Lutte contre la VBG: les Congolais se mobilisent!

Lutte contre la VBG: les Congolais se mobilisent!


Date: January 15, 2015
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RDC, 14 janvier: Les coutumes des différentes tribus de la République démocratique du Congo ont longtemps écarté la femme de la vie publique et Á  l’accès Á  l’information, la cantonnant Á  la maternité et Á  la cuisine. Ces coutumes rétrogrades ont poussé les femmes Á  rechercher l’émancipation. Chaque période de la vie politique du pays a vu accroître l’engagement des femmes. Actuellement, elles continuent leur lutte et tentent de jouer un rôle important dans la marche de la république, surtout dans l’adoption de différents textes juridiques pour la prise en compte du genre.

Mais hélas, ces lois ne sont toujours pas appliquées. Car cette lutte pour l’émancipation des femmes est longtemps restée une ”affaire de femmes”. Cependant, force est de constater que certains hommes commencent Á  prendre conscience que cette lutte n’est pas que féminine mais aussi la leur, Á  comprendre l’importance d’intégrer la femme dans la vie publique. Ils ont donc rejoint cette lutte. C’est le cas de Congo Men’s Network (COMEN), organisation non gouvernementale qui milite pour les droits des femmes en conscientisant les hommes et les garçons Á  une paternité positive.

Créée en 2010 Á  Goma dans le Nord-Kivu, COMEN apprend aux hommes et aux garçons Á  mener une vie dépourvue de toute violence envers les femmes. Cette ONG aide aussi par moments les femmes Á  réaliser que certains aspects des coutumes du pays ne favorisent pas leur épanouissement. Cette structure citoyenne est dirigée par Ilot Muthaka Alphonse, la trentaine, marié et père de famille.

L’engagement d’Ilot Muthaka Alphonse n’est pas encore bien compris, Á  commencer par sa propre femme. En effet, par rapport Á  la manière dont les Congolaises ont été éduquées Á  voir en l’homme le chef incontesté, elle a du mal Á  comprendre comment son ‘homme s’adonne dans la mesure du possible aux tâches ménagères. ”Une fois, j’ai voulu donner le bain aux enfants avant qu’ils n’aillent Á  l’école mais ma femme me les a littéralement arrachés des mains, tout en me demandant ce que diront les gens”, raconte Ilot Muthaka Alphonse.

L’ambition de créer une structure qui se donne pour mission de promouvoir la masculinité positive lui vient de la manière dont il a été élevé. Il explique que, bien qu’ayant vécu avec son père, sa mère s’est beaucoup investie dans son éducation. C’est ce qui lui a fait comprendre que certaines pratiques coutumières de différentes tribus du pays ne favorisent pas la femme. «Quand une chose est bien faite, c’est l’homme qui est félicité même s’il n’a pas contribué Á  sa réalisation. Mais quand c’est le contraire, la femme est prise pour argent comptant, » s’indigne ce militant de l’égalité des sexes.

COMEN milite également contre le VIH/SIDA et Å“uvre pour l’éradication de la violence en ciblant les hommes et les garçons. Pour cette ONG, la masculinité positive consiste en le fait que les pères s’occupent aussi de l’éducation des enfants au même titre que les mères. Ils encouragent les hommes et les garçons Á  également participer aux travaux ménagers au même titre que les femmes, ce qui, dans beaucoup des familles congolaises, reste un mythe. «C’est amener les pères Á  prendre conscience du rôle qu’ils doivent avoir dans l’existence de leurs enfants,’ explique le directeur de COMEN.

Une bonne paternité pour COMEN se résume Á  une symbiose entre la mère et le père. «On parle de paternité positive quand le père s’implique dans la promotion de la santé et l’éducation de ses enfants. Dans les cas de séparation avec leurs femmes, les maris déclinent souvent leurs responsabilités. Mais nous préconisons dans de tels cas que les hommes, même s’ils sont divorcés, continuent Á  s’occuper de l’éducation de leurs enfants », ajoute ce défenseur des droits des femmes.

