SHARE:
L’époque est révolue où les pères ne se souciaient guère de l’éducation de leurs enfants et ne s’investissaient pas dans la vie de la famille. Au contraire, de plus en plus de pères malgaches assument leurs devoirs familiaux et vont même au-delÁ du simple fait de subvenir aux besoins de la famille. Mais dans l’absolu, ils restent marginaux.
Jacques Randrianarivelo est un homme qui ne rechigne pas Á faire tout dans la maison. Son emploi du temps professionnel le lui permet. Outre ses responsabilités professionnelles de postier, il est un père qui investit dans ses enfants et un modèle pour la société. Sa femme étant journaliste, il essaie de combler les absences de cette dernière par une présence quasi-constante auprès de ses enfants. «Plusieurs personnes me reprochent parfois d’accomplir des tâches ménagères et d’être aux petits soins avec mes enfants, mais je m’en moque. Tout ce que je sais, c’est que la présence des deux parents est plus que bénéfique pour les enfants, surtout pour les encadrer au niveau éducatif, » souligne-t-il. Il est fier de voir que son fils aîné a eu de brillants résultats Á l’université d’Antananarivo où il fait des études supérieures.
Comme Jacques Randrianarivelo, beaucoup de pères de familles revoient leurs responsabilités familiales. «S’occuper de la famille n’est pas un rôle assigné Á la femme mais le couple doit s’y investir Á fond, », estime la sociologue Faniloniaina.
Rojotiana Andriamahefa, une adolescente d’une vingtaine d’années, s’estime comblée d’avoir un papa qui est capable d’assumer des responsabilités généralement prises par les mères.
«Tous les jours, avant de partir pour le travail, il prépare le petit déjeuner et fait même chauffer l’eau du bain. Tous nos proches le félicitent pour ce dévouement inégalable. Nous sommes gâtés, » explique-t-elle.
Dans de nombreux foyers modernes, de plus en plus d’hommes trouvent leur place dans la cuisine et dans les autres pièces de la maison. En raison de la volonté des femmes de travailler, d’être financièrement indépendantes et d’occuper des postes importants au sein des entreprises, certains pères de famille ne trouvent pas étrange d’avoir Á combler le vide auprès de leurs enfants et même d’effectuer des travaux ménagers.
Selon Rémi Michel Rakotorahalahy, enseignant et père de six enfants, il est normal que les rôles au sein des familles se modifient aussi Á Madagascar. « La limitation de naissances amène l’égalité entre garçons et filles. Les hommes sont de plus en plus convaincus de l’importance d’encadrer leurs enfants, en particulier en matière d’éducation. »
L’autre changement noté est que les pères ont tendance Á faire des préférences marquées pour leurs filles. «Les pères modernes accordent un traitement égal Á leurs garçons comme Á leurs filles mais parfois, les filles sont plus chouchoutées, » remarque Faly Randria qui partage des moments complices avec ses deux filles.
Le professeur Roger Rabenilaina, enseignant et linguiste souligne que les pères modernes doivent respecter les droits de leurs enfants. « Même si le problème d’égalité du genre n’a pas été évoqué, l’éducation des filles et des garçons est une chose qui doit être automatiquement assurée ».
Valson Randriamanalina, un quinquagénaire raconte que c’est un plaisir pour sa famille de le voir devant les fourneaux. Pour lui, un homme moderne doit donner l’exemple tant Á ses enfants qu’Á la société.
Les femmes sont sceptiques par rapport au phénomène des pères modernes Á Madagascar. «Les pères modernes sont marginaux car je crois que le poids des traditions pèse lourd, » estime Mbola Ranaivomanana, jeune maman. «Les hommes sont tellement absorbés par le travail et parfois par une maîtresse qu’ils s’éloignent de la famille ».
Nirina Ranaivoson, un formateur en leadership féminin, soutient pour sa part que l’homme moderne doit participer pleinement Á l’éducation des filles comme des garçons et Á tous les niveaux. Pour cela, pense-t-il, les pères doivent être disponibles.
L’égalité du genre tel que prôné par le Protocole de la SADC demande un même traitement pour les filles et les garçons et Á tous les niveaux. Cela devrait commencer au sein de la famille.
Fanja Razafimahatratra est journaliste en freelance Á Madagascar. Cet article figure dans la série spéciale sur les pères exceptionnels du service de commentaires et d’opinions de Gender Links. Service qui apporte des perspectives nouvelles Á l’actualité quotidienne.
Comment on Madagascar compte aussi des pères exceptionnels