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En l’espace de quelques mois, une double tragédie a frappé le sud de Madagascar. Après le passage du cyclone Haruna en février, qui a tout inondé, voilÁ que l’invasion des criquets a donné un coup de massue aux agricultrices malgaches vivant dans le sud du pays. D’endettées qu’elles étaient et meurtries par le cyclone, ces femmes ont vu leurs récoltes détruites en quelques jours par cette invasion d’insectes qui, contrairement Á Haruna, était prévisible.
Volo, une jeune paysanne de 32 ans vivant dans la région d’ Amoron’i Mania, explique son désarroi. « Notre maison avait été détruite par le cyclone. Maintenant, c’est notre grenier, notre nourriture, qui s’en est allé. Non seulement il n’y a plus rien Á manger pour mes enfants et moi mais cette fois, nous n’avons rien Á vendre. Une situation qui ne nous permet pas de remonter vers le nord ou le centre de Madagascar en attendant des jours meilleurs. »
La plupart des femmes malgaches dans le Sud sont d’une manière ou d’une autre connectées Á l’agriculture. Pourtant, le Sud est un des territoires les plus pauvres de la Grande île. Car elle fait souvent face Á des catastrophes naturelles dont des inondations, des famines, des invasions de crickets mais aussi d’une montée de violence avec des bandits de grand chemin qui volent, violent et tuent sur leur passage, sans montrer une once de pitié pour quiconque.
La présidente nationale de « Hasin’i Madagasikara » ou parti Vert de Madagascar, Saraha Georget Rabeharisoa, une des quatre femmes qui figure dans la course aux élections présidentielles de Madagascar, demande aux autorités malgaches et Á la communauté internationale d’intervenir. Son parti insiste sur des actions urgentes destinées Á aider ceux affectés par l’invasion acridienne.
Elle craint que les partis d’Etat ne mettent en avant les nécessiteux pour se procurer une somme d’environ 41 millions de dollars, dont plus de 22 millions d’ici ce mois-ci pour commencer Á lutter contre l’invasion des criquets qui menace les prochaines cultures et la sécurité alimentaire.
Face Á cette situation, le parti Vert interpelle les responsables nationaux et internationaux impliqués de manière directe ou indirecte dans la lutte antiacridienne Á Madagascar sur la nécessité d’une solution durable. « Il faut au préalable une étude environnementale et sociale de la stratégie nationale de lutte préventive contre le criquet migrateur afin de mieux définir les sources d’impact environnemental et social de cette invasion mais également les orientations plus efficaces et durables pour des mesures d’atténuations correspondantes, portant moins de préjudices Á l’environnement et Á l’homme, ainsi que des mécanismes de financement correspondants, » soutient Saraha Georget Rabeharisoa
Ce parti réclame la mise en place d’un fond national permanent de contingence antiacridienne pour une mobilisation immédiate et le rétablissement plus rapide des conditions de vie des populations dans les régions les plus touchées. Ce parti trouve inadmissible l’utilisation de pesticides déjÁ retirés de la circulation tels la dildrine. Aussi, il exige des responsables qu’ils se réfèrent exclusivement aux directives de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) sur le choix des pesticides Á utiliser ainsi qu’aux doses recommandées. Cela, tout en tenant compte des aspects cumulatifs des impacts environnementaux de l’utilisation de ces pesticides dans le temps.
Entretemps les paysannes du Sud souffrent. Les femmes dont les maris sont agriculteurs souffrent aussi car la famine les guette. “En une journée, on a compté cinq essaims sur un trajet de 20 kilomètres. Donc, c’est vraiment extrêmement grave. C’est toute la population malgache maintenant qui est concernée”, explique Tsitohaina Andriamaroahina, directeur de la Protection des Végétaux au ministère de l’Agriculture, et chef de la mission associant la FAO.
Le gouvernement avait déclaré l’état d’alerte dès novembre 2012, qualifiant l’invasion de “calamité publique”. Mais la majeure partie du budget du centre national antiacridien part en salaires tandis que les fonds internationaux se font attendre. “Je ne peux que me mettre Á genoux devant ce fait. Cela me fait mal au cÅ“ur”, se désole Andriamaroahina, totalement impuissant. En un jour, jusqu’Á 100 000 tonnes de végétation verte peuvent disparaître sous les ravages des criquets: cela peut être du riz, du pâturage, du maÁ¯s, de la canne Á sucre. Les criquets avalent tout, privant la population vivant déjÁ Á 70% sous le seuil de pauvreté de ses récoltes.
“Après le passage des criquets, il n’y a plus rien Á manger. Même les bêtes n’ont plus rien Á se mettre sous la dent. On souffre beaucoup”, raconte Zefa Vilimana, propriétaire d’un champ de canne Á sucre dont les longues feuilles vertes ont été grignotées de toutes parts.
Le Protocole de la SADC sur le genre et le développement, pourtant signé et ratifié par le gouvernement malgache, demande aux Etats membres de veiller Á ce que les femmes soient bien traitées et que des décisions politiques soient prises pour qu’elles aient accès de façon équitable au commerce et Á l’entreprenariat, aux opportunités et que leur contribution dans le secteur formel et informel soit tenue en ligne de compte.
Il faudrait que toute aide financière de la FAO ou de tout autre bailleur de fonds parvienne Á ces femmes qui contribuent Á nourrir une bonne partie de la population malgache.
Leevy Frivet est journaliste Á Maurice. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.
GL Special Advisor @clowemorna opens the floor & breaks the ice in welcoming all the different grantees with their country's @WVLSouthAfrica Conference#GenderEqaulity#CSW69 pic.twitter.com/P9zDtXcIAy
— Gender Links (@GenderLinks) March 5, 2025
Comment on Les femmes malgaches du Sud menacées de famine