mais elle devait finalement opter pour ce métier. «Pourquoi le journalisme? Parce que c’est un domaine qui t’ouvre l’esprit, qui te fait découvrir la réalité des gens. Tu réalises que finalement tout n’est pas tout rose dans ce monde. C’est très dur de voir et de couvrir les faits divers qui traitent de maltraitance, de viol et d’accident. Voir et vivre cette souffrance avec les gens, cela fait mal. Le métier de journaliste fait découvrir tout cela.
Et puis, ce métier te fait bouger. Je déteste rester en place. Par nature, je suis une pile électrique… Et j’adore explorer. Aller Á l’aventure ne me fait pas peur. Quant Á devenir chroniqueuse sportive, déjÁ dès l’école, je commentais les matchs de volley qu’on disputait pour mes amies. Et j’aimais bien cela. Puis, j’ai découvert que le sport faisait comme partie de moi. Dès lors, je me suis dit qu’une fois les études secondaires terminées j’allais essayer de commencer une carrière dans le sport. Il faut dire que j’ai eu la chance d’intégrer le monde sportif dès la fin de mes études secondaires, » relate-t-elle.
Sa carrière commence au Mauritius Turf Club (MTC) pour le compte du magazine hippique, Racetime. Elle reste deux ans au MTC puis elle fait le tour des salles de rédaction en travaillant respectivement pour 5-Plus, L’Hebdo et surtout Le Matinal et finalement Radio Plus.
«Avant tout, mon rôle Á Radio Plus consiste Á transmettre aux auditeurs cette passion qui est le sport. Et donc, la meilleure façon de le faire est de parler du sport, sans jamais montrer et afficher ses couleurs. Il faut dire que même dans le sport, il faut être polyvalent et Á même de couvrir aussi bien le sport local qu’international. Mais, il est vrai qu’au niveau de la radio, les Mauriciens sont davantage branchés foot anglais qu’autre chose. D’où l’importance que l’on donne au foot international.
Mais, il ne faut pas oublier que le sport ne tourne pas seulement autour du ballon rond. Surtout Á Maurice où nous allons de surprise en surprise avec les médailles récoltées par les locaux dans les différentes compétitions internationales. La dernière en date reste la médaille d’or récoltée par Richard Colin lors du tournoi de Bocksai en Hongrie. Le pugiliste a même battu le Britannique qui l’avait éliminé lors de sa demi-finale aux Jeux du Commonwealth, en Inde en octobre dernier. »
Hansa est contente qu’Á travers son métier, elle ait pu découvrir le monde. «De Madagascar Á Melbourne sans parler de Delhi, j’en ai fait des expériences. Et pour tout vous dire, je ne peux pas dire quel pays m’a le plus marquée. L’année dernière, j’ai eu la chance de parler et d’interviewer Thierry Henry ou encore Raymond Domenech. C’était vraiment particulier. L’équipe de France peaufinait sa préparation Á l’île de la Réunion en vue de la Coupe du Monde 2010. J’ai aussi eu la chance de voir Fernando Alonso en Australie en 2006, juste après les Jeux du Commonwealth, lors de la première compétition de Formule 1 Á Melbourne. Et je ne pense pas que cela va s’arrêter lÁ , du moins je l’espère. »
Hansa encourage d’autres filles Á suivre leur passion pour le journalisme et les sports mais elle insiste sur le fait qu’il faut être avant tout libre de toute attache. «C’est un métier très exigeant. On sait Á quelle heure on arrive au boulot mais on ne sait jamais Á quelque heure on en sort. Il se peut que cela soit le lendemain. Mais quand on aime quelque chose, il ne faut jamais lâcher prise. Il faut aller jusqu’au bout de ses rêves comme le chante Jean Jacques Goldman. »
Hansa ne peut s’empêcher de penser Á tous les efforts qu’elle a dÁ» faire pour arriver lÁ où elle est. «Le sport est vraiment un monde d’hommes. Je me suis battue pour ma place. On ne m’a pas fait de cadeaux. Comme les journalistes hommes, je devais me lever tôt pour l’hippisme, m’endormir tard Á cause des matches de football. Ce ne sont pas les séries que j’aimais qui ont passé avant mais mon métier. Finalement, je suis tombée amoureuse d’un monde qui n’était pas le mien et où même les sports féminins étaient couverts par des hommes. Me faire une place dans ce monde n’a pas été facile. Mais je me suis imposée et j’ai prouvé que je pouvais exercer ce métier comme les journalistes hommes et aussi bien qu’eux. J’ai montré que l’expression chroniqueur sportif peut être mise au féminin. Où que nous aillions, nous rencontrerons des difficultés parce que nous sommes femmes. Mais il faut ternir ferme… »
Paul Sophonie est journaliste Á Maurice. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.
Comment on Hansa Nancoo, seule chroniqueuse sportive de la radio mauricienne