Le réveil économique des femmes n’a pas encore sonné en Afrique australe

Le réveil économique des femmes n’a pas encore sonné en Afrique australe


Date: September 16, 2014
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Johannesburg, 22 aoÁ»t: Les commémorations du mois des femmes en Afrique du sud ont eu un effet boule de neige Á  travers la région de l’Afrique australe. Quand des centaines de femmes ont marché jusqu’aux bâtiments de l’Union pour réclamer leur liberté, ce n’était pas qu’une action politique pour entrer dans l’Histoire mais une question essentielle pour marquer leur histoire. Avec le 34e sommet des chefs d’Etats de la SADC qui s’est tenu Á  Victoria Falls Á  la mi-aoÁ»t avec comme thème prioritaire le commerce, il est critique pour les décideurs et la région de s’assurer que les politiques commerciales qui font grandement abstraction du genre comprennent l’autonomisation économique des femmes.

Le pourcentage de femmes dans les instances économiques de décision a stagné depuis 2012 et plafonne Á  26% en 2014. En dépit de nombreux appels et des tentatives d’élaboration de politiques Á  travers la région pour émanciper les femmes économiquement, ces 26% indiquent qui contrôle toujours les moyens de production dans la région.

Les bourses nationales sont majoritairement entre les mains d’hommes avec seulement deux ministres des Finances femmes dans la région de la SADC. Le Protocole de la SADC sur le Genre et le Développement demande pourtant aux Etats membres de développer des politiques et des cadres qui assureront une participation égale des hommes et des femmes dans la formulation de politiques et de leur application. Cela comprend une budgétisation sensible au genre lorsque l’on s’approprie les ressources naturelles.

Les Etats membres de la SADC ont développé des cadres politiques pour assurer la croissance économique dans la région. Le projet de loi sud-africain intitulé « Women Empowerment and Gender Equality » et les efforts du Zimbabwe de mettre la transformation socio-économique durable Á  son agenda vise Á  inclure les femmes dans le développement économique. Cependant, les femmes restent Á  la périphérie du développement économique et concentrées dans les secteurs de survie. Les femmes sont encore en surnombre dans le secteur informel et le commerce transfrontalier. Il est rare de trouver des femmes dans les secteurs dominés par des hommes tels que le travail minier, le secteur du bâtiment, l’agriculture, la production et la finance.

L’agriculture demeure le contributeur principal du produit intérieur brut de la région. La croissance économique pour 2015 dans tous les pays de la SADC est estimée Á  plus de 3%. Les femmes doivent constituer une contribution plus importante dans ces estimations de PIB car autrement, il n’y aura point de réveil économique pour elles. Bien qu’elles constituent une part importante de la main d’Å“uvre et sont des laboureurs agricoles, elles ne possèdent toujours pas de terres arables et leurs moyens de production agricole sont négligeables. Le chômage demeure élevé parmi les femmes de l’Afrique australe et pourtant leurs contributions au développement économique ne sont pas rétribuées. Les statistiques économiques décomposées par sexe sont encore rares et affectent la planification économique des pays membres de la SADC.

Les pays de la région doivent insister pour qu’il y ait plus de femmes dans les domaines scientifiques et technologiques, de même qu’Á  des postes de décision dans le secteur financier. Les banques de femmes ont été des plateformes de start-ups pour les femmes de la région mais ces initiatives doivent être soutenues par des formations afin de renforcer leurs capacités d’entrepreneures et s’assurer qu’il y ait une justice économique. La banque SWEET au Swaziland instituée par la Reine mère est un projet destiné Á  émanciper les femmes, en particulier celles des régions rurales. La loi sur l’égalité du genre au Malawi vise Á  offrir des chances égales aux femmes, y compris dans l’économie. Le programme d’action national d’adaptation malgache vise Á  autonomiser les femmes Á  travers le changement climatique. La Banque nationale de développement du Botswana a aidé les femmes Á  agrandir et étendre leurs business mais elles n’ont pas la partie facile car plus d’hommes que de femmes ont accès aux emprunts. Les défis dans les projets d’autonomisation économiques et des plans directeurs demeurent dans leur application, de même que leur monitorage et évaluation. L’agenda post-2015 est une occasion pour les Etats membres de la SADC de mettre sur pied des cadres plus stricts pour l’application et le monitorage de ces plans directeurs économiques.

On peut arguer que la politique de quotas a favorisé les femmes au travail. Cependant, elles sont encore peu nombreuses Á  siéger sur les conseils d’administration et encore moins dans des postes de direction. L’émancipation économique des femmes est encore entachée par la violence basée sur le genre et plus encore chez les femmes qui n’ont pas d’indépendance financière. Des études d’emploi du temps devraient être systématiquement menées par les gouvernements conformément aux enquêtes nationales sur les ménages afin d’obtenir des données de base fiables.

Quand les politiciens demandent où sont les femmes lorsqu’ils mènent campagne pour le développement inclusif, cet appel doit être considéré en tandem avec les rôles multiples cumulés par les femmes et les cadres économiques restrictifs.

Certains progrès ont tout de même été réalisés dans quelques pays de la SADC eu égard Á  la protection des veuves et des enfants. Le défi est de conformer les lois coutumières avec les Constitutions car 11 pays ont révisé leur loi suprême depuis 2012.

Alors que nous approchons de l’échéance de 2015 pour toutes les dispositions du Protocole de la SADC sur le Genre et le Développement, il serait approprié pour les pays membres d’assurer une autonomisation économique progressive Á  travers de nouvelles dispositions appuyées par des indicateurs car ce qui ne peut être mesuré ne peut être comptabilisé. Un schéma post 2015 inclusif est critique pour le développement de la région. La SADC Gender Protocole Alliance demande donc aux gouvernements de ne laisser personne Á  la traîne de la transformation économique et de mettre les femmes au cÅ“ur des politiques commerciales.

Sifisosami Dube est le manager de la SADC Gender Protocol Alliance et de ses partenaires et une des coéditrices du Baromètre 2014 de la SADC sur le Genre et le Développement. Elle est l’auteure du chapitre sur les ressources productives, l’emploi et l’autonomisation économique. Cet article fait partie de la série spéciale du mois des femmes du service d’information de Gender Links.


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