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Madagascar, 4 décembre: Le monde de la communication a grandement évolué avec l’avènement de l’Internet. Il y a quelques années, les réseaux sociaux se sont aussi développés et offrent diverses opportunités aux usagers des connexions cybernétiques. Avec l’utilisation de ce moyen de communication, les internautes ne connaissent plus de limitation géographique car les correspondants peuvent entrer en relation avec ceux de tous les continents.Et Madagascar n’est pas en reste.
« Internet facilite la communication. Il s’avère plus efficace que la conversation téléphonique qui engage plus de coÁ»ts. Avec peu de moyens, nous pouvons en même temps consulter nos boîtes de messagerie et répondre aux méls. La conversation instantanée avec ou sans webcam nous révèle une autre facette positive d’Internet, comme si que notre interlocuteur nous faisait face », jubile Angelo Rafetrarivo, étudiant. Ce futur ingénieur électronicien ajoute que l’existence des réseaux sociaux aide l’internaute Á suivre les informations Á travers le monde entier et Á rester en contact avec les amis. Il parle toutefois des risques présents du fait que ni les gouvernements, ni les forces de l’ordre ne peuvent suivre la trace des pirates, des arnaqueurs ou encore des pédophiles qui changent d’identité, de peau et de profession sur les sites.
Ambinina Ramanantsoa, sociologue, adresse une mise en garde. « Internet et les réseaux sociaux sont un terrain miné pour les enfants, les adolescentes et les femmes ». Elle explique que de nombreux sites font l’apologie de toutes les formes de violence basée sur le genre (VBG). « Le sexisme y est banalisé. La femme est dévalorisée via la pornographie et la pédophilie et les commentaires que ces actes suscitent. A Madagascar, il y a un dicton machiste qui dit ‘simbako ianao dia ariako’ signifiant littéralement ‘je te détruis et je t’abandonne’. Il existe aussi des blagues Á propos des blondes qui font passer celles-ci pour des femmes sans cervelle », ajoute-t-elle.
La sociologue pense qu’Internet véhicule des mauvais modèles de vie que les internautes publient sur leurs pages, Á savoir des discriminations et autres outrages qu’ils partagent avec d’autres correspondants. « Ces publications ne sont nullement Á l’abri des regards et elles peuvent tomber entre les mains d’enfants et de jeunes qui croient qu’il s’agit d’un nouveau mode de vie auquel il faut se conformer ».
Une jeune Malgache raconte qu’une page avec des images Á caractère pornographique a été envoyée dans la boîte de réception de son bureau. « Les collègues nous ont averties sur l’existence de cette page impudique et notre bureau a d’emblée bloqué le site concerné pour que la page ne circule plus dans le réseau ».
Un clic fait apparaître des sites pornographiques et bon nombre d’entre les fenêtres ne veulent pas se fermer même si l’usager tente de s’en débarrasser. Mina Ra kotoarindrasata, juriste, estime que «les films pornos n’ont qu’un seul but, c’est de démontrer la bestialité du rapport sexuel, sa nature déshumanisée et aliénante et une femme modèle de soumission », déplore-t-elle.
A Madagascar, aucune loi ne régit la cybercriminalité. Tout y est libre. Dans les cybercafés, les propriétaires restent indifférents quant Á l’âge des jeunes qui surfent sur la Toile car seul l’argent qui rentre les intéresse. « Certaines entreprises optent pour le contrôle parental et l’utilisation d’une liste noire répertoriant les sites de rencontres, de violences, de ventes d’armes et de drogue sont interdits. Pour la Grande Ile, une poignée de sociétés et de cybercafés s’alignent sur le contrôle parental mais il appartient Á chaque patron de bloquer les sites qu’ils jugent dangereux pour leurs employés et usagers », affirme Lova Rafidiarisoa, responsable du parc informatique d’une société de presse.
Pour réduire les attaques sur Internet, Ambinina Ramanantsoa propose de renforcer la communication entre parents et enfants afin de lever les tabous sur le sujet de la sexualité. « Les jeunes et les femmes sont vulnérables et il faut oser parler d’éducation sexuelle de manière directe mais saine pour que les jeunes n’éprouvent pas le besoin d’aller chercher de quoi il en retourne ailleurs. Une tentation pourrait détruire toute une vie si jamais un jeune tombe dans le piège de la pornographie et des autres travers d’Internet », conclut-elle.
Même sans loi contre la cyber criminalité, la Grande Ile peut agir car elle a signé et ratifié le Protocole de la SADC sur le Genre et le Développement qui demande aux Etats membres de réduire de moitié la violence basée sur le genre d’ici 2015. Elle pourrait commencer par légiférer et demander aux gouvernements des pays amis d’élaborer une loi internationale applicable Á tous les territoires de façon Á suivre les traces des psychopathes et autres pervers pour les empêcher de nuire.
Farah Randrianasolo est journaliste Á Madagascar. Cet article du service de commentaires et d’opinions de Gender Links fait partie de la campagne des 16 jours contre la violence basée sur le genre.
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