Le projet Babéo: redonner le sourire et la dignité aux femmes malgaches


Date: September 3, 2011
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Selon de nombreux indicateurs de développement, la population de Madagascar figure parmi les plus pauvres du monde. Plus de 85% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté avec moins de deux dollars par jour. Au-delÁ  de ce constat, l’accès aux services financiers traditionnels pour les entrepreneurs reste marginal: moins de 7% de la population malgache a ainsi accès au système financier et moins de 200 000 personnes sur les 18,6 millions d’habitants que compte la Grande Ile, n’ont accès aux services d’institutions de micro-finance.

Comme partout dans le monde, la misère attaque avant tout les femmes et les enfants. La crise politique qui a débuté Á  la fin 2008 n’a fait qu’affaiblir davantage les femmes malgaches déjÁ  maltraitées, discriminées, abandonnées et violentées. Un projet vient d’être lancé et a pour but de les soutenir dans tous les domaines possibles : c’est le projet Babéo.

Coordonné par l’organisation non-gouvernementale PlaNet Finance, organisme de micro-finance, ce programme est cofinancé par l’Union Européenne et vise Á  sensibiliser les femmes malgaches au micro-entreprenariat, ainsi qu’Á  favoriser leur collaboration avec les institutions de micro-finance. Ce programme cherche Á  responsabiliser les ménages vulnérables Á  la pauvreté. Et ce, en identifiant leurs besoins par le biais de dialogues, d’échanges et d’une rencontre avec les femmes et les filles mères exerçant des emplois informels dans les bas quartiers des six arrondissements de la capitale Antananarivo.
Métiers où elles n’ont aucune sécurité financière comme gérantes de snacks, fabricantes de chips, gérantes de taxiphones, éleveuses de poulet frais etc. Ce programme consiste Á  dispenser des formations professionnelles en fonction des activités de ces femmes. En outre, les frais de maternelle pour leurs enfants de moins de deux ans sont aussi pris en charge. Le tout est réalisé en collaboration avec les organisations l’Akany ikoloina ny ankizy, Capacity building for communities et Tabita.
Babéo s’adresse aux femmes désireuses de se développer et d’avoir un métier, tout en étant capables de s’acquitter de leurs fonctions de mères et d’épouses.
L’association Tabita joue un grand rôle dans le projet Babéo. Elle assure l’accompagnement psychologique par le biais de cellules d’écoute, d’orientation et de conseils. Et contribue Á  redonner de l’espoir aux femmes victimes de violence et Á  les faire s’épanouir via des réseaux informels d’entraide. L’association Aina facilite la garde des enfants de moins de cinq ans pour que ces mères puissent se consacrer pleinement Á  leurs activités professionnelles.
Les femmes malgaches ont besoin d’être coachées et c’est en ce sens que le programme Babéo constitue une lueur d’espoir pour elles. Hary, une des bénéficiaires du programme, se réjouit car “en tant que mère, épouse et travailleuse, nous apprenons plusieurs choses en simultanée. Le coaching nous permettra de voir plus clair dans ce que nous désirons entreprendre par la suite. »
Hanitra, autre mère de famille, a aussi tiré profit de ce programme. «J’ai deux filles en bas âge et un petit snack Á  gérer. C’est notre seul moyen de survie. Mon compagnon s’en occupait jusqu’Á  ce qu’il nous abandonne. A Madagascar, on n’a pas de pension, rien. Et avec cette crise sociopolitique, ce n’est pas facile de s’en sortir. Mais le projet Babéo m’a facilité la vie en m’assistant et en m’éduquant. J’arrive Á  mieux orienter ma vie. »
Outre un manque d’éducation, les Malgaches sont souvent violentées, battues et agressées sexuellement. Le pays a connu ces derniers temps une montée de violences sexuelles envers les femmes. Moins puissantes économiquement, elles sont donc plus vulnérables Á  ce genre d’attaques.
En la circonstance et pour aider un plus grand nombre de femmes malgaches qui sont dans le besoin, il faudrait qu’il y ait d’autres programmes du type Babéo.

Leevy Frivet est journaliste Á  Maurice. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.

 


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