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Depuis des années, l’Université d’Antananarivo Á Madagascar est le théâtre d’actes violents souvent non-dénoncés. A la suite du meurtre de Michou, jeune étudiante de 16 ans, portée disparue pendant quatre jours avant que son cadavre ne soit retrouvé dans un buisson sur le campus de l’université Á la fin janvier, les étudiants comme les professeurs ont décidé pour la première fois de dire NON Á la violence sur le campus.
L’Université d’Antananarivo se réveille enfin de son silence pour dénoncer les actes de violence. Une marche silencieuse a été organisée Á la fin janvier Á la suite du meurtre de Michou, jeune étudiante d’Á peine 16 ans mais aussi pour dire assez aux autres formes de violence sur le campus.
Ils étaient des milliers, des étudiants, enseignants, professeurs et sociologues Á avoir répondu Á l’appel de l’association des étudiants en sociologie et de la famille de la victime pour rendre hommage Á Michou, cette étudiante en sociologie, violée et tuée et dont le cadavre a été retrouvé dans l’un des buissons de l’université le 15 janvier dernier, soit quatre jours après sa disparition.
“Non Á l’insécurité Á l’université, non Á la violence », pouvait-on lire sur les pancartes brandies. Des slogans également scandés en chÅ“ur par les participants de cette marche qui marque sans doute le début du rejet de toute forme de violence Á l’université. C’était aussi un rappel Á l’action aux autorités compétentes.
L’université d’Antananarivo continue Á faire parler d’elle. A la fin 2012, c’était des affrontements entre les forces de l’ordre et les étudiants qui s’étaient mis en grève pour réclamer des bourses impayées.
Plusieurs personnes avancent que le campus de Tananarive et ses abords ne sont plus sÁ»rs et que le meurtre de Michou n’est pas le premier Á avoir eu lieu Á l’université «L’an dernier, quelqu’un a été assassiné de nuit sur le campus. Assez récemment, le cadavre d’une autre personne a été retrouvé dans les environs. C’est franchement inquiétant pour les étudiants comme pour les enseignants », a déclaré Á la presse locale, Jean Rasoarahona, un enseignant.
Rivo Raphaël Chrecant, le président de l’association des étudiants en sociologie, affirme que Michou n’est pas la première étudiante violée sur le campus universitaire mais qu’elle a été la première Á y laisser la vie. Selon lui, “beaucoup de viols et de vols n’ont jamais été dénoncés, ni rapportés jusqu’ici”.
“Nous voulons que ces actes de violence cessent Á l’université », déclare Hanitranirina, une étudiante ayant participé Á la marche et qui regrette qu’aucun délinquant n’ait été arrêté dans le cadre de ce meurtre. De son côté, la police affirme qu’elle continue Á mener l’enquête.
Personne n’a oublié le viol collectif d’une étudiante de 23 ans Á Delhi en Inde Á la mi-décembre et son décès subséquent Á Singapour lorsqu’ils tentaient de la sauver. Le fait brut est que partout dans le monde, le viol prend de l’ampleur. Des milliers de viol sont commis au quotidien dans les pays riches comme pauvres.
A Madagascar, le service des mÅ“urs et de la protection des mineurs enregistre un viol tous les trois jours. En 2012, sur 1539 plaintes déposées auprès de cette instance, approximativement 30% d’entre elles étaient des viols. Les personnes en difficulté sociale sont les plus touchées par le phénomène Á Madagascar.
Si autrefois elles se taisaient, de plus en plus de victimes sortent de leur silence pour dénoncer ces actes de violence car elles connaissent désormais leurs droits grâce aux nombreuses campagnes de sensibilisation menées Á tous les niveaux.
Contrairement Á d’autres pays, la peine de mort ne s’applique pas Á Madagascar. Le Code pénal ne prévoit que des travaux forcés et une peine d’emprisonnement pour les violeurs. Peines qui pourraient ne pas avoir un effet dissuasif.
Les associations militant pour les droits de l’Homme essaient tant bien que mal de poursuivre leurs efforts dans la lutte contre ce fléau. Mais les victimes restent hélas nombreuses. Le Protocole de la SADC sur le Genre et le Développement dont Madagascar est signataire demande aux Etats membres de réduire la violence envers le genre de moitié d’ici 2015. Cette marche organisée Á l’Université pourrait être le début d’une série destinée Á pressuriser les autorités pour qu’elles durcissent les lois contre les violences faites aux femmes.
Fanja Razafimahatratra est journaliste free lance. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.
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— Gender Links (@GenderLinks) March 5, 2025
Comment on L’Université d’Antananarivo Á Madagascar dit non Á la violence sur le campus