Les femmes malgaches pensent toujours Á  leur famille


Date: July 26, 2010
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Ma mère, Merline Andrianjafy (79 ans) raconte ce qu’elle a vécu. «Tu sais que la famille est une chose très importante chez nous. Ma mère avait cinq sÅ“urs et elles vivaient presque dans le même quartier. Leurs maisons étaient toutes proches. Ma mère était la benjamine de toutes, et ses sÅ“urs aînées se sont toutes mariées Á  des fonctionnaires. C’était l’exigence de leur mère. De plus, elles devaient se vouer Á  leur foyer parce qu’aucune femme ne sortait de la maison pour aller travailler. »

Plus tard, ce fut au tour de ma mère de penser Á  se marier. Sans doute que le temps avait évolué mais le fait brut est que, même si mon grand-père était lui aussi fonctionnaire, il n’en a pas exigé autant Á  son futur gendre. Finalement, mon père était quelqu’un qui travaillait dans une entreprise privée. Ma mère raconte toujours. «Nous n’avions pas l’occasion de flirter comme vous le dites et le faites aujourd’hui. A chacune de nos sorties Á  deux, il nous fallait la présence d’un chaperon. C’était soit un de mes cousins, soit une de mes cousines déjÁ  mariée. Il n’était pas question de sortir le soir, non plus. »

Ces jeunes mariées étaient de bonnes ménagères. Une fois dans leur foyer, le salaire de leurs maris suffisait pour faire tourner la maisonnée et il ne serait jamais venu Á  l’idée de ces femmes d’aller travailler pour suppléer au budget familial.

Une fois l’indépendance acquise Á  Madagascar en 1960, la mode vestimentaire Á  la malgache est revenue en force, obligeant presque toutes les femmes Á  allonger leurs cheveux pour le fameux «tanana ivoho * ». C’était le critère pour avoir un mari. Mais il y avait autre chose. «L’Indépendance a fait fleurir une autre tendance: les femmes au travail, mais autant que faire se peut, toujours au foyer. »

Quand elles n’étaient pas artisanes et couturières, elles étaient obligées de quitter leur foyer pour trouver du travail. C’était soit être infirmière, enseignante, sage-femme. «Ce genre de travail retenait les femmes au foyer le plus longtemps possible. En fait, l’éducation de nos enfants retombait toujours sur les épaules des femmes et nous le faisions avec amour. Et si jamais l’un de nos enfants déviait du droit chemin, c’est de notre faute. Jamais celle de nos maris. »

Les choses ont évolué dans les années 70-80. Ma mère, couturière-modiste, recevait et travaillait toujours Á  la maison. Elle nous a éduqués et s’est occupée de ses six enfants avec une rigueur presque identique Á  celle de ses parents mais elle a su allier cette façon de faire en évoluant avec son temps. Mon père, homme très doux et généreux, ne trouvait jamais une ‘occasion’ pour nous frapper. «Nous avons décidé de privilégier le dialogue. C’est pour cela que nous vous avons habitués Á  raconter toute votre journée avant d’aller dormir. Autour de notre lit, nous avions une sorte de concertations. Jusqu’ici, je ne regrette pas ce rituel, et je continue avec mes 13 petits-enfants. »

J’ai sans doute la chance d’avoir des parents qui sachent écouter leurs enfants. Les résultats d’une enquête effectuée par l’UNICEF et rendue publique en juin dernier, fait montre de la prépondérance de l’éducation pour les enfants de 0-6 ans, socle de l’avenir de ces enfants. Il est dit que la présence de la mère est essentielle pour un développement complet.

Il va sans dire que malgré une différenciation entre garçons et filles (enseignement, tâches ménagères, choix du métier…), la jeune fille n’est pas très souvent poussée vers les filières qu’elle voudrait approfondir tant l’idée d’une «femme au foyer » est toujours fortement ancrée dans les esprits malgaches. Mais bien que les temps semblent avoir changé et la Malgache semble n’avoir plus assez de temps Á  consacrer Á  ses enfants, c’est une perception.

Bien que je sois occupée, j’ai ma mère qui est toujours présente pour mes enfants. Mon amie qui a perdu sa mère alors qu’elle était encore jeune, a élevé ses deux frères et veillé Á  ce qu’ils terminent leurs études. Ce qui l’a poussée très jeune vers le monde du travail. Elle a pris le relais de sa mère auprès d’eux. Comme quoi, de génération en génération, les femmes malgaches ont toujours un sentiment protecteur envers leur famille.

– Les cheveux sont divisés en deux au milieu jusqu’Á  la nuque, puis tressés en nattes et retenues en un entrelacement pour former comme une sorte de catogan.

Volana Rasoanirainy est journaliste Á  Madagascar Tribune. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.

 


0 thoughts on “Les femmes malgaches pensent toujours Á  leur famille”

tahiana says:

en tant que jeune femme malgache, j’estime à la fois utile et honorable de la part des journalistes de s’intéresser enfin, et de communiquer l’aspect culturel de la femme malgache comme son dévouement inconditionnel pour les siens. il est vrai qu’il est primordial de rendre compte de la violence qui les frappe, l’injustice qui les empêche de s’épanouir. mais le côté positif de leur réalité existe!!

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