Madagascar : Hommes et femmes, ensemble dans l’exode urbain

Madagascar : Hommes et femmes, ensemble dans l’exode urbain


Date: August 23, 2015
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Antananarivo, 23 aoÁ»t: Démarrer une nouvelle vie semble parfois impossible surtout quand on a perdu la majeure partie de ses biens. Des milliers de familles malgaches ont accepté de quitter la capitale Antananarivo pour rejoindre une “terre promise” dans l’optique de prendre un nouveau départ.

Deux sites communautaires accueillent actuellement des personnes déplacées. Le premier constitue un nouveau village créé par l’association Hafari Malagasy tandis que l’autre héberge 110 nouvelles familles anciennement sinistrées lors du passage des derniers cyclones. Tous deux, situés sur la route nationale 4 (qui mène vers la partie Ouest de l’île) n’ont qu’un seul et même but: l’exode urbain. Ce concept est le fruit de la vision de l’association susmentionnée présidée par Jean Nirina Rafanomezantsoa. Il a baptisé le nouveau village du point kilométrique 67 de «Soaniadanana » car c’est le Canaan ou la Terre promise pour ceux qui désirent s’approprier un terrain, avoir une nouvelle maison et commencer un nouveau business. Le projet consiste Á  créer un nouveau village voire une nouvelle ville dans le but de donner aussi une nouvelle chance aux familles qui veulent s’approprier un terrain titré et borné mais Á  moindre coÁ»t de démarrer une nouvelle vie mais loin de la capitale. 4 500 familles environ s’y installent déjÁ  et comptent faire fructifier leurs activités pour assurer l’économie du village et la subsistance de chaque famille. L’association a fait son possible pour l’électrification du village et la lumière illumine déjÁ  les foyers.

« Des familles nous faisaient part de leurs problèmes par rapport Á  un litige foncier, de la violence conjugale, l’insalubrité ou encore le chômage. Nous avons ainsi décidé de lutter contre les inégalités sociales en valorisant les différentes ressources dont Madagascar dispose, Á  savoir les terres. La création de cette nouvelle ville permettra Á  chaque famille de vivre dans la solidarité, de gagner décemment de l’argent et d’être Á  l’affÁ»t de la mondialisation », avance-t-il. Jean Nirina Rafanomezantsoa explique que l’État a échoué dans son programme de déplacement, de relocalisation et de création d’une nouvelle ville parce qu’il a privilégié les hauts fonctionnaires et ceux qui ont les moyens. D’où la nécessité d’appliquer l’exode urbain afin que tous les Malgaches deviennent des propriétaires terriens Á  part entière.

Fafah Andriamanantena, pâtissière, raconte que l’existence de Soaniadanana est une opportunité en or pour ele. « Nous habitons le quartier d’Antohomadinika, un quartier bas sis dans le premier arrondissement de la Commune urbaine d’Antananarivo. Nous avons d’abord adhéré Á  l’association pour pouvoir profiter de ses offres. Nous avons ensuite soumis notre demande et sommes parmi les bénéficiaires Á  l’issue d’un premier tirage au sort. Nous allons enfin pourvoir nous détacher de nos frères et sÅ“urs afin de préserver notre intimité », déclare-t-elle.

Pour le moment, la famille Andriamanantena se consacre sur la construction et la finition de sa future demeure et restera Á  Antohomadinika. Elle fera en sorte de passer les week-ends Á  Soaniadanana pour surveiller les travaux. Si les parents réussissent Á  rentabiliser leurs activités génératrices de revenus, la famille déménagera dans le nouveau village et poursuivre ce qu’elle a commencé.
L’association Hafari Malagasy oriente les familles vers l’agriculture et l’élevage afin de leur assurer l’autosuffisance alimentaire et c’est aussi pour l’économie de marché. Elle applique ce modèle dans des villes comme Antsiraben, Toamasina et Antananarivo. De nouveaux morcellements résidentiels seront créés dans les villages de Betsizaraina (une localité Á  l’Est d’Antananarivo), Andramasina (un district au Sud de la capitale), Imerintsiatosika et Soavinandriana (deux communes rurales dans le Moyen-ouest).

Le second site communautaire se trouve dans la localité d’Andranofeno Sud Á  135 kilomètres d’Antananarivo dans le district d’Ankazobe. Le ministère de la Population a choisi cet endroit pour abriter les familles pauvres de La Réunion Kely, secteur des sans-abri et des sans-papiers Á  l’origine. Les familles impliquées dans l’exode rural n’ont jamais songé Á  revenir chez elles car elles pensaient qu’en ville, elles trouveraient le bonheur. Mais c’est le contraire qu’elles ont trouvé, c’est-Á -dire la précarité et les difficultés.

Puis, les cyclones se sont succédé entraînant des crues qui ont inondé les habitations. Des sinistrés et des sans-abri ont fui l’humidité et sont sortis de toutes parts pour rejoidre la terre ferme. Le gouvernement a alors prévu un site d’hébergement temporaire Á  Andohatapenaka. Les eaux se sont retirées et quelques familles ont regagné leurs foyers tandis que d’autres ayant tout perdu ne savaient pas où aller. Le ministère de la Population, de la protection sociale et de la promotion de la femme leur a suggéré un déplacement et une relocalisation hors de la capitale.

Dans le site communautaire d’Andranofeno Sud, les anciens sinistrés et sans-abri ont habité sous des tentes. Le ministère de la Population leur a fourni des matériaux de construction permettant Á  chaque chef de famille de bâtir sa propre maison. La famille de Benjamin Razafindrainibe figure parmi les nouveaux venus Á  Andranofeno Sud. «Nous habitions le fokontany de Firarazana près d’Anosizato, un fokontany au Sud de la capitale. Nous avons déménagé en ville pour délaisser l’agriculture en espérant trouver mieux. Mais le destin en a décidé autrement. Maintenant que le ministère nous promet un lopin de terre et une habitation en dur, nous allons revenir Á  nos anciennes activités », explique le père de famille. Sa femme Faratiana Ravoniarisoa ajoute que la famille va désormais se consacrer Á  la riziculture, Á  la culture de manioc, de légumineuses et Á  l’aviculture. « Nous allons aussi pouvoir scolariser nos enfants dans un établissement public sur place pour qu’ils aient un meilleur avenir », ajoute la mère de trois enfants.

Le président de la République, Hery Rajaoanarimampianina, a profité de la célébration de la Journée mondiale de la population pour réconforter ces familles en leur assurant qu’elles sont une lueur d’espoir dans la lutte contre la pauvreté. « Ensemble, nous allons vaincre la précarité afin de bâtir une société moderne et prospère. Les infrastructures mises en place dans ce village communautaire vous permettront d’avoir une meilleure qualité de vie, loin des péripéties des grandes villes », a-t-il précisé.

Madagascar qui a signé le Protocole de la SADC sur le Genre et le Développement s’efforce de tout mettre en Å“uvre pour que les femmes et les hommes puissent vivre dignement et équitablement. Ce projet est en ligne avec ce Protocole.

Farah Randrianasolo est journaliste Á  Madagascar. Cet article fait partie du service d’information de Gender Links qui apporte des perspectives nouvelles Á  l’actualité quotidienne.

 


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