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Alors que nous célébrons la Journée de l’Afrique, parmi les évènements multiculturels et les festivités interafricaines, le moment est opportun de se rappeler que nous devrions nourrir nos sentiments panafricains tout au long de l’année. Il y a eu une fois de plus des annonces Á propos de l’augmentation de tensions dirigées contre les plus grandes communautés migrantes en Afrique du Sud. Cela fait trois ans que les attaques xénophobes ont secoué ce pays et cette fois, il est temps d’attaquer le problème Á sa source avant que la situation ne dégénère.
La Journée de l’Afrique nous offre Á tous la possibilité de célébrer l’héritage du continent africain. C’est le moment de faire une commémoration en tant qu’un seul peuple, indépendamment de lÁ où nous venons. Un des problèmes est qu’alors que des sujets tels que la xénophobie et les questions d’immigration attirent l’attention des médias en cas de problème, la vie quotidienne et les récits des communautés sont rarement vus et entendus.
Dans l’esprit de la Journée de l’Afrique, Community Media for Development Productions et Fahamu Networks lancent «Briser les frontières », une série de documentaires radiophoniques Á propos de récits personnels d’immigrants venant de différentes parties de l’Afrique.
Dans une de ces séries, Jenny Ndamwemezi* raconte comment en 1994, elle a dÁ» fuir le Burundi avec sa jeune sÅ“ur après que leurs parents aient été tués durant la guerre civile. Arrivées en Afrique du Sud, elles ont vécu dans la rue jusqu’Á ce qu’un ami de la famille les trouve et les héberge.
Deux ans plus tard, alors qu’elle avait 14 ans, elle a été victime d’un viol collectif en rentrant de l’école. Comme beaucoup d’autres immigrés qui sont abusés sexuellement, Ndamwemezi n’a pas dénoncé ses violeurs Á la police. Elle ne s’est même pas rendue Á l’hôpital.
Elle continue Á lutter contre le traumatisme psychologique du viol. «Parfois, j’avais l’habitude de me dire que c’était de ma faute. Même maintenant, j’ai parfois cette réaction. Mais lorsque je m’assieds, je me dis que ce n’est pas de ma faute. En fait, ce n’était la faute de personne ».
D’après Mercy Machisa, manager du programme de la violence basée sur le genre Á Gender Links, ceci est courant. « Les immigrantes, en particulier si elles sont réfugiées et ne disposent pas de l’information nécessaire, ont peur d’aller Á la police ou de profiter des services offerts aux survivants de peur d’être identifiées comme sans-papier et de courir le risque d’être déportées ou stigmatisées. »
La vague de xénophobie qui a secoué l’Afrique du Sud en mai 2008, a fait 63 morts et laissé des milliers de sans abris, de blessés ou de dépossédés de leurs biens.
Tendekai Mujuru*, un musicien zimbabwéen, a perdu ses instruments de musique durant les attaques. « Nous avons dÁ» fuir en laissant nos instruments derrière nous Á la maison. Ils nous ont tout pris, les instruments, la sono, les percussions, tout ce que nous avions ». Même les immigrés d’Afrique du Sud sont confrontés Á des problèmes. Ana Ndlomo* a fui Mpumalanga pour Johannesburg après son divorce. Elle comptait 20 ans de vie commune. Lorsqu’elle est arrivée Á Johannesburg, elle n’avait nulle part où aller et a appris bien après qu’elle était séropositive.
Ndlomo est maintenant bien installée et aide les travailleuses sexuelles immigrés Á régler certains problèmes qu’elles rencontrent. Celles-ci ont du mal Á avoir accès aux services de santé, de police et même de formation. Toutes ne parlent pas la langue locale et ne savent pas où trouver des cliniques ou des postes de police. Elles ont peur également d’approcher les officiels, en particulier si elles ne sont pas en règle avec leurs papiers.
Ndlomo est comme bien d’autres immigrés qui en dépit de leurs problèmes personnels, contribuent Á améliorer la vie des nouvelles communautés. Ndamwemezi est aussi un exemple. Elle fait partie des volontaires qui aident d’autres immigrés et des femmes réfugiées Á s’adapter Á la vie en Afrique du Sud. Mujuru fait encore de la musique mais il plante aussi des arbres dans sa communauté afin d’apprendre aux autres Á nourrir la terre.
C’est en racontant ces histoires extraordinaires d’immigration tout au long de l’année que nous contribuerons Á créer une compréhension continue sur la riche diversité de nos identités africaines. Nous ne devons jamais oublier qu’au final, nous sommes tous Africains, indépendamment de notre pays d’origine.
* Noms modifiés
Cindy Dzanya travaille pour Community Media for Development Productions. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.
📝Read the emotional article by @nokwe_mnomiya, with a personal plea: 🇿🇦Breaking the cycle of violence!https://t.co/6kPcu2Whwm pic.twitter.com/d60tsBqJwx
— Gender Links (@GenderLinks) December 17, 2024
Comment on Journée de l’Afrique: briser les frontières