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Lorsque le centre a été crée, il était sous l’égide du ministère de la Fonction publique. C’est en 2001 qu’il y a eu une refonte et qu’il est devenu le C.N.F.P.P.H et placé sous la tutelle du secrétariat d’Etat de la Formation Technique et Professionnelle. Tout récemment, une nouvelle refonte a eu lieu et le centre a été rebaptisé Centre National de Formation Professionnelle des Personnes en Situation de Handicap (C.N.F.P.P.S.H). La mission principale du centre est de mettre en Å“uvre la politique du gouvernement sur les droits des personnes handicapées dans le domaine de la formation professionnelle et de l’intégration sociale.
Le Dr Mahandrimanana Andrianainarivelo, le directeur du centre, explique que le centre dispense des formations professionnelles qualifiantes en plusieurs modules aux personnes handicapées en fonction des besoins en main d’Å“uvre des entreprises. Qui dit nouvelle dénomination, dit nouvelle image. Le centre a été rénové et aménagé de telle sorte que la personne handicapée en fauteuil roulant peut y accéder. Les formations professionnelles sont adaptées au handicap et le centre est ouvert Á tout le monde, même si priorité est accordée aux personnes ayant un handicap au moment de l’inscription. « Nous testons les capacités de chaque personne handicapée car les malvoyants ont des difficultés Á manipuler des outils dans l’atelier de menuiserie », ajoute-t-il.
En général, l’Apprentissage des Métiers de Base (AMB) correspond Á la préparation des Personnes en Situation de Handicap qui ont au moins un diplôme, le Certificat d’Etudes Primaires et Elémentaires (CEPE) pour le niveau I et le Brevet d’Etudes de Premier Cycle (BEPC) pour le niveau II. Cette formation donne aux apprenants des compétences techniques, technologiques et les forme en gestion. Elle est suivie d’un stage pratique professionnel. Pour la formation initiale, le centre propose la filière pâtisserie où les apprenants sont formés aux bases de la pâtisserie. La coupe et couture aident les apprenants Á façonner des jupes, des chemises pour hommes et dames, des robes, des pantalons et des vestes. De plus, la filière broderie leur donne la maîtrise de la broderie sur fond blanc et sur toile.
Ravaonirina, une apprenante de 23 ans, s’est montrée satisfaite de la formation qu’elle reçoit. « Je savais raccommoder mais ma première expérience en coupe et couture, je l’ai eue au centre. En six mois, j’ai pu maîtriser la coupe et la couture d’une jupe, d’une chemise et d’une robe. Je me spécialise surtout en jupes et je vais me mettre également Á la coupe et Á la couture du pantalon. Pour le moment, je me concentre sur la formation et sur la collecte de fonds pour que je puisse acheter une machine. Je n’en ai pas encore et je fais mes pratiques au centre. Lorsque j’obtiendrai mon certificat, je solliciterai l’appui de généreux donateurs pour l’achat de matériel », dit-elle.
Ravaonirina affirme qu’elle se sent vraiment Á l’aise parce qu’elle évolue avec des gens de la même condition qu’elle et cela renforce leur lien. Elle pense que le mieux, c’est de se regrouper dans le but de créer un genre de coopérative mais pour l’instant, ce n’est qu’un projet.
Outre ces trois filières, la filière informatique bureautique existe aussi. A la fin de la formation, les apprenants doivent être capables de lire et d’identifier les différents schémas électroniques, de réparer différents appareils audio et vidéo et réaliser des préamplificateurs, amplificateurs, mini-tables de mixage pour ne citer que ceux-lÁ . Cette filière nécessite une recommandation médicale.
Quant Á la filière menuiserie, elle est destinée Á tous, sauf aux malvoyants. Elle permet aux apprenants de manipuler l’outillage manuel et faire des opérations de menuiserie. Le centre dispense aussi des formations généralistes pour les bien-portants comme les personnes handicapées.
Ravelonarivo, un jeune homme de 18 ans consolide ses talents en suivant des cours dans ce centre. «Mon grand-père était menuisier et j’ai eu l’occasion de travailler avec lui mais je n’exécutais pas les grosses Å“uvres. Puis j’ai décidé de fréquenter ce centre pour approfondir mes connaissances. Avec l’attestation que je décrocherai un peu plus tard, j’aurais peut-être la chance de décrocher un emploi. On sait que la plupart des sociétés chez nous considèrent encore les personnes en situation de handicap comme des charges mais je suis capable de démontrer aux employeurs que je serai Á la hauteur. Je reste confiant qu’avec mes qualités et mes compétences, quelqu’un m’embauchera », a-t-il soutenu avec conviction.
Dans le souci d’offrir un environnement meilleur aux personnes en situation de handicap, le centre dispose d’une unité de production en menuiserie, en coupe et couture qui est source de revenus pour le centre et ses employés. «Dans cet atelier de coupe et de couture, nous sommes libres de sous-traiter des commandes ou de réaliser nos propres Å“uvres quand nous n’avons pas d’autres commandes Á exécuter », raconte Rasoanirina, une employée de l’atelier de coupe et de couture.
Les activités du centre s’adressent Á d’autres cibles telles que des associations regroupant des personnes en situation de handicap. Dans ce cas, on parle de formation de proximité. « Nous procédons Á une descente sur terrain pour prodiguer des formations sur l’élevage (apiculture, aviculture et l’élevage porcin) et l’agro alimentaire, notamment la transformation de produits laitiers, la transformation et conservation des fruits et la préparation de charcuterie. Nous venons juste d’introduire ces formations. Soit nous formons les membres, soit leurs accompagnateurs. Le but est de les responsabiliser. D’ailleurs, la formation intéresse plus d’un parce qu’elle soutient chaque individu et l’aide Á se développer », ajoute le Dr Andrianainarivelo. Il importe de souligner que le C.N.F.P.P.S.H. opte pour la décentralisation. Deux anciennes provinces abritent ses annexes et offrent les mêmes prestations.
Il semble que le directeur pense Á tout. A partir d’octobre, le centre servira aussi Á encadrer les jeunes démunis, les victimes de la crise, ainsi que les enfants en échec scolaire qui ne vont plus Á l’école et les analphabètes.
Harijaona Masinjanahary est journaliste Á Madagascar Tribune. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.
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