Le programme Babéo : des changements visibles dans la vie des petites entrepreneures malgaches

Le programme Babéo : des changements visibles dans la vie des petites entrepreneures malgaches


Date: December 23, 2013
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Antananarivo, 23 décembre: Le programme Babéo s’achève en cette fin d’année Á  Madagascar. Mis sur pied en 2011, il a transformé la vie de nombreuses Malgaches en leur donnant une certaine autonomie, une indépendance économique certaine, de la dignité et surtout la réalisation qu’elles tiennent en main les commandes de leur vie et qu’elles ne doivent plus être des spectatrices passives.

Le plus gros du programme Babéo repose sur le renforcement des capacités des femmes en gestion d’activités génératrices, allié Á  un accompagnement psychosocial. Durant les 27 mois de son application, ce programme a obtenu des résultats significatifs comme l’indique une récente évaluation technique effectuée par son principal bailleur de fonds, Á  savoir l’Union européenne (UE). Ainsi, plus de 350 Malgaches ont été formées en gestion et en développement personnel et parmi elles, 130 ont décidé d’utiliser les lignes de crédit et d’épargne mises Á  leur disposition par des institutions de micro-finance. De plus, 480 Malgaches ont approché les cellules d’écoute pour obtenir un accompagnement psychosocial qui s’est, dans la pratique, traduit par de l’écoute, des visites Á  domicile, une participation aux groupes de paroles et Á  l’art thérapie.

Ensuite, 124 Malgaches qui aspiraient Á  tenir des garderies, ont développé 68 structures d’accueil de la petite enfance, des crèches diversifiées et accessibles. Plus de 8250 Malgaches ont été sensibilisés sur comment faire pour avoir une meilleure relation de couple, tout comme ils ont reçu des informations sur l’éducation familiale et sur la violence basée sur le genre qu’il faut Á  tout prix contrecarrer. Cette évaluation de l’UE a aussi montré une amélioration considérable des offres et services d’institutions de micro-finance qui répondent de façon plus pointue aux besoins spécifiques des petites entrepreneures.

Olga, vendeuse d’articles de récupération au marché aux puces, fait partie de ces petites entrepreneures Á  avoir suivi le programme Babéo. « Après la formation dispensée par le programme Babéo, je sais désormais comment bien séparer le budget de mon activité économique de mon budget familial, chose que j’avais beaucoup de mal Á  faire autrefois ». Fabienne, qui tient un snack, explique: « j’ai réalisé après avoir suivi le programme Babéo que j’étais en droit de me verser un salaire au même titre que tout autre employé et que ce n’est pas parce que je suis micro-entrepreneure que je n’ai pas le droit Á  des revenus générés par ma petite entreprise ».

Hanitra, gérante de la crèche Les Capucines, raconte que ce qu’elle a appris lors du programme Babéo, elle l’applique dans son quotidien. « J’ai appliqué ce que j’ai reçu de la formation en puériculture et en psychopédagogie et depuis, je constate que les parents me font davantage confiance et qu’ils hésitent moins Á  me confier leurs enfants. J’ai également décidé d’apporter ma contribution au développement de la petite enfance en me proposant d’agir comme membre du bureau du Cercle des Educateurs, association qui fera le suivi du programme Babéo ».

C’est au niveau de son couple que Nivo, couturière, dit avoir beaucoup gagné: « Je n’oublierais jamais le programme Babéo qui a ravivé la flamme dans notre couple car il a apporté un changement de comportement chez mon mari. En outre, mon entreprise se développe car j’applique les principes que j’ai reçus lors de la formation. Je suis désormais membre active de l’association Jeudi des Entrepreneures, créé pour prolonger le programme Babéo. D’ailleurs, je suis toujours prête Á  parler de mon expérience et Á  partager mes bonnes pratiques avec d’autres petites entrepreneures et je le ferai au sein de cette structure ».

Même si ce programme se termine Á  la fin du mois, les deux structures qui en découlent, l’association « Jeudi des Entrepreneures » et le « Cercle des Educateurs » animés par les bénéficiaires du programme, prennent désormais le relais pour inculquer Á  d’autres ce qu’elles ont appris.

La coordinatrice du programme Babéo a le sentiment du devoir accompli. En effet, Lizah Ndrialisoa est fière d’avoir mené Á  bout ce projet et en particulier durant la période de crise sociopolitique qui a affecté tous les Malgaches en général. « Nous avons associé dans ce projet beaucoup d’expertises pour que le développement de la petite entrepreneure soit le plus global possible, Á  savoir au niveau de sa vie familiale, de ses finances, de l’éducation de ses enfants en bas âge. Nous lui avons aussi appris Á  dire non aux violences basées sur le genre, tout comme nous lui avons fourni les outils pour qu’elle maîtrise les nouvelles technologies de l’information et de la communication. Tout boucler en un an est impossible. Mais pour qu’il y ait un suivi du programme et un effet boule de neige, nous avons créé des structures de pérennisation Á  travers l’espace TIC, l’association Jeudi des Entrepreneures et le Cercle des Educateurs. Elles continueront la mission du programme Babéo. »

Le programme Babéo, rappelons-le, est conforme Á  plusieurs articles du Protocole de la SADC sur le Genre et le Développement dont celui qui insiste sur l’accès égal et la rétention des femmes et des hommes Á  une éducation primaire, secondaire et universitaire et une formation de qualité ou encore la disposition qui demande aux Etats membres de réduire de moitié les taux de violence basée sur le genre d’ici 2015.

Des recommandations qui rejoignent aussi les Objectifs du Millénaire pour le Développement et dont l’objectif final, tout comme le programme Babéo, est d’obtenir une émancipation économique de la femme et une harmonisation de sa vie personnelle, familiale et économique.

Leevy Frivet est journaliste Á  Maurice. Cet article du service d’informations de Gender Links, apporte des perspectives nouvelles Á  l’actualité quotidienne.

 

 


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