Le Nzango : un jeu qui redonne la santé aux Congolaises


Date: October 24, 2010
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Toutes les Congolaises ont joué au Nzango quand elles étaient petites. Un jeu d’enfant plein de vitalité, pratiqué dans la majorité des cas par les filles. Après être tombé dans l’oubli, le Nzango pour les Congolaises de l’ouest, qui porte aussi le nom de Kange pour celles de l’est du pays, a reparu dans la vie des Congolaises mères de famille. Pour une population qui n’a pas vraiment une culture de pratique du sport, il y a de quoi applaudir.

« J’essayais par tous les moyens de traiter des femmes qui avaient des problèmes de surpoids et d’autres troubles associés. Jusqu’au jour où j’ai vu des petites filles jouer au Nzango. Après un temps d’observation, j’ai posé la question Á  mes patientes en leur demandant si elles avaient déjÁ  joué Á  ce jeu. Elles ont acquiescé. Je leur ai alors demandé de recommencer Á  le jouer. Après quelques minutes de jeu, elles se sont mise Á  transpirer et Á  perdre du poids », a l’habitude de raconter l’initiateur de ce qu’on appelle aujourd’hui le Nzango moderne, Mpasi Titov, qui exerce la profession de médecin.

Il ignorait qu’il relançait une tradition qui allait se répandre dans le pays. De sa ville d’origine, Pointe noire, Mpasi Titov a ramené ce jeu Á  Brazzaville, capitale du Congo-Brazza. De lÁ , le Nzango a traversé le fleuve pour gagner comme une traînée de poudre Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo.

Les deux capitales les plus rapprochées du monde ont eu Á  organiser des tournois de Nzango et l’information est allée jusqu’aux coins les plus reculés du pays. Les femmes de tous les âges jouent Á  ce jeu qui, non seulement leur rappelle leur enfance, mais aussi et surtout leur permet de rester en forme. Les églises, les entreprises, les établissements d’enseignement supérieurs, les partis politiques et bien d’autres milieux sont conquis.

A la division urbaine du ministère de Jeunesse et des Sports, une ligue est en train d’être mise en place pour organiser ce jeu et le transformer en loisir. « Une ligue provinciale a été mise sur pied pour programmer des tournois de Nzango. De septembre 2009 Á  juin 2010, nous avons vécu trois tournois. En octobre, le quatrième tournoi aura lieu Á  Kinshasa. L’engouement est grand. Rien que pour le partie ouest de la capitale, nous avons 70 clubs affiliés », explique Eulalie Yuma, présidente de l’Entente Kin ouest.

Mais tout le monde ne soutient pas cette activité de loisir. Certains stéréotypes collent toujours Á  la peau des femmes qui le pratiquent. Certaines personnes les accusent de déserter leur foyer une journée durant pour aller jouer et ensuite se pavaner dans les bars après une victoire. « Ce sont des femmes de mÅ“urs légères qui le pratiquent. Je ne peux pas encourager cela », soutient Paulin, fonctionnaire dans l’administration publique.

Ce ne sont pas que les hommes qui portent de telles accusations. Mêmes certaines femmes enfoncent le clou : «Je ne crois pas que cela soit quelque chose Á  encourager. Ces femmes font beaucoup de bruit pour rien », estime Clarisse, mère d’un enfant.

Un sketch a même été réalisé par une troupe locale pour faire passer des messages décourageants Á  propos du Nzango, du genre « les mères de famille abandonnent leur foyer pour le Nzango, l’éducation des enfants est menacée ; etc »

Face Á  ces accusations gratuites et sans fondement, Eulalie Yuma réplique : « C’est une mauvaise façon de voir les choses. Des dérapages ne manquent pas dans la vie. Mais pour moi, le Nzango permet aux personnes qui le pratiquent d’éviter certains problèmes de santé. J’ai des témoignages des époux qui encouragent leurs femmes Á  continuer parce que ce loisir leur permet de garder une belle silhouette et de rester en forme. »

Marie Claire Mbala, une vendeuse de pains d’une soixantaine d’années, est heureuse que le Nzango soit Á  nouveau populaire. «Mon église a organisé des activités récréatives le week-end dernier pour ses fidèles. Et nous, les femmes, nous avons joué au Nzango Á  un moment de la journée. Et c’était fantastique ».

Il existe beaucoup de clubs de ce genre, créés occasionnellement pour divertir des groupes de femmes dans une paroisse, un quartier ou encore une entreprise. Cela permet Á  Eulalie Yuma d’espérer et d’appeler les autres Congolaises Á  soutenir ce jeu qui est en majorité pratiquée par les femmes.

Fortes du soutien de la direction des loisirs de la ville de Kinshasa et des femmes et des hommes de bonne volonté, Eulalie et son groupe n’entendent pas baisser les bras. Au contraire, elles caressent le rêve de voir ce loisir être reconnu plus tard comme une discipline sportive Á  part entière avec des règlements précis et qui serait accepté par plusieurs autres pays.

Anna Mayimona Ngemba est journaliste freelance en République Démocratique du Congo. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.

 


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je crois que ce genre d’initiative doit être encouragée par les autorités du pays initiateur(CONGO/Brazzaville),et de toute l’Afrique parceque c’est un jeu africain et qui est en voie d’être modernisé.Soutenons l’initiateur(Mr TITOV Guy Noel)et son staff afinque ce jeu devienne un sport comme tout autre.Alors les femmes ,la balle est dans votre camp.j’aimerai un jour appendre qu’il y’a un championnat d’Afrique de Nzango Moderne ou encore plus,une coupe du monde de Nzango.ce qui n’est impossible,la preuve la première coupe du monde de foot à commencée qu’avec 4 équipes.Alors…La femme est sacrée,le Nzango est Sacré.

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