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Ces professionnelles du sexe, qui le sont devenues bien malgré elles, doivent être non seulement aidées ou orientées vers d’autres métiers mais aussi sécurisées afin de réduire leurs risques d’être exposées Á de multiples dangers.
A Matonge, dans la commune de Kalamu, un quartier situé Á quelques dizaines de kilomètres du centre ville de Kinshasa, Nanouche Mbenga, 23 ans, travaille depuis près de cinq ans comme professionnelle du sexe. Son ‘terrain de chasse’ préféré est situé non loin du quartier chaud de la ville, Á côté d’une école privée. Elle n’est pas la seule Á arpenter le coin. Aux alentours de 19h, on aperçoit des filles installées de parts et d’autres sur l’avenue Badjoko.
Elles attendent dans l’obscurité. Ces filles pourtant élégamment habillées sont des professionnelles de sexe. Si elles s’exposent aux différents aléas liés Á ce métier aussi vieux que le monde – l’exploitation par des hommes en uniforme ou la violence aux mains de bandits et autres détrousseurs -, c’est pour trouver de quoi mettre sous la dent.
Nanouche Mbenga a vécu une telle mésaventure. «J’ai eu la malchance d’avoir comme partenaires sexuels deux militaires. Ils m’ont promis chacun une somme de 4.500 FC, l’équivalent de cinq dollars américains. Une fois dans la chambre, ils ont refusé de porter le préservatif et m’ont abusée comme si que j’étais un animal. Je suis sortie de la maison de passe épuisée et abattue au point où je n’ai pu continuer mon service. Généralement, je peux me faire cinq partenaires par nuit mais ce jour-lÁ , comme ils étaient mes premiers clients, ils m’ont faussé l’affaire Après s’être soulagées, ces militaires ont refusé de me payer. »
Elle a tenté d’alerter les passants pour solliciter leur intervention mais malheureusement, personne ne lui a porté secours afin qu’elle obtienne gain de cause. «Je suis capable d’aller porter plainte mais les autorités répondent alors qu’aucune loi ne protège les professionnels du sexe en RDC et c’est pour cela que les militaires se croient tout permis ».
Elle a vécu une situation quasi-similaire dans le passé avec un civil mais cette fois-lÁ , une solution a été trouvée grâce Á l’intervention des agents. Nanouche Mbenga dit faire ce métier malgré elle pour subvenir aux besoins de ses jeunes frères. Leur mère est restée au village et s’occupe d’eux car leur père les a quittés. «Nous vivons chez un oncle mais lui non plus n’a pas les moyens de nous prendre en charge. Ce métier nous procure seulement Á manger mais c’est déjÁ bien ainsi ».
Malgré les coups durs encaissés et les mauvaises expériences, elle poursuit ce métier, tout en espérant rencontrer un jour quelqu’un qui pourrait l’aider Á gagner sa vie autrement ou encore qui l’emmènerait en Europe «parce que je n’attends rien des pouvoirs publics, d’autant plus qu’ils ont beaucoup de dossiers Á traiter. Je ne pense pas que les autorités vont répondre dans les plus brefs délais aux revendications des professionnelles du sexe quand il y a d’autres urgences ».
Ces filles contraintes Á faire ce métier en raison de l’extrême pauvreté, travaillent donc dans la clandestinité où elles rencontreront toujours des problèmes. Elles ne disposent aussi d’aucunes structures pour les protéger.
Il faudrait qu’un parlementaire congolais plaide en leur faveur pour que leur métier soit enfin balisé par des gardes fous, notamment sous forme de la délivrance d’une carte de santé pour qu’elles puissent se faire suivre médicalement dans les hôpitaux et bénéficier de la distribution gratuite de préservatifs.
Lilie MBALA est journaliste en RDC. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.
3 thoughts on “Le calvaire des professionnelles de sexe de la ville de Kinshasa”
Je suis coordinateur du Réseau des Organisations de Développement et Paix RESODEP en sigle,comment avoir votre appui pour aider les professionnelles de sexe des milieux reculés du sud kivu?
pas seulement à Kinshasa, les femmes professionnelles de sexe sont exposées à des serieux problemes d’ordre jurique, social, economique et moral
les milieux reculé ne sont épargné
songez à sauver leurs vie en dangé perpétuel
Où ça ?