COMEN Å“uvre également Á  la mise sur pied d’un réseau national d’hommes acquis Á  la cause de l’égalité des sexes et engagés dans la lutte contre toutes les formes de violence et d’oppression subies par les femmes. Depuis sa création, COMEN travaille avec des hommes en leur apprenant comment se maîtriser pour ne pas être violents envers les femmes et les enfants.

Lors des séances de sensibilisation, les éducateurs de COMEN commencent par faire comprendre aux hommes, leur public cible majeur, ce que prévoient les lois de la République telles que la Constitution de 2006, qui en son article 15, demande aux pouvoirs publics de veiller Á  l’élimination des violences sexuelles et d’autres lois nationales et régionales Á  l’exemple du Protocole de la SADC sur le Genre et le Développement. Les animateurs de COMEN évoquent aussi les conséquences des violences sur les femmes et les enfants. Après ces séances, les hommes rentrent chez eux et mettent en pratique les conseils reçus. Plus des 50 groupes d’hommes, acquis Á  la cause du changement, ont été ainsi créés dans différents villages de la province.

La plupart des femmes, leaders d’organisations féminines, apprécient le travail de titan abattu par COMEN. Pour Eudoxie Nziavake, point focal de la marche mondiale en province du Nord-Kivu, beaucoup d’hommes, surtout dans les coins les plus reculés de la province, commencent Á  adhérer Á  l’idée de l’égalité du genre. Elle estime que ces hommes ont compris grâce aux multiples campagnes de COMEN que les inégalités entre hommes et femmes ne profitent Á  personne. Elle ajoute que le travail de sensibilisation devient plus facile avec l’adhésion des hommes étant donné que ce sont eux qui commettent des violences Á  l’égard des femmes et que par conséquent, ils savent trouver les mots justes avec leurs semblables. «Notre société présente l’homme comme le chef de la famille. De par cette position, il joue un rôle important dans l’élimination de la violence au sein de la famille et de la communauté quand il adhère Á  la cause de la femme et c’est ce que les animateurs de COMEN mettent en avant », ajoute-t-elle.

Nelly Mbangu, coordonatrice d’Aide et Action pour la Paix (AAP) considère COMEN comme «un grand allié ». Grace Á  ses actions dans le Nord-Kivu, un plus grand nombre d’hommes et de femmes comprennent que, de par la loi, les hommes et les femmes sont égaux et ont les mêmes droits.

Gaspard Kasereka, habitant de Goma, explique qu’autrefois, il ne pouvait pas discuter avec sa femme et ne prenait jamais en considération ses opinions de sa femme. Mais après avoir suivi plusieurs sessions avec COMEN, il commence Á  dialoguer avec sa femme, Á  tenir compte de son opinion et réalise que le climat familial est meilleur. «Mes enfants ne me considèrent plus comme un tyran. Chose curieuse, ils ont même commencé Á  se confier Á  moi », dit-il encore incrédule par rapport Á  ce ‘dégel’ familial.

L’action de COMEN se situe en droit fil du Protocole de la SADC sur le Genre et le Développement qui demande l’implication des hommes dans toutes les stratégies d’élimination de violence basée sur le genre.

Evelyne Luyelo est journaliste en RDC. Cet article fait partie du service d’information de Gender Links qui apporte des perspectives nouvelles Á  l’actualité quotidienne.

 


One thought on “Lutte contre la VBG: les Congolais se mobilisent!”

Awa mahamdu says:

Je suis flattée de cette histoire qui longtemps nos tribus et meme maintenant sont à la base du non development de la femme et la fille CE que j ai à dire a cette structure c est de continuer la litter a leur montrant que la femme a aussi UN droit et peut faire mieu plusque CE que culture appelles Simba et sensibiliser meme Dan’s Les enterprise qu Iles sachent l importance de la femme et Elle est UNE tête Elle s y connais c est pas seulement les. Maquillage e t Autre en tout cas bravo je suis tiquée par ceci

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