
SHARE:
Il y a 21 ans, Vanina Yagumbrun, actuellement Sports Officer au ministère de la Jeunesse et des Sports mauricien, représentait Maurice aux troisièmes Jeux des îles de l’Océan Indien (JIOI) Á Madagascar. Elle enlevait la médaille d’or en double dames dans la compétition par équipe et la médaille de bronze en double dames, toujours dans la compétition individuelle en badminton.
Trois ans plus tard, en 1993, aux quatrièmes JIOI aux Seychelles, elle était médaillée d’or en double dames dans la compétition par équipe et médaillée d’argent dans la compétition individuelle. Cette année, Á l’occasion de la huitième édition de ces jeux, qui iront lieu une fois de plus aux Seychelles, elle sera responsable de l’équipe féminine de Maurice. Portrait d’une femme qui croit dans la parité, même dans le sport.
Vanina Cadressen-Yagumbrun, 35 ans, a été sportive de haut niveau de 1990 Á 1998. Elle a évolué au niveau national, régional, africain et universitaire en Inde, où elle fait en 1994 des études pour obtenir une licence en éducation physique auprès du Lakshmibai National Institute of Physical Education. Elle décroche aussi une maîtrise en éducation physique en 1999 avec spécialisation en badminton et gestion du sport.
C’est Á l’âge de six ans que Vanina Cadressen-Yagumbrun tâte au sport. Elle est initiée au badminton par son père, Madhavan Yagambrun, qui sera du reste son premier entraîneur. «Mes années passées sur un court de badminton depuis l’âge de six ans et mon intérêt pour le sport en général m’ont motivée Á devenir athlète et par la suite Á embrasser une carrière de Sports Officer au ministère », confie-t-elle.
Mais avant de réaliser ses rêves, il lui a fallu réussir ses études supérieures. C’était un difficile défi Á relever cinq années d’affilée. « Avant d’être Sports Officer, il a fallu passer par les études en Inde. C’était très dur car une fois sur place, c’était comme si que l’on était dans une école militaire, avec une formation intense tant en sport qu’en études générales », explique-t-elle.
Quand elle intègre le ministère de la Jeunesse et des Sports en 2000, elle n’a que des collègues masculins. « Ce n’est pas facile d’être une Sports Officer femme. Mais quand on a la volonté, tous les obstacles tombent d’eux-mêmes », déclare-t-elle. Le métier est exigeant: « Le travail se passe davantage sur le terrain et jusqu’Á des heures tardives. Et il faut être au boulot le lendemain matin dès 9h. Avant, le plus dur était de concilier sport et études, maintenant c’est de concilier travail et obligations familiales, » confie Vanina Cadressen-Yagumbrun, qui est mère de deux enfants, un garçon de quatre ans et une fille de cinq mois.
Mais heureusement, Á force de remettre l’ouvrage sur le métier, elle a trouvé son rythme de croisière et assume les responsabilités qui sont siennes avec détermination et succès, aidé en cela par son époux Allen, également Sports Officer au même ministère. « Oui, je fais le suivi du badminton depuis des années. Mais notre travail de Sports Officer est vaste. Nous avons Á nous occuper d’autres disciplines sportives aussi et des infrastructures dans toutes les régions », souligne-t-elle.
En sus de cela, les JIOI et les mini-Jeux Olympiques de la région, organisés tous les quatre ans, viennent pimenter le quotidien des sportifs autant que celui des cadres et techniciens qui les accompagnent. « Le suivi sur le terrain se fait depuis l’année dernière. J’ai repris le boulot après mon accouchement en février dernier, » ajoute-t-elle. Vanina Cadressen-Yagumbrun s’attelle Á une double tâche comprenant une partie purement administrative et une présence quotidienne sur le terrain qu’elle assume parallèlement. «Les deux volets sont importants pour le bon déroulement de la préparation de nos athlètes. Même si moi, je préfère être sur le terrain Á l’écoute de nos filles. Les rencontres pendant l’entraînement nous rapprochent. J’essaie de résoudre leurs petits soucis personnels », remarque-t-elle. Son travail ne s’arrête pas lÁ . Une répartition des tâches a aussi été effectuée au sein du secrétariat des Jeux.
Les responsabilités seront assumées en équipe par les cadres du ministère de la Jeunesse et des Sports qui feront le déplacement aux Seychelles. «C’est un immense plaisir de pouvoir servir son pays au plus haut échelon du sport mauricien. Cela fait partie aussi de notre travail d’encadrer les délégations lors des rencontres internationales. Etre en charge des filles est une responsabilité plus spécifique car les filles méritent une attention particulière. Il faut être très proche d’elles, tout en maintenant le sérieux voulu », observe-t-elle.
Le temps consacré au travail sur le terrain lui rappelle « les années passées sur un court de badminton avec la sélection nationale », avec son premier coach, son père Madhavan, et plus tard avec l’entraîneur national Venu Gopal. Le propre du sport et du métier de « Sports Officer », précise-t-elle, est d’être « toujours en action ». « C’est le point fort d’un sportif », pense notre interlocutrice.
Et ce quel que soit son sexe. « Il ne faut pas qu’il y ait des barrières. Les filles sont aussi capables, autant même que les garçons, de défendre notre quadricolore. Il suffit d’y croire. Pratiquer le sport de haut niveau est un challenge et les sports de loisir sont une nécessité pour le bien-être de l’individu. La question n’est pas d’être fille ou garçon. Le sport s’adresse Á tout le monde. Mais c’est aussi vrai qu’il y a eu une baisse dans la participation au niveau national, même si au niveau du sport-loisir, les femmes sont plus conscientes que les hommes des bienfaits qui en découlent. Il n’y a qu’Á voir le nombre de femmes qui pratiquent les sports-loisir après les heures de travail pour s’en convaincre », soutient-elle.
« Il y a toujours de l’espoir quand on a de la bonne volonté », insiste Vanina Cadressen-Yagumbrun. «On doit s’attendre Á des résultats intéressants aux Seychelles. Il n’y a pas de doute lÁ -dessus », assure-t-elle. Son message aux présélectionnés Á moins de trois mois de l’échéance seychelloise: « Travaillez dur et les résultats vous surprendront. « No gain without pain ». Allez Maurice ! Allez les filles ! »
Robert D’Argent est journaliste Á Maurice. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.
Comment on La Mauricienne Vanina Cadressen-Yagumbrun: Croire dans la parité, même dans le sport