L’avocate Irène Isambo Diata vit son handicap positivement

«J’ai accepté mon handicap et je l’ai dominé. Pour moi, mon état est devenu presque normal parce que je dois vivre ainsi toute ma vie. » Ces propos sont d’Irène Isambo Diata, une Congolaise vivant avec un handicap, qui exerce ,le métier d’avocate. Cette prise de conscience, Me Diata veut la transmettre Á  d’autres personnes qui sont dans le même cas qu’elle mais qui continuent Á  se laisser marginaliser.

Si Irène Isambo Diata n’a pas connu de discrimination au sein de sa famille, ni auprès de ses amis, il en a été autrement dans le milieu professionnel qu’elle s’est choisie. «Mes proches m’ont acceptée sans problème. Je n’ai jamais été victime d’un traitement différent. J’ai effectué une bonne partie de mes études loin de ma famille et je me suis rarement plainte. Mais après avoir obtenu mon diplôme en droit, les injustices ont commencé. J’ai eu des difficultés Á  être admise comme avocate en raison de mon état physique. C’est ma ténacité qui a été payante. J’ai fait valoir que les cinq ans que j’ai passés Á  l’université comme les autres étudiants en droit ne devraient pas être minimisés. J’ai dÁ» me battre durement pour obtenir cette reconnaissance. »

Cet épisode de la vie d’Irène Isambo Diata l’a marquée. C’est Á  partir de ce moment-lÁ  qu’elle a décidé de s’engager Á  défendre la cause des personnes handicapées physiques. «Si moi, qui ai fait le droit et qui connaît le droit, a été amenée Á  être victime d’injustices, que va-t-il arriver Á  ceux et celles qui ignorent leurs droits? » se demande-t-elle. C’est dans cette optique qu’elle a créé la Voix du Handicapé pour les Droits de l’Homme.

A travers cette organisation, Irène Isambo Diata déploie toute son énergie pour lutter contre les injustices Á  l’égard des personnes vivant avec un handicap. Avec d’autres organisations partenaires, elle milite actuellement pour l’adoption par le gouvernement congolais de la loi sur la protection et la promotion des droits des personnes vivant avec un handicap et la ratification de la Convention internationale sur les droits des personnes vivant avec un handicap. «Le projet de loi existe déjÁ  et nous y avons apporté notre contribution. Ce que nous attendons des pouvoirs publics, c’est son adoption qui a trop tardé Á  venir, » souligne-t-elle, rappelant dans la foulée que la RDC est aussi signataire du Protocole de la SADC sur le Genre et le Développement qui stipule dans ses articles 4 Á  11 que l’égalité du genre doit aussi s’appliquer aux femmes handicapées.

Et il y a beaucoup de personnes handicapées en RDC. En effet, ce pays en compte près de deux millions de personnes vivant avec un handicap. Pour cela, Me Irène Isambo Diata pense que le gouvernement doit prendre en considération les besoins de ces personnes. Il s’agit d’adapter les bâtiments et autres lieux publics, de même que le transport en commun, aux besoins des femmes et des hommes vivant avec un handicap.

Me Irène Isambo Diata ne compte pas se limiter Á  la défense des droits de personnes vivant avec un handicap. Elle rêve aussi de voir la paix durable revenir dans son pays. Pour ce faire, elle a participé Á  plusieurs rencontres nationales et régionales sur la paix, la justice et la sécurité. Cet engagement a fait d’elle la présidente du Centre d’Etudes sur la Justice et la Résolution 1325. Cette institution de la société civile, qui réunit des associations majoritairement féminines, prend part aux réunions sur la sécurité pour la réforme de la police nationale, comme le recommande la résolution 1325 des Nations Unies.

«Les autres femmes m’ont fait confiance en me désignant Á  ce poste parce qu’elles apprécient mon travail et reconnaissent mes compétences. C’est aussi la preuve qu’une personne vivant avec un handicap possède les mêmes facultés intellectuelles que les personnes valides. Et qu’elle est capable d’accomplir n’importe quel travail. Nous sommes pour l’accès aux chances égales au niveau de l’éducation, du travail et de tous les autres secteurs de la vie », précise l’avocate.