Joanna Yong : championne de lutte dans l’Océan Indien!


Date: August 29, 2010
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Joanna Yong Chen Yin pense qu’une femme doit prendre soin de son physique, même si elle est une sportive accomplie et qu’elle est aussi douée pour les études. Pour arriver Á  ce résultat, Joanna s’est battue sur plusieurs fronts et se bat pour conserver ces places.

Née d’une famille de cinq enfants dans le village de La Ferme Á  Rodrigues, elle est l’ainée des filles et a un frère. Le sport a commencé comme un loisir pour elle, comme une façon de se décontracter. «Je pratique la lutte libre. Je me suis intéressée Á  ce sport car ma cousine le pratiquait déjÁ  avant moi et c’est grâce Á  elle que j’ai connu l’existence de ce sport. Je me suis dit que c’était également un sport utile car il me permettrait de me défendre si besoin est. J’ai commencé la lutte Á  l’âge de 13 ans dans une école spécialisée. L’année d’ensuite, j’ai intégré le centre de formation de lutte destiné aux plus âgés. J’ai participé Á  des compétitions régionales et nationales ».

Avec le temps et l’expérience, Joanna s’est retrouvée au niveau international où elle s’est essayée Á  plusieurs compétitions Á  la Réunion et en France. «Mon meilleur moment fut quand j’ai été championne dans ma catégorie, c’est-Á -dire les 48 kilos, lors des Jeux des Iles en 2007. Ils ont eu lieu Á  Madagascar. Je n’avais que 15 ans Á  l’époque et j’étais très fière de moi. Cela a été la plus belle expérience de ma vie de sportive et sans doute celle que je n’oublierai jamais. Maintenant, je vise les championnats d’Afrique, et peut être même obtenir une bourse en sports-études. J’ai une pensée spéciale pour mon entraineur qui me soutient constamment ».

Joanna ne se prétend pas parfaite. Son défaut, dit-elle, c’est sa timidité. Cette année, elle a décidé de se présenter au concours Miss Rodrigues. «Ce sont mes amis, mes cousines et ma sÅ“ur qui m’ont incitée Á  le faire. Je voulais surtout vivre l’expérience en pensant que c’était aussi une occasion pour moi de vaincre ma timidité et de m’épanouir. L’aventure s’est très bien passée. Il y avait une bonne entente entre les participantes. J’ai rencontré des gens que je ne connaissais pas et j’ai appris de nouvelles choses sur la mode et le mannequinat. Pour moi, la mode est importante. Ce n’est pas seulement le fait d’être jolie mais d’être également bien dans sa peau et dans sa tête. J’ai été parmi les cinq finalistes ».

Elle n’est pas déçue de n’avoir pas décroché la couronne car elle trouve que se classer quatrième, c’est déjÁ  bien. « Et puis, ce n’était pas une de mes priorités d’avoir la couronne. J’avais déjÁ  beaucoup reçu du concours et la quatrième place m’a suffi, » déclare la championne.

Joanna a dÁ» quitter sa petite île pour venir Á  Maurice cette année car outre le fait d’être championne de lutte, son rêve, c’est de terminer ses études de comptabilité et d’avoir un emploi stable. Et si le temps le lui permet, elle voudrait bien devenir entraîneur de lutte. Le sport demeure pour elle un outil indispensable Á  son bien-être et Á  sa joie de vivre.

« Je crois vraiment que le sport forge quelqu’un. Il permet d’apprendre la discipline, le respect des autres, la reconnaissance, la tolérance. Il nous aide psychologiquement, ainsi que physiquement. Il nous permet de garder la forme et quelque part, il tient éloigné de nous des nuisances comme la cigarette et l’alcool entre autres. Le sport permet aussi de voyager et de découvrir de nouvelles cultures. Et tout cela responsabilise ».

Joanna est consciente qu’elle reste une femme dans une société encore patriarcale. «Certes, la femme a beaucoup évolué dans de nombreux pays. Elle veut devenir indépendante, avoir un emploi et non pas que rester Á  la maison et élever les enfants. La femme d’aujourd’hui est une battante qui veut prouver ses capacités. Je fais partie de cette nouvelle génération de femmes ».

Au niveau du sport, elle pense qu’avec l’aide de parrains et de l’encadrement disponible, il est facile pour une femme d’évoluer en milieu professionnel. Toutefois, cela dépend de chaque personne, qui doit avoir de la volonté de réussir. «Et s’il y a des gens qui croient en son potentiel et qui la soutiennent, elle gagnera son pari ».

Mais Joanna estime néanmoins que les sportives rodriguaises sont respectées mais pas suffisamment et qu’elles partent avec un désavantage par rapport aux Mauriciennes. «Elles méritent plus d’encouragements et que l’on croit davantage en elles. Je pense qu’il y a du favoritisme dans le sport. Les Mauriciennes sont beaucoup plus chanceuses que les Rodriguaises en termes d’encadrement, de parrainage et de financement.

A Rodrigues, il y a un problème de financement et c’est un peu Á  cause de cela que certaines Rodriguaises ne peuvent pas montrer de quoi elles sont capables. Ce qui limite leurs chances ».

Quoi qu’il en soit, Joanna a pu faire son chemin. Souhaitons qu’elle devienne un exemple pour ses compatriotes qui hésitent encore Á  se jeter… sur le tapis.

Leevy Frivet est journaliste Á  Maurice. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.

 


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