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Alors que les taux de prévalence du VIH/SIDA sont en baisse dans plusieurs régions de l’Afrique, ils sont en hausse au sein des communautés africaines établies dans d’autres régions du monde et les experts blâment les rôles conditionnés par le genre et les pratiques culturelles néfastes.
Au Royaume Uni, les Africains enregistrent le taux de prévalence le plus élevé. En 2009, le taux alarmant de 33% de nouveaux cas de séropositivité était parmi les descendants d’Africains. Selon l’Agence de Protection de la Santé britannique, 70% des femmes séropositives en Grande Bretagne sont nées en Afrique.
L’Agence de la Santé publique canadienne a estimé que le taux d’infection au VIH/SIDA parmi la population africaine du Canada était de 12.6 fois supérieur Á celui d’autres groupes ethniques, faisant remarquer que les femmes noires ont quatre fois plus de risques d’être porteuses du VIH que les femmes blanches.
Antoinette Andze* a été diagnostiquée séropositive après que cette Camerounaise ait émigré en Grande Bretagne. Bien qu’elle soit sous traitement d’antirétroviraux, elle est pâle, lasse et alitée dans son appartement londonien. A 40 ans, elle vit avec quatre de ses enfants, un dernier étant resté au Cameroun. Son plus jeune enfant est également séropositif. Antoinette Andze pense que c’est son mari qui lui a transmis la maladie. Il l’a ensuite abandonnée après que son statut sérologique ait été connu.
«Je suis profondément inquiète Á propos de mes enfants car je passe la plupart de mon temps Á l’hôpital. Il semblerait que les choses ne s’améliorent pas et je n’ai personne vers qui me tourner, » raconte-t-elle.
Ses amis et parents ne savent pas qu’elle est séropositive et elle craint qu’ils ne l’abandonnent s’ils l’apprennent. Pour ne pas être découverte, elle fréquente un centre de soins éloigné de chez elle.
«Bien des gens croient encore qu’être séropositif est une forme de punition ou le résultat d’un acte de sorcellerie, » déclare Fola Rogers-Saliu, docteur et directrice du Service de Soutien Emotionnel Africain, situé au Terrence Higgins Trust en Grande Bretagne. «Les gens vivent encore dans la frayeur, avec des rumeurs de stigmatisation et discrimination. »
Les Africains transportent leur culture avec eux, ajoute-t-elle. Plusieurs d’entre eux ne veulent pas se soumettre au test de dépistage volontaire en raison de la stigmatisation et cela explique la propagation fulgurante de la maladie.
Au sein de la communauté africaine, les considérations du genre ont une grande influence sur la vulnérabilité au VIH et sur la façon dont les femmes réagissent lorsqu’elles apprennent leur séropositivité. La plupart des femmes africaines se taisent Á ce sujet de peur d’être blâmées ou ostracisées. Certaines craignent les conséquences du non-allaitement de leur enfant, ce qui est considéré une abomination dans certaines régions d’Afrique. Un tel secret signifie des risques accrus d’infection pour leurs partenaires et leurs enfants.
Fola Rogers-Saliu fait remarquer que la polygamie et la pratique courante de partenaires sexuelles multiples contribuent aussi Á l’infection d’un plus grand nombre de femmes. «Il n’est pas rare que certains hommes qui vivent en Grande Bretagne avec leurs femmes ou partenaires, gardent d’autres femmes comme femmes ou partenaires dans leur pays d’Afrique et ceci avec la bénédiction de la famille élargie, » explique-t-elle.
Les croyances religieuses entourant le port du préservatif et l’incapacité des femmes Á négocier un rapport sexuel protégé constitue aussi un défi Á freiner l’avancée du VIH.
Réduire les déséquilibres du genre, le viol, le trafic humain et les mariages forcés doit être une priorité afin qu’il y ait une situation équitable pour les femmes comme Antoinette Andze. La violence envers les femmes sape la prévention contre le VIH/SIDA et tous les efforts de soins et Fola Rogers-Saliu déclare que son organisation passe beaucoup de temps Á aider les femmes Á obtenir le soutien qu’il leur faut lorsqu’elles ont eu une conduite risquée. Mais la crainte et le manque d’éducation signifient que la plupart des femmes ne prennent toujours pas avantage de ces services.
«Seules 11% de femmes africaines séropositives vivant en Grande Bretagne prennent avantage des services qui les aideront Á prévenir la transmission du virus de la mère Á l’enfant et c’est quelque chose que nous devons améliorer pour réduire l’avancée du VIH/SIDA », a-t-elle ajouté, notant qu’il y a cependant eu des progrès dans la promotion de l’utilisation du préservatif féminin et du Post Exposure Prophylaxis, traitement prophylactique de prévention, si les femmes ont couru le risque d’être infectées.
Le Terrence Higgins Trust encourage le dépistage volontaire afin de réduire le nombre élevé d’Africains qui ne savent pas qu’ils sont séropositifs.
Pour Antoinette Andze, un diagnostic précoce l’aurait empêché d’être aussi mal et cela aurait également pu signifier la non-transmission du virus Á son enfant.
Maintenant qu’elle est malade et incapable de travailler, son principal souci est la pauvreté. Elle vit des allocations et a perdu l’emploi qu’elle avait Á deux reprises en raison du nombre élevé de congés de maladie qu’elle a dÁ» prendre. La plupart de ses possessions sont des dons de l’église qu’elle fréquente.
Des histoires comme celles d’Antoinette Andze démontrent que ne pas se départir de certains aspects de la culture africaine peut être réconfortant pour les Africains vivant Á l’étranger mais que ceux-ci peuvent aussi être mortels car ils augmentent les taux de prévalence du VIH/SIDA.
*Nom fictif
Mariama Kandeh est une journaliste sierra-léonaise vivant en Grande Bretagne. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.
Comment on International: Le taux de prévalence du VIH/SIDA en hausse au sein de la diaspora africaine