La RDC adhère Á  la campagne d’accélération de réduction de la mortalité maternelle


Date: May 30, 2011
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La santé de la mère en République Démocratique du Congo (RDC) est préoccupante.
Beaucoup de femmes perdent leur vie avant, pendant et après l’accouchement des suites de complications.

L’enquête démographique et de santé(EDS) menée Á  travers le pays en 2007 indique que la RDC est l’un des pays de l’Afrique subsaharienne Á  forte mortalité maternelle. «La mortalité maternelle est élevée en RDC. Ce taux était estimé Á  549 décès pour 100 000 naissances vivantes durant les quatre années précédent l’enquête. Pour l’ensemble des décès des femmes en âge de procréation, c’est-Á  -dire entre 15 et 49 ans, près d’un décès sur cinq (19%) serait dÁ» Á  des causes maternelles, » peut-on lire dans ce document.

Les données plus récentes du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) sur la mortalité maternelle en RDC indiquent que quatre femmes meurent chaque heure des suites de complications pendant la grossesse, au cours de l’accouchement ou après celui-ci. La RDC figure parmi les six pays qui contribuent au chiffre de 50% de la mortalité maternelle dans le monde. Les mêmes sources révèlent que sur plus de 3 100 000 grossesses attendues chaque année en RDC, 15% des femmes enceintes, soit 450 000 d’entre elles, connaitront des complications pendant la grossesse, durant l’accouchement ou après l’accouchement, dont un tiers, soit plus de 150 000 femmes, requerront une intervention chirurgicale qui leur sauvera la vie ainsi que celle de leurs bébés.

Ces données sombres de la santé de la mère en RDC inquiètent plus d’une personne alors que le pays a signé le Protocole de la SADC sur le Genre et le Développement qui, dans son article 26 portant sur la santé, demande aux Etats membres d’adopter et d’appliquer des politiques et des programmes relatifs au bien-être physique , mental, émotionnel et social des femmes et des hommes d’ici 2015, en particulier de réduire le taux de mortalité maternelle par 75%.

A l’approche du rendez-vous des Objectifs de Millénaire pour le Développement (OMD) dont l’échéance est fixée comme l’est le Protocole de la SADC Á  2015, la RDC, qui a également adhéré aux OMD, capitalise sur toutes les occasions qui se présentent Á  elle pour marquer de points dans l’atteinte de ces objectifs et par ricochet dans l’application des engagements pris en signant le Protocole de la SADC sur le Genre et le Développement.

Face Á  ce taux de mortalité maternelle sur une courbe ascendante, le gouvernement congolais, Á  travers le ministère de la Santé, vient d’adhérer Á  la Campagne pour l’Accélération de la Réduction de la Mortalité Maternelle (CARMMA). La première dame congolaise, Olive Lembe Kabila, est Á  l’avant plan dans cette lutte contre la mortalité maternelle.

Lors du lancement de ladite campagne Á  Kinshasa, l’épouse du chef de l’Etat congolais a déclaré que la femme ne doit pas mourir en donnant la vie. Elle a alors invité tout le monde, le gouvernement, le Parlement, la société civile, les partenaires, la communauté et la femme congolaise Á  Å“uvrer pour que la Congolaise ne meure plus en voulant donner la vie.

Il est possible de réduire le taux de mortalité maternelle en RDC car les causes de ce drame humain sont connues. Pour la directrice du Programme National de la Santé de la Reproduction, le Dr Marie Louise Mbo, les causes directes sont les hémorragies, l’hypertension pendant la grossesse, l’avortement, la septicémie.

Mais en amont de ces causes, il y en a quatre autres, Á  savoir les grossesses précoces – environ 19% des adolescentes de 15 Á  19 ans, selon le FNUP, ont déjÁ  donné naissance Á  au moins un enfant, les grossesses tardives – 7% de femmes de plus de 45 ans, ayant plus de sept enfants, continuent Á  être en voie de famille et Á  accoucher; les grossesses trop rapprochées – dans 26% des cas, l’intervalle entre deux naissances est inférieure Á  deux ans – et enfin les grossesses trop nombreuses – une femme sur cinq a donnée naissance Á  dix enfants ou plus.

Au delÁ  de ces quatre causes, d’autres facteurs alourdissent le taux de mortalité maternelle en RDC: le manque de soins qualifiés au moment de l’accouchement, résultant d’une carence d’un personnel soignant qualifié et la faible consultation des services de planification familiale.

Pour ce qui est de la planification familiale, l’enquête démographique et de santé indique que la quasi-totalité des femmes, soit 82% et des hommes, soit 89% ont déclaré connaitre au moins une méthode contraceptive mais, malgré ce niveau de connaissance, une femme mariée sur cinq (21%) utilisait une méthode contraceptive quelconque, et seulement 6% d’entre elles utilisait une méthode moderne. Les femmes célibataires et sexuellement actives utilisent plus souvent des méthodes contraceptives modernes (23%).

Au regard de cette situation, la RDC a adhéré Á  la CARMMA pour réduire le taux de mortalité maternelle. La CARMMA a donc une double mission. Elle est Á  la fois une stratégie de plaidoyer et un outil de mobilisation des communautés pour susciter un engagement renouvelé des leaders nationaux en vue d’intensifier les interventions en faveur de la réduction de la mortalité maternelle. «La CARMMA va de ce fait accélérer l’installation et l’utilisation des services de qualité pour tous pour réduire la mortalité maternelle », estime le Dr Marie Louise Mbo.

Blandine Lusimana est journaliste en RDC. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.

 


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